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Le droit de vote facilite-t-il l’intégration ?

 

1. L’intégration : définition

 

En sociologie, selon Parsons, l’intégration constitue une des fonctions du système social, assurant la coordination des diverses fractions de celui-ci, pour assurer le bon fonctionnement de l’ensemble. On dira d’une société qu’elle est intégrée si elle possède un haut taux de cohésion sociale.

En psychologie sociale, l’intégration s’exprime par l’ensemble des interactions entre les membres, provoquant un sentiment d’identification au groupe et à ses valeurs.

 

 

Un immigré doit être considéré comme intégré si ses relations et affinités avec les composantes de la société d’accueil ont atteint ou dépassé le niveau de ses relations avec sa communauté d’origine, s’il s’identifie à sa communauté d’accueil plutôt qu’à sa communauté d’origine, en partage les valeurs et les projets de société. Et enfin s’il est accepté par les membres de la communauté d’accueil comme un des leurs.

 

 

Nous en concluons concrètement que pour être intégré il faut :

  • Pouvoir communiquer avec les autres membres de la société d’accueil, il faut donc parler correctement la (ou une) langue. Idéalement, il faudrait également savoir lire et écrire.

  • Entretenir (au moins potentiellement) des relations sociales positives avec les membres de la société d’accueil.

  • Connaître et partager les valeurs essentielles de la société d’accueil et ses objectifs.

  • Perdre les habitudes, comportements et signes distinctifs de la communauté d’origine et adopter ceux de la communauté d’accueil.

  • S’identifier à la communauté d’accueil de préférence à sa communauté d’origine.

 

2. Attitude des Belges face au vote

 

Il ne faut pas avoir une vision angélique de l’électeur moyen. Une bonne part des Belges ne votent que par obligation. On peut regretter ce constat, mais c’est un fait avéré.

Exercer son droit (devoir) de vote implique des coûts. D’abord en temps. Ensuite en déplacement. Enfin, en information : si l’on veut exercer son droit de vote de manière responsable, il faut s’informer. Et s’informer demande des efforts, cela prend du temps et coûte de l’argent. Une personne rationnelle n’est disposée à exposer de tels coûts que si elle y trouve avantage et si cela répond à ses besoins.

Certains vont voter parce qu’ils estiment avec raison que c’est leur devoir de citoyen : ne pas exercer ce devoir leur poserait un réel problème de conscience et les mettrait mal à l’aise. Il faut cependant constater avec regret que les Belges qui se comportent de la sorte deviennent de plus en plus rares [en dehors de la bourgeoisie et des intellectuels.]

Les motivations de la plupart des électeurs sont hélas très triviales. Pour la majorité des électeurs, il ne s’agit en rien de voter pour des idées, pour la personne la plus compétente ou le bien commun. Les déterminants principaux de l’électeur moyen sont en réalité:

a)      Le clientélisme.

b)      Le conformisme.

c)      L’aptitude à défendre les intérêts de la catégorie socio-professionnelle à laquelle on appartient.

 

On trouve bien entendu d’autres déterminants, mais ceux-ci sont heureusement secondaires. Il y a par exemple le sexe : nombre d’électeurs – femmes ou hommes – votent systématiquement pour des personnes d’un sexe déterminé, en général féminin, ce qui explique que toutes choses étant égales, les femmes font de meilleurs scores que les hommes. Il y a encore l’aspect physique. Un aspect physique avantageux, ou une photo avantageuse, peuvent susciter le vote de certains électeurs, en général masculins. Enfin, ne négligeons pas les mouvements d’humeur en fonction de l’actualité du jour…

 

a. Le clientélisme

 

Le déterminant principal – surtout auprès des personnes peu instruites – est le clientélisme : on récompense le politicien qui vous a trouvé un logement social ou qui vous a obtenu des allocations sociales. Ou encore, on vote pour un politicien que l’on connaît et qui est susceptible de fournir une aide en cas de besoin : s’il est réélu, il sera disponible pour vous aider si cela s’avère nécessaire. Dans une telle optique, on comprend que la moralité ou la compétence du politicien concerné n’a guère d’importance : ce qui compte, c’est sa disponibilité à toute sollicitation et son efficacité à résoudre les problèmes individuels.

