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Voyage à Pompéi
Cette année, la providence a guidé les pas, de l’impénitent voyageur que je suis, jusqu’à Pompéi me permettant, ainsi, de réaliser un vieux rêve d’adolescent. De tous les voyages, que j’ai pu faire, celui-ci restera l’un des plus marquants. En effet, Pompéi offre l’expérience unique d’une véritable remontée dans le temps de l’antiquité. Son histoire s’est figée le 28 août 79, dans les cendres de l’éruption du Vésuve. L’événement fut si brutal qu’une grande partie des habitants périt sur place. Il y eut au moins deux mille morts sur une population totale de 25.000. Certaines victimes furent saisies par les gaz empoisonnés exhalés par le volcan, d’autres brûlées vives par les scories et les pierres-ponce incandescentes. Ainsi, a t-on retrouvé les
squelettes de sentinelles en armes, à leur poste, aux portes de la ville[1] et ceux de commerçants dans leurs échoppes, leur recette du jour rangée à leur emplacement habituel. Néanmoins, ce drame collectif a été une occasion unique de conserver, dans un état remarquable des milliers de bijoux, d’ustensiles ménagers, d’outils, d’armes, d’objets d’art et nombre d’habitations avec leurs fresques murales presque intactes. En cela, Pompéi est un inestimable trésor archéologique, un joyau du patrimoine culturel européen. C’est aussi, sans doute, le seul lieu au monde, où une architecture civile
a traversé deux millénaires sans être altérée par les strates successives de peuplement et d’urbanisation. Ce qui frappe en arrivant à Pompéi, c’est la grandeur du site. Il s’agit d’une vraie ville avec ses innombrables rues, ses temples, son forum, ses thermes, ses commerces, ses villas, son stade et son théâtre. Une bonne demi-journée suffit à peine à parcourir superficiellement les lieux. Le voyageur averti y consacrera une journée entière, précédée par une visite au musée archéologique de Naples où sont entreposés les
œuvres originales et les objets les plus précieux découverts lors des fouilles. Les mois d’avril et d’octobre se prêtent, particulièrement, à la visite du site. La chaleur n’y est pas écrasante, les flots de touristes raisonnables et les jours suffisamment longs pour disposer du temps nécessaire à l’indispensable visite. Dans ces conditions, il est possible de retrouver l’esprit de la ville, marqué par le raffinement d’une haute civilisation. Il y faut, toutefois, le secours de l’imagination car peu de maisons ont conservé un toit. Celles qui en ont un, le doivent aux travaux de restauration, l’éruption ayant particulièrement endommagé le sommet des édifices. Parmi les maisons les mieux restaurées, il y a la villa des mystères située légèrement en dehors de l’enceinte de la ville. C’est, peut-être, la plus impressionnante car elle unit la richesse de ses fresques à la noblesse de ses proportions. Là, plus qu’ailleurs, on a l’impression de revivre un moment de la vie quotidienne des Romains. Mais, au-delà des émotions esthétiques,
Pompéi fournit un cadre idéal à la réflexion sur le destin des civilisations. Elle nous permet, également, de mieux comprendre ce qui nous sépare du monde antique. Assurément, le voyageur du temps présent ne peut être que frappé par l’équilibre des formes de Pompéi, par le talent de ses architectes, de ses sculpteurs, de ses peintres, de ses artisans et de tous ceux qui l’ont embellie. Cependant, la ville n’était pas considérée, par ses contemporains, comme une cité exceptionnelle. Elle n’est, d’ailleurs, presque jamais citée dans les
annales impériales. Ainsi, se pose la question de savoir comment une banale petite cité portuaire, certes rendue prospère par le commerce, pouvait accueillir autant d’artistes de génie ? Comment expliquer une telle proportion de talents par rapport à la population de la ville ? A son niveau de développement économique et technologique ? Pour l’homme moderne, prisonnier d’un univers artificiel et massifié, l’interrogation même dépasse son entendement. Pourtant, il est une réponse aux mystères des magnificences pompéiennes. Elle se trouve dans les principes qui fondèrent la civilisation européenne : l’élévation de l’esprit par la compréhension et l’imitation des harmonies naturelles. Manifestement, le monde antique utilisait une grande partie de ses ressources à la
poursuite de cette fin élevée. Ceci requérait non seulement la discipline sociale nécessaire à la transmission des techniques artistiques mais aussi un ordre politique prêt à défendre les œuvres de l’esprit. Quand un tel ordre disparaît, ses œuvres sont immanquablement vouées à la destruction. On l’a bien vu avec la chute de l’empire romain. Pompéi n’a, d’ailleurs, échappé à cette fatalité que par un autre coup du sort. En cela, l’éruption y
a causé bien moins de dégâts que les pillards, les iconoclastes et les envahisseurs n’en ont occasionné aux villes qu’ils ont saccagées. Aussi, peut-on à peine se représenter ce que furent les trésors artistiques de la seule ville de Rome. Avec son million d’habitants, elle était, quarante fois plus grande que Pompéi et infiniment plus puissante. En outre, elle ramenait à elle toutes les ressources de l’empire pour parer ses palais et ses temples des plus riches ornements. Or que reste-t-il de ces merveilles ? Pratiquement, rien. Quelques colonnes ébréchées
sur le Forum, le Panthéon et l’ossature du Colisée. Tout le reste a disparu. Les statues de marbre, les vases, les verres précieux ont été brisés, les mosaïques dispersées et l’argent des vaisselles fondu. Malheur aux peuples vaincus, leurs trésors sont réduits en poussière. Comme seront dévastés nos musées et nos cathédrales, lorsque l’heure de l’effondrement ethnique et politique aura sonné. Car que croyez-vous qu’il adviendra si le désarmement du pays et la substitution de population se poursuivent ? Pourquoi Bruxelles échapperait-elle au sort de la Rome impériale ? D’ailleurs, il ne faut pas remonter si loin, dans le passé, pour se persuader que les sociétés sont fragiles. Regardez l’exemple de Bagdad où la chute du régime de Saddam Hussein a immédiatement entraîné le pillage généralisé de la ville, la mise à sac du musée archéologique et l’incendie de la bibliothèque nationale, conduisant à la destruction d’irremplaçables œuvres babyloniennes et de manuscrits
greco-byzantins. On notera, à ce propos, que si quelques bonnes consciences journalistiques ont dénoncé cette tragédie culturelle, aucune n’a souligné que cette vague de pillages a été alimentée par l’opposition intercommunautaire entre les Chiites et les Sunnites et par la pratique ancestrale de la razzia. Peut-être craignait-on, dans les hautes-sphères médiatiques, que les méchants Gaulois n’en vinssent à se dire, par analogie, que les
voleurs de Bagdad étaient aussi dans leurs murs ? Les fouilles de Pompéi ont révélé qu’au moment de l’éruption la ville était en pleine campagne électorale pour le renouvellement de ses édiles – comme l’atteste notamment une affiche électorale peinte, sur un mur de la rue de la Prospérité. Quel qu’aurait été le résultat sorti des urnes pompéiennes, il n’aurait pas empêché le cataclysme. Tel n’est pas notre cas. Le 18 mai prochain, une chance sera
offerte à tous ceux qui veulent éviter la catastrophe et désirent le retour de l’harmonie dans la Cité. Saisissez-là, et votez FNB.
(Bastion n°71 de mai 2003) |