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L’Europe s’éclate

Par Charles Magne

 

Chers et fidèles lecteurs quand vous lirez cet article, l’Union Européenne sera passée de 15 à 25 membres. Décrit par les médias comme l’annonce d’un nouvel âge d’or, l’événement a donné lieu à de nombreuses fêtes de Dublin à Bruxelles. Les lampions bleus et jaunes de l’eurocratie ont brillé tard dans la nuit du 30 avril. Maintenant, les citoyens-contribuables se préparent à trinquer. Ils savent, en effet, que chaque fois que les eurocrates s’éclatent, c’est eux qui payent la note.

Sans doute, se rappellent-ils amèrement les promesses non tenues de l’euro. Que n’avait-on dit, alors, des avantages de la monnaie unique. Ne devait-elle pas conduire à une plus grande fluidité du marché ? A une baisse généralisée des prix par un renforcement de la concurrence ? Au plein emploi ? Or que s’est-il passé dans les faits ? Les prix au détail ont explosé. Ce qui a, notamment, conduit à une hausse de 30% de l’alimentation, touchant plus particulièrement les revenus modestes.

Or, que fit la nomenklatura européenne face à la dérive des prix ? Elle s’empressa de modifier les paramètres du panier des ménages dans le calcul de l’inflation, de manière à dissimuler le fiasco monétaire et la perte de pouvoir d’achat.

Mais, ce n’est pas tout. L’euro a également enfermé l’Union dans un carcan qui lamine sa croissance et pèse lourd sur sa capacité à créer des emplois. Ce n’est pas un hasard si la Grande-Bretagne, qui a conservé sa monnaie nationale, a un des taux de chômage les plus faibles de l’Union. L’une des raisons en est que sa monnaie est en mesure de refléter sa structure économique. Ce qui n’est pas le cas des pays soumis à la monnaie inique. Parce qu’elle est une monnaie technocratique, l’euro est foncièrement rigide. Il n’est pas en mesure d’intégrer des réalités économiques et budgétaires contradictoires.

Les Américains l’ont bien compris. Après avoir laissé se déprécier l’euro à sa juste valeur, constaté les dégâts opérés sur leur balance commerciale, ils ont décidé d’engager les hostilités monétaires et de dévaluer artificiellement le dollar. Face à l’offensive monétaire de la Fed – la banque centrale américaine –, la BCE est restée impuissante, maintenant des taux d’intérêt inadaptés aux besoins de l’économie européenne.

Ainsi se retrouve-t-on, aujourd’hui, avec le paradoxe d’une économie forte (Etats-Unis) avec une monnaie faible et celui d’une économie en voie de régression (Union Européenne) avec une monnaie forte.

De même que l’euro n’a pas tenu ses promesses, l’élargissement n’en tiendra aucune. On ne voit pas en quoi le simple ajout de populations changerait la structure économique de l’Union qui, dans son ensemble, se caractérise par l’immobilisme, la surfiscalité, l’assistanat généralisé et la tiers-mondisation. Les chiffres parlent d’eux-mêmes. Alors que la croissance mondiale, en 2004, devrait atteindre 4,5%, elle devrait être en dessous de 2% dans l’Union. Ce qui en fera l’une des zones les moins dynamiques de la planète.

Plus grave encore : alors que les entreprises européennes conservaient, jusqu’à présent, un niveau de compétitivité élevé, dû à une robotisation encouragée par les lois sociales – lesquelles rendent le coût du travail prohibitif -, il apparaît qu’elles sont en train de décrocher par rapport aux entreprises américaines. Une étude internationale conduite par un institut de Lausanne a, récemment, établi que les entreprises européennes sont devenues 25% moins compétitives que leurs concurrentes à facteurs identiques. C’est à dire à quantité de travail et de capital égales.

Cette révélation promet bien des révolutions. Elle établit, très clairement, qu’il se passe quelque chose d’extrêmement grave en Europe qui dépasse la déréliction engendrée par le socialisme rampant. Quelque chose de plus profond, peut-être lié aux ‘’bienfaits’’ de l’immigration massive et de l’établissement d’une société multi-multi.

Dans ce contexte, qu’attendre de bon de l’élargissement ? Pas grand chose, en vérité. C’est ce que nous allons montrer en faisant un bref inventaire de nos prochaines infortunes. Celles-ci seront, d’abord, économiques. Contrairement à ce que l’on nous chante, dans les médias, l’élargissement se ne se fera pas sans coût. Celui-ci est déjà, le plus officiellement du monde, estimé à 40 milliards € pour la seule période 2004-2006. Après cette période, nul ne veut savoir ce que seront les dépenses engendrées par l’élargissement. La Commission Européenne les prévoit en augmentation constante, jusqu’à l’année 2010 (pourquoi pas 2050 ?). Toutefois, on peut, se faire une idée de leur montant sur la base des récentes déclarations du grandiloquent Prodi. Le président de la Commission a effectivement réclamé, pour faire face aux besoins créés par l’élargissement, que les ressources de l’Union soient portées de 1% à 1,27% du PIB européen. Cela n’a l’air de rien. En clair, cela signifie une augmentation de 27% du budget de l’Union. On appréciera toute l’ironie de la demande prodesque, au moment même où son sacré collège enjoint les Etats membres à réduire leurs dépenses publiques pour combattre leurs déficits.

