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POUR OU CONTRE LA GUERRE ?
Intérêts Pétroliers en présence Certains pays ont signé des contrats pétroliers avec le régime de Saddam Hussein. Un changement de régime et une prise de contrôle du pays par les Américano-britanniques, pourrait remettre sérieusement en cause leurs intérêts: les Anglo-Saxons devront se « dédommager » sur leur victime irakienne. Le butin des agresseurs risque d’être prélevé au dépens des actuels exploitants. Les intérêts pétroliers actuels en Irak sont par ordre d’importance: la Russie, la Turquie, la France, l’Italie, la Chine et l’Espagne. Certains ont eu la prudence de négocier des garanties de bonne continuation avec les Américains. On n’est jamais trop prudent! D’autres risquent d’être évincés par les Américains. La France en serait… Ce qui expliquerait certaines réticences. La question est de savoir si pour préserver nos intérêts pétroliers, il vaut mieux s’opposer aux USA ou marcher avec eux...
LES RISQUES Une guerre est toujours un risque. On sait quand on commence, mais on ne sait jamais comment cela va se terminer. Le Vietnam en est un bon exemple. Il importe donc de mettre un maximum de chances de son côté. Plus tard les opérations commenceront, plus grand sera le risque pour les attaquants: il faut absolument éviter les grandes chaleurs. Les USA ne peuvent donc attendre.
INCOMpétence L’affaire est mal embarquée. Avant même le début des opérations, le gouvernement Bush a clairement démontré son incapacité à gérer l’opinion publique et à obtenir la légitimité indispensable. En ce sens, il n’est que la pâle copie de son père, qui avait réussi à faire l’unanimité autour de lui, il y a 12 ans, pour une guerre tout aussi illégitime. C’est assez inquiétant. D’autant plus qu’une victoire militaire peut se solder par une défaite politique. Quoiqu’en pense l’opinion publique occidentale, les pays réticents à suivre les Américains sont de toutes manières placés dans le camps des adversaires de l’islam par les musulmans. Selon certains commentaires de la chaîne Al-Jazira, ces réticences seraient attribuées à la crainte et à la lâcheté des pays concernés.
CONCLUSION En démocratie, c’est le peuple qui décide. Même s’il se trompe. En ce sens, l’attaque de l’Irak sera clairement une défaite de la Démocratie. Quelle aurait été l’attitude de l’opinion européenne, si on avait présenté cyniquement le problème en ces termes: « acceptez-vous de vous priver de pétrole pour préserver la paix avec les musulmans, ou estimez-vous qu’il faut garantir nos approvisionnements pétroliers à tout prix? »? En tout état de cause, il s’agit également d’une défaite pour l’Europe. Elle s’est gravement divisée et il en subsistera des séquelles durables. L’Union Européenne est plus que jamais inexistante politiquement. Elle s’est ridiculisée tant vis-à-vis des USA, que du reste du monde. Une cohésion et une unanimité, quelle que soit la position adoptée, aurait été préférable à l’étalage de nos divisions et de notre impuissance. L’Europe est faible. Et la politique internationale sanctionne toujours les faibles.
F.X. ROBERT première page page précédente page suivante
(Bastion n°69 de mars 2003) |