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A propos de l’Enseignement...

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L’enseignement en Belgique francophone est l’un des plus mauvais des pays de l’OCDE, alors qu’il est paradoxalement l’un des plus coûteux. L’enseignement en Flandre est beaucoup meilleur et moins onéreux: il est donc plus efficace et plus efficient. Pas besoin de réinventer le fil à couper le beurre: inspirons nous donc des solutions adoptées là où l’enseignement est le meilleur (Finlande, Flandre, Canada….) et renonçons aux idéologies égalitaristes fumeuses, qui guident les innombrables réformes de notre enseignement. Il est significatif à ce propos de constater qu’avant l’introduction du « rénové », notre enseignement jouissait d’une excellente réputation.

L’école doit déceler les meilleurs talents, quelle que soit l’origine sociale, et développer ceux-ci au maximum de leurs possibilités. L’école a donc une mission de sélection: ceci hérisse bien entendu les égalitaristes. Ce ne sont pas les cancres qui font progresser la société, mais les génies et les surdoués. Actuellement, seuls les surdoués de la bourgeoisie ont une chance. Les autres sont brimés et gaspillés : il y a pourtant beaucoup de génies en herbe parmi les enfants défavorisés. C’est un véritable gaspillage social et intellectuel.

L’émulation entre élèves est un moyen éprouvé de stimuler au travail et à l’effort. En mettant un cancre et un génie dans la même classe, on démotive le cancre et on encourage le génie à la paresse. La solution est de créer des classes de niveau aussi homogènes que possible. Cela encourage la compétition au sein des diverses classes et permet aux professeurs d’adopter une pédagogie mieux adaptée à la classe. Le résultat final est bien meilleur, même pour les classes faibles.

L’éducation doit cesser de se disperser et se concentrer sur les axes suivants :

  • La socialisation de l’enfant (communication, activités en groupe…).

  • L’effort individuel et la discipline.

  • L’apprentissage d’outils de communication (langue maternelle et langues étrangères).

  • L’apprentissage du maniement des symboles (calcul, mathématique, logique…).

  • L’acquisition d’une culture générale de référence (Histoire, géographie, sciences).

La communication sociale est un élément essentiel. Elle se fonde sur une bonne socialisation des individus (esprit d’équipe, collaboration, discussion…) et sur des capacités linguistiques poussées. Sans renoncer à la compétition individuelle, il faut créer une solidarité de groupe : cela ne peut se faire que par des efforts communs, des sports d’équipe et du travail en groupe.

Quant aux capacités linguistiques, elles sont fondamentales. Il faut atteindre le plus rapidement possible une connaissance approfondie et précise de la langue maternelle : grammaire, orthographe, style, précision du langage oral et écrit. De plus, il faut une initiation, aussi jeune que possible, à d’autres langues étrangères : néerlandais et anglais sont un minimum. L’effort linguistique sera mis sur la pratique : stages d’échange, immersion totale, cours par des natifs.

La discipline est un élément fondamental de l’enseignement. Elle doit être adaptée à l’âge et aux circonstances. La discipline doit être stricte, rigide et formelle au début, pour évoluer progressivement avec l’âge vers une auto-discipline et une autonomie intégrée dans les structures sociales. L’ordre et le respect dans les écoles sont un gage d’efficacité : l’énergie et la motivation des professeurs doivent être consacrés à la formation des esprits et à la transmission du savoir, pas à faire régner l’ordre dans les classes. Les élèves difficiles ou délinquants doivent être regroupés, de manière à ne pas perturber les autres élèves et à bénéficier d’une pédagogie adaptée.

L’apprentissage se fonde sur trois techniques: la mémoire, la compréhension et la répétition. Acquérir des connaissances ne peut se faire sans mémoire. Il importe donc d’exercer la mémoire pour la mémoire: diverses méthodes existent, elles ont fait leurs preuves. Mais il ne sert à rien de former des perroquets. La compréhension facilite la mémoire, mais en outre la complète. Les mécanismes de compréhension, une fois acquis permettent leur projection dans d’autres situations inconnues et mènent à la véritable créativité. La répétition enfin, par ses cycles d’acquisition et d’oubli, permet l’assimilation au fond de l’inconscient et vise la formation de l’esprit à long terme.

L’avenir appartient aux manipulateurs de symboles (Robert Reich). Des cours de logique doivent être donnés dès que la langue maternelle est bien maîtrisée. Le langage mathématique est le langage symbolique et abstrait par excellence. Il est l’un des fondements de la logique. Il faudra cependant éviter un enseignement aride et impersonnel, mais tenter une approche imagée, amusante et illustrée d’exemples pratiques. La motivation est en effet essentielle en la matière. Il faudra aussi être particulièrement attentif au rythme d’enseignement et déceler immédiatement les décrochages. Dans ce domaine, le moindre « trou » entraîne l’incompréhension, la démotivation et le décrochage irréversible.

Le principe de l’enseignant évaluateur n’est pas sain : l’enseignant évalue en partie son propre travail. Il y a donc une forte tentation à être moins exigeant au niveau des cotations, ce qui peut entraîner une dévaluation des diplômes. Il faut donc des évaluations externes régulières, et notamment au moment de la délivrance des diplômes. Une telle réforme doit être couplée avec l’autonomie pédagogique et une gestion par objectifs.

Les diplômes sont un ticket d’entrée pour l’emploi. Il importe donc qu’ils soient sérieux, fiables et constituent une bonne garantie pour un futur employeur. D’autre part, des diplômes au rabais sont une source de gaspillage pour la société et de frustration pour leurs détenteurs : ils croient avoir un bon diplôme et se lancent dans des programmes où ils n’ont aucune chance de réussir. Si la sélection ne se fait pas sur base du diplôme, elle se fait sur base d’autres critères tels que l’origine sociale, l’apparence physique, les appuis politiques, ce qui est totalement injuste et peu efficient.

La valorisation et la motivation des enseignants passe par la confiance et le respect qu’on leur porte. Leur autorité doit être respectée et soutenue par la hiérarchie et les autorités. Les charges administratives doivent être allégées. Il faut une meilleure mobilité des professeurs vers d’autres emplois, de manière à leur permettre de se ressourcer et d’acquérir d’autres expériences enrichissantes.

Un seul ministre de l’éducation et de l’enseignement est plus que suffisant : cela coûtera beaucoup moins cher et permettra une vision globale du système éducatif. Il faut également une stabilité des responsables politiques, de manière à permettre des politiques cohérentes sur le long terme.

Il faut encourager le travail des élèves à domicile. Permettre un encadrement après les classes, pour les devoirs personnels et surveiller les enfants jusqu’à ce que les parents rentrent de leur travail. Stimuler et encadrer les enfants surdoués provenant des classes défavorisées. Il faut enfin encourager le travail personnel et l’apprentissage autonome : lorsqu’ils auront quitté l’école, les élèves devront être capables de se perfectionner et de suivre la progression des connaissances toute leur vie.

Un refinancement de l’enseignement supérieur et universitaire s’impose. Accès gratuit à tous les élèves surdoués. Intensification des programmes d’échange internationaux au sein de l’Europe. Refinancement de la recherche universitaire. La recherche est le meilleur moyen de générer de la croissance économique, de créer des emplois et de générer du bien-être. La recherche doit se faire tant en milieu universitaire qu’extra universitaire.

François-Xavier ROBERT

 

 

(Bastion n°81 de mai 2004)

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