 

Il n’y a aucune raison que l’immigré, ou le Belge de fraîche date, raisonne autrement que le Belge de souche.

 

Au contraire, l’immigré – au sens où on l’entend généralement – est souvent pauvre, peu instruit et donc particulièrement sujet au clientélisme politique. Il est très souvent venu en Belgique attiré par les avantages sociaux et par un cadre de vie plus intéressant que dans les pays du tiers-monde. L’immigré est en fait, suivant les normes du pays d’accueil, un nouveau prolétaire[1].  Le prolétaire arrivé du tiers-monde est la victime idéale du clientélisme politique, mais seulement dans la mesure où il peut voter pour celui qui lui a obtenu des avantages ou allocations. Dans une telle logique, s’il ne peut voter, il n’y a pas de raison de l’aider !

 

Il n’est dès lors pas étonnant que la gauche soit favorable, d’une part à l’immigration, et d’autre part, au droit de vote des extra-européens. On estime en effet que 85% des Français issus de l’immigration votent à gauche. Pourquoi en serait-il autrement en Belgique ? En facilitant l’immigration et le vote d’origine immigrée, la gauche renouvelle et agrandit son vivier électoral. Elle se créée une clientèle électorale moins exigeante que les Belges de souche. C’est particulièrement le cas des socialistes, rodés depuis bien longtemps au clientélisme électoral et disposant, plus que les autres, de relais politiques dans l’administration pour mener une politique de cadeaux électoraux.

 

b. Le conformisme

 

Pour les personnes qui ne sont guère sensibles au clientélisme, les coûts d’information exigés par un vote responsable sont souvent jugés trop élevés. Ils sont d’autant plus élevés que les institutions sont complexes et le jeu politique sophistiqué. Or ce n’est un secret pour personne qu’en Belgique nous nous trouvons exactement dans ce cas de figure : beaucoup d’électeurs ne comprennent rien à la politique et s’en désintéressent.

 

L’électeur se raccroche alors à l’avis d’une personne informée, ou qu’il juge telle, à tort ou à raison. De nombreux électeurs s’en remettent ainsi à une connaissance pour se déterminer.

Le cercle familial est ainsi souvent déterminant. On peut citer également les relations de travail (délégués syndicaux…), voire même de club sportif ou de sorties.

 

Il n’y a évidemment aucune raison qu’il en soit autrement pour l’immigré. Au contraire, le phénomène risque d’être encore plus accentué que chez les Belges dans la mesure où ils sont moins bien informés que la moyenne des Belges et que la recherche de l’information leur est plus difficile (problèmes de langue, coût des journaux, contact récent avec nos institutions…).

 

La plupart des immigrés fréquentent en général des compatriotes ou des coreligionnaires. Ils sont souvent encadrés par des organisations religieuses ou ethniques qui les aident dans leurs contacts avec les autorités et institutions belges. Il est donc normal qu’ils s’en remettent à ces organisations ou ces intermédiaires pour déterminer leur vote.

 

L’immigré peu intégré ou mal informé va donc voter selon des consignes. Il n’aura en général pas d’autre choix : la politique belge est extrêmement complexe et il lui est particulièrement malaisé de se faire une opinion propre. Il prendra donc des consignes

·   chez des immigrés de même origine ethnique, qui se sont lancés dans la politique belge, ou leur proche entourage. C’est d’ailleurs la raison première pour laquelle la plupart des partis font figurer sur leurs listes des candidats d’origine étrangère. Et cela se traduit clairement par un vote de type ethnique : les Turcs votent pour des Turcs d’origine, les Marocains pour des Marocains d’origine, ou certainement pour des musulmans.

·   Auprès des politiciens belges qui se sont livrés au clientélisme politique, en général des politiciens de gauche, et plus particulièrement les socialistes.

