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LA LIBERTé D’expression
Le parlement bruxellois a levé l’immunité parlementaire du député Marguerite Bastien. Celle-ci sera donc traduite en correctionnelle pour racisme. Quoi que l’on pense d’elle et de la manière dont elle a mené sa carrière politique, ce fait est inquiétant. D’autant plus inquiétant que ce n’est pas le premier parlementaire à qui cela arrive. Un élu du peuple est envoyé dans une assemblée pour y porter le message de ses électeurs, même s’il y garde le silence. La liberté d’expression la plus absolue doit y être la règle. C’est la raison même de l’immunité parlementaire, et non de couvrir les délits de droit commun de politiciens mafieux. A quoi bon élire des représentants s’ils ne peuvent s’exprimer? S’ils ne peuvent traduire l’opinion de ceux qui les ont élus? Une opinion ne peut jamais être un délit, si elle ne se concrétise pas dans un comportement prohibé. Car seuls les actes peuvent être interdits et réglementés. Pas les idées. Une opinion n’est valable — de même qu’une théorie scientifique — que si elle peut être contredite et si elle peut résister à la confrontation avec les faits ou des arguments contradictoires. Et si tel n’est pas le cas, on est entre en dictature, ou sous l’emprise de la pensée magique. En Belgique, on assiste à d’autres dérives dictatoriales inquiétantes. La correctionnalisation des délits de presse en matière de racisme en est une autre. On commence par le racisme, et Dieu sait où l’on va finir. D’autant plus que l’on rend la notion de « racisme » élastique à souhait. Qui mieux qu’un jury populaire est à même de juger de ce qui peut être dit ou écrit ? Certainement pas un juge nommé par le pouvoir et qui dépend de celui-ci pour ses promotions! Les partis traditionnels ont décidé d’assouplir les conditions de financement public pour la N-VA une scorie de l’ancienne Volksunie susceptible de grappiller quelques voix au Vlaams Blok et parallèlement de faciliter la privation de subvention des partis dits « liberticides ». Mais qui sont les véritables liberticides? On peut ne pas aimer le Vlaams Blok, mais il faut lui reconnaître la légitimité des urnes: 767.605 voix –plus que le MR de Louis Michel – ce n’est pas négligeable! Et en démocratie, ce n’est pas l’électeur qui se trompe, ou qui a tort, ce sont les politiciens. Que cela plaise ou ne plaise pas! Tenter de faire taire 767.605 électeurs – 11,68% de l’électorat belge – est inadmissible. Ceux qui monopolisent le pouvoir feraient mieux de se rendre compte qu’il y a un problème et d’écouter cette masse d’électeurs mécontents. Ce n’est pas en cassant le thermomètre que l’on pose un bon diagnostic! Quant au dernier projet, introduire un seuil électoral de 5%, il est tout bonnement inconstitutionnel. L’article 62 de la Constitution prévoit une représentation proportionnelle. Mais ce n’est pas notre Cour d’Arbitrage qui contredira ses collègues du Gouvernement: 50% de ses membres sont des politiciens et le solde a été nommé par le pouvoir... En instaurant un seuil de 5%, on ferme la porte aux nouvelles formations politiques, et on consacre le monopole de la caste politicienne. Seuls les partis en place ont le droit de parole. Pas d’accès aux médias, pas de financement, pas de représentation, mais le tribunal et les huissiers pour ceux qui ne se taisent pas et ne rampent pas ! En empêchant le mécontentement populaire de s’exprimer directement ou par des mandataires, en refusant de tenir compte des souhaits d’une part importante de la population, on risque de voir le mécontentement et les frustrations s’accumuler jusqu’à un point de non-retour. Lorsque les forces du mécontentement ne pourront plus être contenues, on assistera à une explosion. La révolution entraînera un effondrement des institutions, un déferlement de violence, de désordre et de destructions. Ce sera la porte ouverte à l’aventure politique, à la guerre civile et sans doute à la destruction de notre civilisation. Car notre système est devenu tellement complexe et tellement vulnérable, qu’un rien peut le faire s’effondrer comme un château de cartes. Les premières victimes seront les pauvres, les faibles, les retraités et les laissés-pour-compte. Pour eux, il ne fera pas bon vivre ce grand chambardement! Est-ce cela que souhaitent les politiciens qui nous gouvernent? Sont-ils devenus rapaces au point de se gaver de l’immédiat, sans voir les nuages sombres qui s’accumulent à l’horizon? François-Xavier ROBERT Licencié en Sociologie, Science Politique et en Droit Ancien Officier supérieur para-commando Secrétaire général du FNB
(Bastion n°75 de novembre 2003) |