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à PROPOS DU TERRORISME ISLAMISTE

 

Le terrorisme islamiste est apparu relativement récemment, dans les années 90.

Certes, il y eut dans le passé des appels à la djihad, mais la guerre, fût-elle sainte, n’est pas le terrorisme; elle en est même aux antipodes, car elle suppose un affrontement forces contre forces, entre des combattants agissant à visage découvert; cette transparence est justement ce qui est fui par les terroristes, qui cherchent à n’être ni identifiés, ni localisés, et qui agissent dans l’ombre et par surprise, de sorte à provoquer chez l’ennemi des dégâts matériels, humains, et psychologiques dont l’ampleur, compte tenu de la faiblesse de leurs moyens militaires, ne pourrait jamais être atteinte lors d’une bataille menée « à la loyale ».

Le terrorisme est le modus operandi des faibles. De plus, il faut relativiser les choses; lors de son procès, après la révolte berbère contre les Français fomentée par El Mokrani en 1870, et qui se solda par des milliers de morts, le fils du cheikh qui avait prêché la djihad pour soutenir Mokrani reconnut que ce n’était finalement qu’un subterfuge destiné à donner une légitimation religieuse à une rébellion qui ne l’était nullement. On peut également penser, compte tenu de ce que l’on connaît du personnage, que la djihad prêchée par l’émir Abd-el-Kader ne le fut pas plus sincèrement.

Pour en revenir au terrorisme stricto sensu, aussi bien arabe que musulman, il est apparu pour la première fois à l’occasion du conflit israélo-palestinien. Ce terrorisme arabe, et plus précisément palestinien, que l’on a connu dans les années 70, n’avait aucune implication religieuse. A l’époque, d’ailleurs, les éléments les plus durs des partisans d’un Etat palestinien (et de la destruction de celui d’Israël) étaient des marxistes, souvent d’origine chrétienne (comme Georges Habache, par exemple). Ce terrorisme « national », d’ailleurs, ne frappait pratiquement jamais en dehors d’Israël, et surtout, ne visait d’autres cibles que celles considérées comme directement concernées par ce conflit (même s’il s’agissait de civils israéliens).

Durant la guerre d’Algérie, le FLN n’a certes pas été avare de bombes, et le plastic était d’usage courant. Toutefois, le FLN, comme son nom l’indique, était un mouvement national algérien qui travaillait à l’indépendance de l’Algérie alors française. Le but des attentats était d’exaspérer l’armée française, de sorte à provoquer des représailles dont la brutalité ferait basculer dans le camp indépendantiste des populations indécises. Si, incontestablement, la référence religieuse était sous-jacente, la rébellion algérienne se déclarant « arabo-musulmane » et combattant, dès à partir de 1949, d’une façon des plus sanglantes, le « berbérisme » (la culture berbère ancestrale est profondément laïque), elle considérait que l’objectif  religieux serait atteint par voie de conséquence lorsque l’indépendance du pays, son but principal et premier, serait acquise. Il n’était alors aucunement question de terrorisme religieux.

Il a fallu attendre la première guerre du Golfe, et par conséquent le début des années 90 pour voir se manifester un terrorisme se réclamant de l’islam, comme moteur et comme but.

Il faut ici, pour bien comprendre le processus, faire un retour en arrière. En 1740, un religieux, Mohamed Abdul Wahhab s’était mis à prêcher un islam particulièrement rigoureux et puritain, prônant un retour aux sources et une lecture littérale du Coran. Sa tribu, exaspérée par ses sermons, l’avait chassé, et il avait trouvé refuge chez l’émir du Nadjd, un certain Mohamed ibn Saoud. Celui-ci accepta d’embrasser le doctrine d’Abdul Wahhab et de mettre son épée à son service. En échange, ibn Saoud recevait une légitimation religieuse dont lui-même et ses descendants profitèrent si bien que la famille Saoud parvint, près de deux siècles plus tard, en 1932, à unifier l’Arabie, y compris, surtout, les lieux saints de La Mecque et de Médine, sous son sceptre. Le pacte initial fut modifié, en ce sens que désormais, ce ne serait plus leur épée, mais les sommes considérables provenant de l’exploitation des gisements pétrolifères du sous-sol arabique que les Saoud mettraient à la disposition des wahhabites, héritiers spirituels d’abdul Wahhab ayant considérablement cru suite aux deux chocs pétroliers des années 70/80, la propagande wahhabite s’intensifia dans tout le monde musulman (et non pas seulement arabe).

Lors de la première guerre du Golfe, les Saoud soutinrent les Etats-Unis, mais, concomitamment, tout le monde musulman s’était mobilisé en faveur de Saddam Hussein. Les wahhabites prirent la balle au bond, et récupérèrent à leur profit les sentiments anti-américains et anti-occidentaux qui étaient à cette occasion apparus au grand jour. Ils les instrumentalisèrent au profit de leur cause. Ainsi, l’Arabie des Saoud joua-t-elle gagnant sur les deux tableaux, contribuant à l’affaiblissement d’un rival idéologique (le baassiste et laïque Irak) qui se trouvait être en même temps un concurrent sur le marché du pétrole, tout en récupérant, par le truchement de leurs alliés wahhabites la vague de sympathie pour ce pays qui s’était soulevée dans le monde musulman !

