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Historiquement correct Chers et fidèles lecteurs, lorsque la rédaction du
Bastion m’a demandé de m’associer à la célébration du centième
anniversaire de la naissance de George Orwell, j’ai été un peu embarrassé[i].
Il me semblait que les journaux commémoreraient largement l’événement à
l’approche de l’été et qu’il y aurait peu à ajouter à un sujet,
apparemment, consensuel. Or,
quelle ne fut pas ma surprise de constater, l’automne venu, que la grande
majorité de la presse francophone avait, tout simplement ignoré
l’anniversaire, passant sous silence l’œuvre et la vie de l’un des plus
grands auteurs anti-totalitaires. Parmi les rares journaux à l’avoir évoqué,
il y eut le quotidien parisien Libération. Encore, était-ce pour le
calomnier. Ce journal a
en effet, dans son édition du 25 juin[ii],
accusé Orwel d’avoir, pendant la guerre froide, dénoncé des
auteurs communistes auprès de l’Intelligence Service. Pourtant,
ce mensonge avait été démonté peu après son invention (1996) par un
journaliste du Guardian en mal de scoop. Celui-ci avait intentionnellement déformé
un passage d’une lettre d’Orwell, à l’une de ses amies, pour avancer une
thèse aussi sensationnelle qu’absurde. Une brochure, parue aux éditions Ivréa
(George Orwell devant ses calomniateurs, 1997), a d’ailleurs mis à
jour les rouages de la supercherie. Sept ans après, on peut se demander
pourquoi Libération l’a relancée ? Avant
de répondre à cette question, on donnera un aperçu du ton de l’article de Libération
en citant les cinq qualificatifs retenus pour dépeindre Orwell : négligé,
mauvais en chimie, dépassé, invalide et collabo. Avec ce florilège,
à la Khmer-rouge, on voit tout de suite dans quel registre on se place :
celui de l’attaque ad personem et non celui du débat d’idées.
D’ailleurs, on chercherait en vain, dans cet article, la moindre analyse sur
les idées d’Orwell et son apport à la sociologie politique. Ainsi
se dévoilent les vrais motifs de la calomnie : elle vise à jeter le discrédit
sur un auteur et, au-delà, à effacer de la mémoire collective son œuvre,
devenue politiquement incorrecte. Une relecture d’Orwell risquerait, en effet,
de conduire à une prise de conscience collective du glissement progressif de
nos systèmes politiques vers un totalitarisme de type post-soviétique. Ainsi,
s’éclairent les silences et les diffamations de la presse officielle. Ils
traduisent un raidissement du système confronté à la montée des
contradictions qu’il génère. C’est
ici que la critique orwellienne prend tout son sens. Elle nous enseigne que
lorsque la réalité ne correspond plus au discours politique, les dirigeants -
d’un système totalitaire - la recomposent par la manipulation de
l’information et la réécriture de l’histoire. Les deux phénomènes sont
liés, car le présent découle du passé. Il faut donc modifier l’un et
l’autre pour empêcher toute critique du régime de se manifester. : « Le changement du passé est nécessaire
pour deux raisons […] le prolétaire, tolère les conditions présentes parce
qu’il n’a pas de point de comparaison. Il doit être coupé du passé […]
La plus importante raison qu’à le Parti de réajuster le passé est, de loin,
la nécessité de sauvegarder son infaillibilité […] C’est aussi que le
Parti ne peut admettre un changement de doctrine ou de ligne politique. Changer
de décision ou même de politique c’est un aveu de faiblesse […] Aussi
l’histoire est-elle continuellement réécrite. Cette falsification du passé,
au jour le jour […] est aussi nécessaire à la stabilité du régime que le
travail de répression ou d’espionnage […] La mutabilité du passé est le
principe de base de l’Angsoc. Les événements passés, prétend-on, n’ont
pas d’existence objective et ne survivent que par les documents et la mémoire
des hommes. Mais comme le parti a le contrôle complet de tous les documents […]
il s’ensuit que le passé est ce que le Parti veut qu’il soit »[iii]. En
ce qui concerne le présent, il suffit d’ouvrir un poste de télévision ou de
radio pour se rendre compte que les sujets qui fâchent (lorsqu’ils sont traités)
sont systématiquement altérés. L’immigration devient envahissante et échappe
à tout contrôle ? On chante les mérites de la société multiculturelle !
Le chômage de masse se développe ? On dénonce la mondialisation !
