Programme FNB - Le FNB - Démocratie - Insécurité - Islam - Armes -

 Armée belge - Santé  - Féret - Le Bastion - Emploi - Enseignement - Vos élus -

Rôle des petits partis et

des nouveaux partis en démocratie

Le fonctionnement interne des partis démocratiques n’a rien de démocratique. Comme l’ont décrit Robert Michels avant la guerre de 1914, ou plus récemment Maurice Duverger, les partis politiques sont soumis à « la loi d’airain de l’oligarchie ». Pour conquérir le pouvoir, ils doivent fonctionner et être structurés comme des armées : les recettes d’efficacité ne varient guère. Les écologistes l’ont appris à leurs dépens. Les structures hiérarchiques, si elles sont efficaces, sont peu favorables au débat démocratique et à la réflexion philosophique. De plus, il est électoralement peu rentable de porter des débats internes – lorsqu’ils existent – sur la place publique : cela donne une image de division, de faiblesse et d’inefficacité. Le VLD l’a expérimenté avec le droit de vote des non-européens. Le MR en a tiré les conséquences en évitant un affrontement – et donc un débat interne – entre Charles Michel et Serge Kubla pour la présidence.

Il est d’ailleurs significatif que certains auteurs définissent la démocratie comme un régime où le pouvoir s’obtient par la compétition entre partis politiques. C’est confondre un effet pervers avec la nature du système. C’est confondre démocratie et particratie.

Les partis politiques ne sont donc guère des foyers de réflexion philosophiques : les partis de pouvoir sont totalement orientés et structurés vers la conquête du pouvoir. Les coalitions de partis ne sont pas plus des foyers de réflexions ou des lieux de débat : on y négocie, on se surveille pour voir si les accords sont bien respectés et on s’attribue les mérites des mesures populaires en rejetant sur d’autres la responsabilité de mesures impopulaires.

La plupart des idées nouvelles en matière politique sont le fait d’une réflexion en dehors des partis de pouvoir. Ce n’est souvent que lorsque des idées nouvelles ont été défendues par de nouvelles formations politiques et qu’elles ont démontré leur capacité à rassembler des suffrages que ces thèmes sont repris par les partis de pouvoir. Le parti qui a défendu l’idée reprise par les autres est alors souvent absorbé par une grande formation ou disparaît de l’échiquier politique.

De plus, le système belge de coalitions est particulièrement peu démocratique. Du fait qu’aucun parti ne peut arriver au pouvoir sans faire alliance avec d’autres, aucun candidat au pouvoir ne peut attaquer franchement ce qui pourrait être ultérieurement un partenaire obligé, sous peine de s’exclure de toute négociation future. Les partis qui sont à un moment donné dans l’opposition ne peuvent mener une opposition dure contre ceux qui sont au même moment au pouvoir, s’ils aspirent à occuper eux-mêmes le pouvoir ultérieurement. Quand on est candidat au pouvoir, il faut toujours ménager celui qui pourrait être, après le prochain scrutin, un partenaire avec qui négocier la prochaine coalition.

Ceci est d’autant plus vrai qu’il existe plusieurs niveaux de pouvoir : comment attaquer durement à un niveau de pouvoir un adversaire qui est un partenaire à un autre niveau de pouvoir !

Seul des petits partis, qui n’aspirent pas à la conduite des affaires à court terme, peuvent jouer réellement un rôle essentiel dévolu à l’opposition : contrôler et dénoncer les dérives du pouvoir.

Comme le soulignait le Philosophe Karl Popper, le seul pouvoir dont dispose encore le peuple dans une démocratie, c’est de ne pas réélire les gouvernants dont il est mécontent. Encore faut-il pour cela que l’électeur puisse porter son choix sur d’autres. Si l’on élimine les petits partis, même cela ne sera plus possible !

Dans ce contexte, les nouveaux partis sont souvent les seuls à apporter des idées neuves. Ce fut le cas par exemple de l’UDRT, d’Ecolo, ou de Vivant. Les partis de pouvoir sont trop occupés par la conquête et la conservation du pouvoir.

Un petit ou un nouveau parti ne peut naître, se développer et avoir du succès que s’il répond à un besoin, à une niche électorale, non rencontrée par les partis en place.

Les nouveaux et petits partis sont des indicateurs de l’opinion. Lorsque les partis au pouvoir ne répondent pas à un besoin du peuple souverain, les petits partis qui arrivent à polariser les mécontents obtiennent des élus aux dépens des partis en place. Si ceux-ci comprennent le message, ils ont vite fait d’adapter leur programme et de reprendre les voix perdues. C’est l’ajustement démocratique.

Tel est le mode de fonctionnement d’une démocratie parlementaire. Encore faut-il que les petits partis et les nouvelles formations puissent se faire connaître. Encore faut-il qu’il aient une chance, même minime d’obtenir des élus.

Si ce n’est pas le cas, personne ne tentera plus une telle aventure ! Et bonsoir la Démocratie!

FXR

 

 

 

 

(Bastion n°84 de novembre 2004)

[Accueil]  [Bastion]