Le discours des wahhabites était simple : si le monde musulman était humilié, c’était parce que le vrai islam y avait été abandonné. Au même moment, l’URSS disparaissait, et les laïques se trouvaient privés de l’aide du camp socialiste. Ils n’avaient plus d’autre solution que de se ranger sous la bannière islamiste. Toutes les conditions étaient donc réunies pour une spectaculaire montée en puissance de l’islamisme fondamentaliste. Certes, des organisations comme les Frères Musulmans existaient déjà, mais leurs moyens étaient limités, et, dans bien des pays arabes « laïques », ils étaient persécutés et contraints, sinon au silence, du moins à la prudence. C’est là, au début des années 90, qu’apparurent des mouvement, des organisations, des partis fondamentalistes, d’autant plus aisément que les pouvoirs en place plus ou moins laïques étaient souvent inefficaces, discrédités, corrompus et oppresseurs. Le FIS, en Algérie, était apparu quelques années plus tôt, mais son essor date de 1992, et il s’est presque immédiatement transformé en mouvement terroriste...

C’est que cette radicalisation portait le terrorisme en son sein. Deux événements, totalement indépendants l’un de l’autre, mirent le feu aux poudres. D’une part, la souillure résultant de la présence américaine sur le sol sacré de l’Arabie (le pays est considéré comme constituant une seule et immense mosquée) fut très mal supportée par les plus religieux. Un homme leva l’étendard de la révolte, il s’appelait Oussama Ben Laden. Ce multimilliardaire avait été longtemps à la solde des Américains en Afghanistan. Il y avait dans ce  pays une convergence d’intérêts, mais aussi une connivence idéologique, entre les moudjahidin afghans en lutte contre le communisme athée, et les Américains, dont on connaît l’esprit également très religieux. Mais là, c’étaient les Américains qui se comportaient en ennemis de l’islam. Ben Laden changea son fusil d’épaule, et l’affaire afghane, en 1994, ayant été réglée au mieux des intérêts d’Allah, grâce aux Talibans (soutenus au début pas les Etats-Unis (!), qui leur retirèrent leur appui suite à leur refus de proscrire la culture du pavot) Ben Laden se retourna contre les Américains et se mit à glisser inéluctablement vers le terrorisme (attentats en 1998 contre les ambassades américaines au Kenya et en Tanzanie).

D’autre part, Arafat, englué dans mille difficultés, cherchait un appui efficace et solide. Il se tourna donc vers la riche Arabie, qui, jusque là, ne lui avait pas fourni la moindre cartouche. Pour avoir le soutien actif des Saoudiens, il lui fallait donner des gages religieux. Cela lui fut d’autant plus facile que, privés de l’aide matérielle et du soutien idéologique des Soviétiques et des pays de l’Est, ainsi que de celle de l’Irak, amoindri par la guerre, les activistes traditionnels de la cause palestinienne avaient sombré corps et biens. Et Arafat islamisa l’Intifada, avec les conséquences que l’on sait… Hamas, Martyrs d’Al Aqsa, Hezbollah, et bien d’autres groupuscules islamistes, remplacèrent le FPLP et les autres mouvements laïques d’antan. Donner des gages religieux, c’était se tourner vers l’islamisme, et s’associer au terrorisme islamiste; accepter de devenir une pièce entre les mains des vrais joueurs, Ben Laden en tête. Ben Laden qui jusque là, lui aussi, s’était soucié des Palestiniens comme d’une guigne, commença à s’intéresser à eux et à les soutenir, au moins en paroles. On remarquera au passage le peu de cas que fait le leader palestinien des accords de Camp David ou de ceux d’Oslo ! Pour lui, la diplomatie n’est que la continuation de la guerre par d’autres moyens !

Certains croient comprendre (intellectuellement) les terrorismes « locaux », et ainsi que les Palestiniens aient recours au terrorisme localement, ou que le GIA s’en prenne aux généraux corrompus d’Alger, mais saisissent mal la raison pour laquelle l’islam fondamentalisme est entré en terrorisme international tous azimuts, bien avant un certain 11 septembre, soit dit en passant. En premier lieu, les terrorismes « locaux » font partie d’une stratégie plus vaste, que l’on pourrait appeler la politique de la peau de léopard. Ensuite, pour saisir la cause de cette agressivité à l’encontre des « croisés judéo-chrétiens », il faut se reporter au Coran que les fondamentalistes entendent suivre à la lettre. Le but ultime que doit se fixer tout bon musulman est d’instaurer sur notre Terre un califat universel. Le monde doit être un comme Dieu est Un. Par suite, tout être humain doit, soit, se convertir à l’islam, soit disparaître. Toute autre forme de gouvernement ne saurait être tolérée, car il ne doit pas exister de loi qui ne soit conforme aux préceptes du Coran. Le Coran est le Livre écrit par Dieu. Il fixe tout, il régente tout, non seulement dans le domaine spirituel, mais aussi pour ce qui est de l’organisation de la société. « Le Coran est notre Constitution » est un cri fréquemment entendu en terre d’islam. Le Coran est la loi, publique, civile, pénale ; il règle même la vie privée de ses adeptes…et des autres, en attendant leur conversion ou leur élimination.