La délinquance d’origine étrangère augmente ? On condamne le racisme
des Belges ! La dénatalité s’accentue ? On prône l’importation
de multitudes afro-musulmanes. Cette
agit-prop, de tous les instants, montre que, pour l’actualité, on est déjà
entré de plain-pied dans l’univers dénoncé par Orwell. Mais qu’en est-il du passé ? Est-il, lui aussi, touché par le
principe de mutabilité énoncé dans 1984 ? Jean Sévilla répond
à cette question dans son essai : « Le politiquement correct quand il puise ses images
dans l’histoire n’a que faire [de la chronologie et des faits]. Au gré des
slogans il joue des époques et des lieux ressuscitant un phénomène disparu ou
projetant dans les siècles antérieurs une réalité contemporaine. Jugeant le
passé au nom du présent, l’historiquement correct traque le racisme et
l’intolérance au Moyen Age, le sexisme et le capitalisme sous l’Ancien Régime,
le fascisme au XIXe siècle. Que ces concepts ne signifient rien hors
de leur contexte importe peu : médiatiquement l’anachronisme est payant.
Ce n’est pas le monde de la science, mais de la conscience ; ce n’est
pas le règne de la rigueur mais de la clameur ; ce n’est pas le règne
de la critique mais de la dialectique. C’est aussi et surtout le règne du
manichéisme […] il réduit tout à l’affrontement du Bien et du
Mal. Mais un Bien et un mal réinterprétés selon la morale d’aujourd’hui
[…] Des personnages, des sociétés entières sont ainsi diabolisées.
Toutefois ils ne forment qu’un leurre. Ce ne sont pas eux qui sont visés :
par procuration c’est nous. »[iv] Nécessairement,
la pensée unique conduit au mensonge permanent : « Chaque
jour, des spécialistes qui ont consacré des années à tel ou tel sujet
subissent l’épreuve de découvrir, au hasard d’un article de journal,
d’une émission de radio ou de télévision des contrevérités flagrantes ». A
partir de ce constat, Sévilla entreprend de rétablir la vérité sur une période
allant du Moyen Age à la décolonisation. En cela, il nous offre une véritable
cure de désintoxication idéologique. Bien que le livre soit axé sur
l’histoire de France, le lecteur belge retrouvera aisément son passé perdu
au travers de plusieurs thèmes. Parmi eux, on en retiendra trois : les
croisades, l’islam et la traite des esclaves. Sur
ces trois thèmes, Sévilla a le courage de remettre les idées à l’endroit.
A propos des croisades, l’auteur souligne justement qu’elles sont une réaction
à l’expansion militaire de l’islam : « Partis à la conquête du monde pour répandre la
foi de Mahomet, les Arabes prennent la Palestine en 638. Les Chrétiens de
Palestine sont tolérés. Cependant, ils sont réduits à la condition de dhimmi :
moyennant le port de signes distinctifs et le paiement d’un impôt spécial,
la djizya, ils sont autorisés à pratiquer leur culte. Mais il leur est
interdit de construire de nouvelles églises, ce qui, à terme, les condamne.
[…] Au début du XIe siècle, la situation se tend. Les chrétiens
qui servent dans l’administration du califat sont forcés de se convertir à
l’islam. En 1009, le calife El-Hakim ouvre la persécution et fait détruire
le Saint-Sépulcre […] Bientôt des nouveaux envahisseurs se répandent sur la
Palestine : les Turcs. En 1078, les Seldjoukides s’emparent de Jérusalem.
