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SOLUTIONS POUR L’Emploi

 

Dans le Bastion N°79, nous avons montré en quoi l’immigration était préjudiciable à l’emploi des Belges.

Dans le Bastion N°81, nous avons tracé une piste originale pour créer de l’emploi: mieux socialiser les risques sociaux.

Cette fois, nous proposerons une nouvelle idée constructive pour relancer notre économie.

L’idée d’un retour au régime des 40 heures par semaine, évoquée récemment lors d’un conseil d’entreprise extraordinaire à la société Marichal Ketin (et non Maréchal Pétain, comme l’a dit un journaliste radio) de Sclessin a suscité un débat houleux au sein du monde économique et social belge. Elle a séduit la FEB. Immédiatement, les syndicats ont poussé des cris d’orfraie. C’est non!

En attendant, faisons un constat: l’industrie belge génère essentiellement des produits semi-finis. On produit peu de technologie de pointe. On occupe peu les niches très rentables de la haute technologie.

Inutile de s’appesantir trop sur le passé: les responsabilités sont éminemment partagées: des syndicats qui se sont crispés jusqu’au suicide économique sur des droits acquis, des patrons timorés, conservateurs et sans aucune vision d’avenir, des pouvoirs publics qui ont paralysé toute initiative, qui ont sanctionné fiscalement toute prise de risque économique, et qui ont ponctionné les secteurs dynamiques pour renflouer les industries en déclin !

Et ceci n’est qu’un réquisitoire sommaire!

Quand on veut écouler des rails de chemin de fer ou des sacs de ciment sur le marché mondial, il n’y a pas de miracle.

A qualité égale, il faut vendre moins cher. Et de toutes manières, on ne peut vendre que du premier choix. De plus, il ne faut pas être moins cher à la sortie de l’usine, mais à la réception de l’acheteur !

Cela implique que si l’on veut vendre loin, il faut produire nettement moins cher. D’autant plus que le produit est pondéreux et difficile à transporter.

Et ici encore, pas de miracle. Il n’y a pas trente-six postes où l’on peut rogner: il faut exclure les matières premières et l’énergie. Reste la masse salariale. Or les coûts du travail (salaire + impôts + cotisations) sont en Belgique, selon une étude récente, huit pour cent plus élevés que dans les pays voisins, eux-mêmes déjà chers sur le marché mondial.

Toutes choses étant égales, il faut donc, soit travailler plus, soit être plus souple, ou encore plus productif, c’est-à-dire mécaniser. Et donc remplacer des emplois par des machines.

Une autre option, tentante pour les grosses entreprises: délocaliser. On économise à la fois sur la masse salariale et sur les coûts de transport.

Cela ne fait pas plaisir ! Mais c’est une réalité économique, et il ne sert à rien de lancer des incantations ou des menaces de grève! Nier ce fait est suicidaire.

Il y a évidemment d’autres solutions: la technologie de pointe. Non pas produire avec des procédés de haut niveau, mais produire ce que personne d’autre ne sait produire.

Celui qui se trouve en position de monopole peut fixer son prix: il n’a pas de concurrent. Pour autant qu’il y ait une demande pour ce qu’il produit, il peut faire d’immenses bénéfices.

Et la demande est en général accrue lorsqu’il s’agit de haute technologie: on assiste à un effet prestige, un effet de mode.

Enfin, les produits de haute technologie sont rarement pondéreux: le lieu de production devient moins important.

C’est ce que le sud-est asiatique (Japon, Taiwan, Corée, Singapour…) a compris lorsqu’il s’est mis à produire de l’électronique.

C’est ce qu’ont compris les Etats-Unis: ils attirent chez eux la matière grise du monde entier. Il achètent des cerveaux, dont ils n’ont même pas dû payer la formation.

Nous payons une fortune pour un enseignement, dont les meilleurs produits profitent à d’autres.

Parce que les meilleurs cerveaux sont mieux considérés, mieux payés aux Etats-Unis, que chez nous. Ils y bénéficient d’une plus grande liberté de recherche, sont astreints à moins de tracasseries administratives et il profitent mieux du fruit de leurs découvertes.

Si l’on veut rester compétitifs sur le marché mondial, malgré une coûteuse sécurité sociale, il faut se lancer dans la technologie très haut de gamme. Il faut innover, il faut investir massivement dans la recherche. Il faut former des cerveaux et surtout les garder en les chouchoutant.

Il faut plus investir dans les surdoués que dans les sous-doués, tout en élevant le niveau moyen. Ce n’est pas avec 10% d’illettrés que l’on s’en sortira! Ce n’est pas en important des minus-habens du tiers-monde. Ce n’est pas en gaspillant les génies, ni en les laissant partir à l’étranger. Ce n’est pas non plus en démotivant les gens.

Il faut changer radicalement de politique. Et encore, ceci ne produira de fruits qu’à long terme. En attendant, nous sommes mal barrés, n’en déplaise aux syndicats et aux gauchistes.

François-Xavier Robert

 

 

(Bastion n°82 de septembre 2004)

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