Comme l’ouma islamiya n’est pas encore un Etat, qu’il n’existe pas encore une armée musulmane, mais que le monde musulman est divisé en une multitudes d’Etats profanes, souvent antagonistes, aux intérêts divergents, il ne reste aux vrais musulmans, qui ne se reconnaissent pas dans ces Etats « séparatistes » et donc impies, que l’arme du terrorisme, l’arme des faibles, comme je l’indiquais ci-dessus, en attendant que l’un ou l’autre de ces Etats ne se déclare non pas sujet de droit international, mais embryon du futur califat universel. Ce pourrait-être, pourquoi pas, le Pakistan surpeuplé et sa bombe atomique, soutenu financièrement par les Saoudiens….

Jadis, le califat mondial pouvait n’être qu’un rêve ; aujourd’hui, il est devenu techniquement possible de passer du rêve à l’action, grâce à tout ce que nous avons inventé, nous, les Infidèles, en matière de méthodes de communication, j’allais écrire, de marketing, ensuite en matière de moyens de communication, téléphone cellulaire, fax, Internet, radio, télévision, etc. plus les avions, le TGV, les automobiles, etc., enfin en matière d’armement, du plus léger au plus lourd, voire nucléaire, bactériologique ou chimique. Je fais observer au passage qu’un bon vieil avion de ligne détourné peut aussi constituer une arme redoutable !

En attendant une guerre chaude, ouverte, officielle, en quelque sorte, qui éclatera inévitablement tôt ou tard si nous ne tuons pas dans l’œuf les rêves hégémoniques de ces saints hommes, il s’agit pour eux d’affaiblir l’adversaire par tous les moyens, dont la propagande et le terrorisme, mais les deux vont de pair. L’adversaire, c’est vous, c’est nous, c’est l’Amérique, c’est l’Europe, c’est le Japon, l’inde ou la Chine… Les discours lénifiants, relayés par des politiciens aveugles ou à courte vue et des médias complices, constituent l’un des versants de cette stratégie; l’autre, c’est le terrorisme qui déstabilise en profondeur nos pays. On ignore trop souvent que les 3.000 morts dans l’attentat du 11 septembre ne sont qu’une goutte d’eau  dans l’océan des conséquences de cet acte; il faut compter également les entreprises qui ont perdu tous leurs cadres et/ou toutes leurs archives dans la destruction des twin towers et qui ont été acculées à la faillite, le coup porté à nombre d’activités économiques, principalement les assurances et les réassureurs, l’aviation commerciale, et le tourisme, non seulement aux Etats-Unis, mais dans le monde entier, les 8 millions de chômeurs qui en ont résulté sur les cinq continents, sans parler des troubles psychologiques et sociologiques liés à cet événement qui ont touché un grand nombre de personnes, et là encore, non pas seulement à New York ni même aux seuls Etats-Unis..

Que faire ? D’abord, et c’est en notre pouvoir, et c’est le devoir de chacun de nous, lutter de toutes nos forces et de toutes nos intelligences contre l’entreprise d’intoxication islamophile que mènent médias et politiciens que j’aurai la charité de ne considérer que comme stupides ou mal informés. Ensuite, faire comprendre à nos contemporains que le 11 septembre n’est rien au regard de ce qui nous attend inévitablement, et pousser, non seulement les pouvoirs publics, mais aussi chaque chef d’entreprise lucide et responsable, à prendre en compte le danger, et à s’y préparer. Il faut s’organiser autrement, peut-être éparpiller les centres de décision pour qu’un attentat comme celui du 11 septembre, voire plus grave, ne puisse détruire totalement une affaire, désorganiser l’économie, paralyser les services publics.

Et ce n’est pas parce que les gouvernements américains successifs portent une lourde responsabilité dans l’éclosion du terrorisme islamiste international qu’il faut vouer les Etats-Unis aux gémonies. Nous avons besoin de mettre en commun toutes nos forces, de celles de l’Europe, de la Russie, d’Israël, de l’Inde, du Japon et même de la Chine, et aussi de celles des Etats d’Amérique du Nord et du Sud pour surmonter le plus grand danger couru depuis longtemps par ces civilisations, dont la nôtre (!), ou plutôt, par LA civilisation.

Ch. de Vouillé 

 

(Bastion n°77 de janvier 2004)

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