A partir de cette date les pèlerinages deviennent extrêmement périlleux, puis
ils s’interrompent. Effectuer un pèlerinage, pour un chrétien du Moyen Age
est un acte de courant [de foi et de repentance]. Alors ne plus avoir la
possibilité de se recueillir sur le tombeau du Christ, ce n’est pas
supportable. La croisade répond en premier lieu à une exigence morale et
pratique délivrer les lieux Saints. » Dans
ce chapitre, l’auteur tord le cou à plusieurs autres idées reçues (des
historiens marxistes). Notamment celle selon laquelle les croisades auraient été
inspirées par l’appât du gain. Dans les faits, la chevalerie occidentale
s’est ruinée dans l’aventure. Il dénonce, aussi, la vision idéalisée
du djihad : « Le djihad prétend Cécile Morisson ne débouche
pas comme la croisade sur le choix entre la conversion ou la mort offerts aux
musulmans vaincus… contrebalançons cette vision idyllique par le récit de la
prise de Jérusalemn rédigé par Imad ad-Din, secrétaire de Saladin :
‘’ On marchait pour passer la bride à Jérusalem devenue rebelle ;
pour y faire taire le bruit des cloches chrétiennes et retentir l’appel
islamique à la prière, pour que les mains de la foi en chassent celles des
infidèles, pour la purifier des salissures de leur race, des ordures de
cette humanité inférieure, pour réduire leur esprit au silence en
rendant muant leurs clochers’’. » On
appréciera la citation marquée au fer de l’islam christianophobe. Celle-ci
nous permet d’aborder un second thème du politiquement correct : le
mythe de la tolérance musulmane en Andalousie : « Dépeindre l’Espagne musulmane comme un modèle
de coexistence pacifique relève de la fable. La légende, observe Manuela
Martin, a imprégné le discours politique et est devenue un argument rhétorique
commode pour affirmer le caractère bienfaisant de l’ouverture aux autres
cultures. Mais le mythe fonctionne précisément parce que, aujourd’hui,
on en a besoin. » Là
est la vraie raison, c’est bien parce que l’islam est foncièrement intolérant
et guerrier, qu’il nous est présenté au travers du concept noirblanc
cher à Orwell. Aussi, nous répète-t-on à l’envi qu’il est une religion d’amour
et de paix (La guerre c’est la paix, 1984) afin d’anesthésier la
conscience historique et les capacités des Européens colonisés. De
la même façon on instrumentalise l’esclavage pour nous faire accepter
l’immigration massive des sub-sahariens. Or, dans ce domaine comme dans bien
d’autres, les Européens n’ont pas plus de raisons d’être culpabilisés
que les Arabes ou les sub-sahariens eux-mêmes : « A son apogée la traite (des esclaves) n’était possible qu’avec
la complicité des potentats noirs et des marchands d’esclaves qui vendaient
leurs frères de couleur. Mais ils n’avaient pas attendu les Européens pour
se livrer à ce commerce. La traite des noirs remonte à des temps immémoriaux.
Pendant plusieurs siècles durant, elle a alimenté l’Afrique du Nord et le
Proche-Orient, à l’instigation et au profit des pays musulmans. […] En dix
siècles, les Arabes auront ainsi déporté 12 millions de Noirs. » C’est
même à la gloire des Européens d’avoir mis un terme à cette pratique et
plus particulièrement à Léopold 1er.
Celui-ci, en souverain catholique, a été particulièrement sensible aux
appels du Cardinal Lavigerie chef de l’église d’Afrique. : « Si un voyageur raconte-t-il à Bruxelles, perd la
route qui va de l’Afrique équatoriale où se vendent les esclaves, il peut
aisément la retrouver par les ossements dont elle est bordée… Deux millions
de créatures disparaissent par an [du fait des Arabes]. C’est la destruction
de tout un continent… L’appel du cardinal Lavigerie sera entendu.
Le 18 novembre 1889, à Bruxelles, le roi des Belges accueille les représentants
de seize gouvernements réunis pour déterminer les mesures à prendre en vue de
réprimer la traite des esclaves. » Ce qui nous amena à l’inévitable confrontation
avec les Etats musulmans. Cet épisode de notre histoire nationale est commémoré
par le monument sis dans le parc du cinquantenaire, qui fait régulièrement
l’objet des attaques de la mosquée et des lobbies islamophiles. Gageons que
d’ici quelques années, il sera retiré parce qu’historiquement incorrect…
A moins que nos compatriotes retrouvent le goût de la vérité et parviennent
à se désintoxiquer de cinquante ans de mensonges crypto-marxistes et de
propagande néo-trotskiste. Pourtant
la cure est simple. Il suffit, à l’image du héros d’Orwell, Winston, de se
répéter : A bas Big Louis, A bas Big Louis et le Belgsoc !
Et tout peut arriver, même la chute de la dictature multiethnique et
multiculturelle.
Voir également à propos de George Orwell: [i]
Orwell est né le 25 juin 1903. [ii]
Libération, Frédérique Roussel, Les parts d’ombre de George Orwell, édition
du 25 juin 2003. [iii]
George Orwell, 1984, Folio, pp. 302-303. [iv]
Jean Sévilla, Historiquement correct, Perrin, 2003, pp.12-13.
(Bastion n°76 de décembre 2003) |