Tout ceci signifie que le besoin annuel supplémentaire de financement dû à l’élargissement est d’au moins 30 milliards d’euros, auxquels s’ajoute une part non-connue du budget courant dont les ressources seront détournées de l’ouest vers l’est. En tout le besoin total de financement - pour assurer le fonctionnement normal des politiques régionale et agricole - devrait se situer entre 50 et 60 milliards d’euros par an, soit plus de 25 fois le montant du budget de la défense nationale de la Belgique.

Dès lors, on comprend mieux pourquoi les électeurs-contribuables des futurs Etats membres ont tous été appelés à approuver par referendum l’élargissement, tandis que ceux des quinze n’ont pas eu leur mot à dire (Il paraît que c’est cela la démocratie).

Que vont donner ces transferts massifs ? Probablement, ce qu’ils ont produit en Allemagne après la réunification : plus d’impôts et plus de chômage. Dans le cas de l’élargissement, la perte d’emplois pourrait être même plus grande car, avec la libre circulation des biens et des capitaux, les entreprises installées à l’Ouest seront mécaniquement incitées à se délocaliser à l’Est. En effet, dans les nouveaux Etats membres le coût horaire du travail est d’environ de 3€, alors qu’il est de 14€ chez les quinze. La durée moyenne de travail y est aussi beaucoup plus élevée – 50 heures en Pologne, 38,4 en Belgique. Inévitablement, on assistera à une pression à la baisse des salaires en Belgique et dans les anciens Etats membres.

Certains, pourraient se consoler de ces transferts massifs en se disant que les riches seront un peu moins riches et les pauvres un peu moins pauvres. Dans les faits, cette vieille lune socialiste n’est pas près de se lever à l’horizon de l’économie réelle. Ceci pour plusieurs raisons : si les quinze s’appauvrissent, les dix trouveront moins de débouchés pour leurs produits. Leur croissance sera ralentie.

De surcroît, la subventionnite aiguë de l’eurocratie n’a jamais aidé une économie à se développer[1] – cela se saurait. Elle va, au contraire prolonger les tropismes, hérités de l’ère communiste, dans certains pays d’Europe Centrale : l’assistanat, la fuite devant les responsabilités, l’absence d’esprit d’entreprise, l’irrationalité sociale, la corruption. Selon certaines projections, l’adhésion va, au contraire, conduire la plupart des nouveaux membres à la stagnation. Particulièrement en Hongrie, Slovaquie, Tchéquie, Slovénie et Pologne.

Effectivement, depuis que ces pays se préparent à l’adhésion et adoptent le pseudo-acquis communautaire (tout le fardeau réglementaire de l’eurocratie), leur taux de croissance commence à s’infléchir à la baisse. Après avoir été de plus de 5%, pendant presque une décennie, ce taux est passé à moins de 3% ces deux dernières années. Quelques petits malins pourraient objecter que c’est purement conjoncturel. Certes, mais comment, alors, expliquer que la Russie et l’Ukraine ont eu des taux constamment supérieurs ?

La raison de ce décrochage s’explique non seulement par la transposition du cadre législatif communautaire - dans des pays qui n’ont pas les moyens économiques d’en supporter les coûts -, mais aussi par l’élévation constante des dépenses publiques dans cette zone. Celles-ci rejoignent le niveau communautaire puisqu’elles atteignent un niveau moyen de 46% du PIB, ce qui fait des pays d’Europe centrale de véritables Etats-providence. A l’opposé, la Russie après l’effondrement de son système financier a été obligée de comprimer ses dépenses publiques qui représentent, actuellement, 26% de son PIB. Cette compression drastique des dépenses s’est accompagnée d’un allègement considérable des impôts avec l’instauration d’une flat-tax de 13% en Russie et en Ukraine (Impôt unique de 13% sur les revenus, de quoi faire rêver tous les Belges), véritable moteur de la croissance. Conséquence : en 2003, le taux de chômage est descendu à 8% en Russie. En Pologne il est monté à 20%. En matière de finances publiques, il faut ajouter que le déficit est en moyenne de 7% dans les pays d’Europe centrale, soit plus du double par rapport au fameux critère de Maastricht.

Pour compléter le tableau des perspectives économiques, il faut ajouter que l’on s’attend, dans les prochaines années, à la fermeture de dizaines de milliers d’exploitations agricoles à l’Ouest. Celles-ci ne pourront pas faire face à la concurrence des nouveaux Etats membres, sans les mesures de soutien aux prix de la Politique Agricole Commune (PAC), lesquelles devront disparaître à l’horizon 2010, selon le calendrier des accords conclus, par l’Union Européenne, avec l’organisation mondiale du commerce.