·   Auprès du secteur associatif à tendance sociale, largement sur-représenté à gauche (assistants sociaux, syndicats, mutuelles, asbl sociales…)

·   Auprès de leur imam, ou des associations de même origine ethnique ou religieuse.

Il n’est donc pas étonnant que les votes se portent essentiellement sur des candidats de gauche et plus particulièrement de même origine ethnique ou religieuse. 

 

c. La défense de la classe socio-professionnelle

 

C’est une banalité que de dire que la gauche défend avant tout les intérêts du prolétariat (allocataires sociaux et faibles revenus). Et de constater que la droite, et les « libéraux » défendent plutôt les intérêts des classes productives de notre société.

 

Or dans quelle catégorie faut-il classer les immigrés, et particulièrement ceux qui éprouvent des problèmes d’intégration ? Dans le prolétariat et parmi les allocataires sociaux, évidemment. La plupart des étrangers qui possèdent un statut socio-professionnel élevé n’émigrent pas en Belgique, mais y séjournent dans le cadre de leur profession et pour la durée de leurs activités.

 

Il est donc tout naturel que la grande majorité des immigrés vote à gauche. En France, 85% des immigrés ont le cœur à gauche.

 

3. Le droit de vote favorise-t-il l’intégration ?

 

L’intégration est une opération douloureuse : un immigré qui s’intègre doit s’adapter à son nouveau cadre de vie. Il doit renoncer à bien des habitudes et des traditions, adopter des mœurs nouvelles et apprendre de nouveaux comportements. Ceci n’est pas aisé et demande bien des efforts auxquels la plupart ne se soumettront que si c’est indispensable. Il n’y a en effet aucune raison que les immigrés se soumettent plus facilement que les Belges à des contraintes qui leur sont imposées. Si les efforts d’intégration ne sont pas indispensables, l’immigré tentera de trouver une porte de sortie pour conserver ses habitudes ou éviter les efforts auxquels il peut se soustraire. C’est un comportement parfaitement humain et il n’y a pas de raison de leur en tenir rigueur. Pour une très large majorité, il n’y a intégration que s’il est indispensable de s’intégrer.

 

En donnant le droit de vote aux immigrés, ceux-ci vont légitimement tenter d’utiliser celui-ci pour échapper à des contraintes désagréables. Bien plus, ils vont tenter d’utiliser leur nouveau pouvoir pour adapter leur environnement social à leurs habitudes. Or le droit de vote au niveau local porte essentiellement sur des problèmes de la vie quotidienne et donc en relation avec l’intégration.

 

En accordant le droit de vote aux élections locales, on permet aux immigrés de se  prononcer sur leur cadre de vie qui s’impose à eux et sur ce qui les contraint de s’intégrer.

 

L’homme étant ce qu’il est, et les immigrés n’échappant pas à la règle, il est normal qu’ils essaient d’échapper aux contraintes d’un cadre de vie qui n’est pas le leur (pas de voile à l’école, s’habiller à l’occidentale, respecter les habitudes et coutumes européennes, parler la langue du pays d’accueil, communiquer avec les autochtones, s’adapter à une société laïque…Etc).

 

En octroyant le droit de vote aux immigrés, on leur donne le moyen d’obliger les élus et administrations locales à tenir compte de leurs habitudes et de leur mode de vie. Au lieu de faciliter leur intégration, on la rend donc plus difficile : rares sont ceux qui s’intègrent spontanément. En fait, on favorise l’adaptation de la société d’accueil aux mœurs étrangères. En bref, on fait de l’intégration à l’envers : ce sont les Belges qui vont devoir s’adapter sous la pression du vote immigré, tandis que les immigrés ressentiront moins l’obligation de s’adapter.

 

Affirmer que le droit de vote est un facteur d’intégration est donc totalement inexact. C’est exactement le contraire !

 

4. Conséquences du vote immigré

 

Il faut s’attendre que de nombreux immigrés fassent pression sur leurs mandataires locaux en faveur de mesures qui freinent l’intégration :  autorisation du port du voile à l’école, sport séparé, piscine séparée, muezzin, abattages rituels, aide à des associations culturelles et ethniques, interdiction de débits d’alcool, ethnicisation des CPAS, Etc.. Et comme dans certaines communes, le poids électoral des immigrés risque d’être élevé, on voit mal les mandataires locaux ne pas céder.