Ce n’est pas pour autant que le gouffre de la PAC (48 milliards d’euros) est près de disparaître. Si les aides directes seront supprimées, on versera, cependant, des aides forfaitaires aux agriculteurs de l’ouest pour (sur)vivre – quelques années - sans rien produire. C’est le fameux mécanisme dit des aides découplées. Au bout du compte, les contribuables de l’Europe de l’Ouest paieront pour liquider leur propre agriculture et subventionner celle de l’Est. Les consommateurs en sortiront-ils gagnants ? Cela est douteux dans la mesure où la sécurité alimentaire est, de l’aveu même de la Commission européenne, loin d’être assurée en Europe Centrale.

            A ce propos on ouvrira une parenthèse : comment ne pas s’étonner de voir les Etats-Unis soutenir, sans réserve, l’élargissement ? Alors qu’ils sont notre principal concurrent agricole ? Ne font-ils pas le pari de que l’élargissement mènera à  notre affaiblissement ? Il est vrai qu’ils y ont, aussi, un autre intérêt : le transfert des ressources en faveur de ces Etats, aussi nouveaux membres de l’OTAN des moyens budgétaires qu’ils pourront réaffecter à l’achat de matériel militaire (made in U.S of course) pour répondre aux critères d’intégration de l’alliance.

            Les effets de l’élargissement ne seront pas uniquement économiques, ils seront également sociaux et institutionnels.

            Dans la rubrique sociétale, il faut s’attendre dans l’Europe-passoire à une hausse de la criminalité sous toutes ses formes : trafic d’armes et de drogue, prostitution, extension des mafias de l’Est à l’Ouest, etc. La Commission parfaitement au courant de la situation a demandé à ses services de… dissimuler soigneusement les données relatives à ce sujet. Ce n’est d’ailleurs pas la première fois qu’elle nous fait le coup de la désinformation systématique. Il suffit de se souvenir du scandale de la vache folle pour comprendre le degré de transparence qui règne dans les hautes sphères de l’eurocratie.

            En matière d’immigration, l’on prévoit un afflux certain (mais non quantifié) de population en provenance des nouveaux membres. Cependant, dans le cas d’espèce, on a pris toutes sortes de mesures pour tenter d’endiguer ces flux. Celles-ci vont de la limitation de la durée des séjours à l’interdiction d’accéder à tout avantage social. Ainsi, il sera presque plus difficile à un Slovène de circuler et de s’installer sur le territoire de l’Union, à laquelle il appartient, qu’au premier Zoulou venu. Il est vrai que le premier ne présente qu’un intérêt électoral réduit, tandis que le second focalise tous les espoirs du système pour se maintenir en place.

            En termes institutionnels, l’élargissement à 25 annonce le chaos. Sans entrer dans les détails, il suffit de s’imaginer que la simple introduction d’un point de vue – retenons 10 minutes par délégation - prendra plus de quatre heures. Les discussions seront interminables. Selon la théorie des coûts de transaction, il sera de plus en plus difficile d’aboutir à un consensus. Des coalitions éphémères et imprévisibles se formeront. Elles donneront de plus en plus de champ aux lobbies. Les décisions de l’eurocratie seront encore moins transparentes et démocratiques qu’elles ne le sont aujourd’hui – c’est dire. 

            Parvenus à ce stade, il ne restera plus que deux étapes à franchir avant l’éclatement final : l’abolition des constitutions nationales au profit d’une constitution fédérale et l’adhésion de l’Union à la Turquie (non il ne s’agit pas d’un lapsus). Les deux processus sont enclenchés et paraît-il irréversibles.

            Et après ce dernier feu d’artifices ? Après, la civilisation européenne ira se coucher gentiment dans son linceul vert orné de douze jolis croissants de lune. Sauf, si les descendants de la belle Europe se souviennent de leurs origines jupitériennes et foudroient (électoralement, mes censeurs, électoralement) leurs ennemis.

            Alors mes Amis, n’hésitez pas à gronder lors des prochaines élections et voter FNB, le seul parti belge de la résistance nationale et européenne.

 

 

 



[1] On cite, quelquefois, le cas de l’Irlande qui a bénéficié de transferts massifs. Mais la raison de son développement économique ne tient pas à ces transferts mais bien à la politique libérale conduite par ce pays. Idem pour l’Espagne qui n’a renoué avec la prospérité que sous Aznar. La Grèce et le Portugal qui ont reçu des aides bien plus massives sont demeurées les lanternes rouges de l’Union Européenne. Il faut dire qu’ils ont toujours eu des politiques bien plus socialisantes.

 

 

(Bastion n°81 de mai 2004)

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