 

L’intégration sera donc considérablement freinée, sinon rendue impossible. Le fossé entre immigrés et autochtones s’élargira : chacun conservera ses mœurs. Et comme ce qui se ressemble s’assemble les immigrés vont donc se concentrer en fonction de leurs diverses ethnies, tandis que les Belges se réfugieront dans d’autres quartiers.

 

Les communes à forte concentration immigrée vont donc immanquablement évoluer vers des ghettos ethniques. Cette tendance est déjà largement amorcée : Turcs à Schaerbeek, Maghrébins à Cureghem, Noirs à Matonge…Etc. Ces ghettos seront d’autant plus ingérables que les autorités n’oseront pas mécontenter les électeurs potentiels que seront devenus les immigrés.

 

Ceci risque de rendre toute cohabitation de plus en plus difficile et de générer des situations explosives.

 

Le droit de vote freine donc l’intégration. Au lieu d’être un aboutissement ou le couronnement d’un parcours d’intégration, il est un instrument de non-intégration. Affirmer le contraire, c’est faire de la désinformation.

 

5. Le vote d’un nouveau prolétariat

 

Les immigrés votent essentiellement à gauche (85%) et selon un vote ethnique. Cela s’explique logiquement par les considérations ci-dessus.

 

Pour parler clairement, cela signifie concrètement que :

·   le vote d’origine immigrée profite essentiellement aux socialistes et dans une moindre mesure à Ecolo.

·   Le poids du vote immigré va augmenter de plus en plus. Ce qui pousse les politiciens à leur octroyer de plus en plus d’avantages et ce qui rend la Belgique de plus en plus attractive pour de nouveaux arrivants…

·   Sachant que la natalité et le regroupement familial provoquent une croissance de l’électorat immigré plus rapide que la croissance de la population autochtone, on assiste à un effet boule de neige. Comme les immigrés votent majoritairement à gauche, le poids politique de la droite et du centre vont aller en décroissant. Il s’agit d’un véritable cercle vicieux.

 

Il est logique que pour des raisons de basse stratégie la gauche milite pour l’ouverture des frontières et l’octroi du droit de vote aux immigrés. Il est par contre totalement suicidaire pour des partis du centre ou de droite d’agir de même : en se prêtant à un tel jeu, non seulement ils vont à l’encontre des vœux de leurs électeurs, mais ils amorcent un processus durable de renforcement de la gauche. Ils mettent en place une machine infernale qui écartera durablement la droite du pouvoir.

 

6. Conclusion

 

On peut trouver mille et une raisons – logiques, juridiques, patriotiques ou morales – de refuser le droit de vote à ceux qui ne souhaitent pas acquérir la nationalité belge. Mais du point de vue de la stratégie politique, octroyer un tel droit est absolument suicidaire pour un parti comme le MR. C’est clairement faire le jeu de la gauche : une telle attitude relève de la stupidité ou de l’angélisme. Elle se fonde sur un postulat totalement faux : la prétendue capacité intégratrice du droit de vote. Ce bobard a visiblement été lancé par la gauche pour des motifs tactiques et ne semble pas avoir été analysé par la droite, sans quoi il aurait été immédiatement réfuté.

 

Louis Michel objectera que pour conquérir de nouveaux électeurs et rétablir le rapport de forces, il suffit que le MR vire plus à gauche. On peut cependant se demander si telle est bien la volonté de ses électeurs. Assurément non. Ensuite, en créant un vide à droite, celui-ci risque d’être comblé par d’autres que le MR : la nature a horreur du vide.

   

A propos du droit de vote des étrangers non européens...



[1] Il est évident que ne figurent pas dans cette catégorie le cadre de multinationale japonais ou américain qui est venu travailler temporairement en Belgique : dans ce cas, on ne parle généralement pas d’immigré, mais d’expatrié.

 

(Bastion n°75 de novembre  2003)

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