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L'art du débat démocratique

On considère souvent CNN comme la chaîne de propagande américaine.

Sans doute, projette-t-on sur ce média le jugement que nous portons sur les nôtres.

Il faut, en effet, reconnaître à cette chaîne le mérite d'organiser – sur de nombreux sujets d'actualité – de véritables débats contradictoires, ce qui n’est que très rarement le cas chez nous.

Généralement, elle procède de la manière suivante : trois personnalités sont invitées. La première représente le camp des ''OUI'', la deuxième celui des ''NON', la troisième celui des "NI-OUI-NI-NON". Chacun a un droit d'antenne égal. Le journaliste chargé de l'entrevue veille au respect du temps imparti à chacun. Il ne manifeste ni mépris ni sympathie particulière à l'égard des idées exprimées ou de ceux qui les expriment. Il pose des questions impersonnelles visant à une meilleure compréhension des différentes opinions en présence.

Cette pratique déontologique devrait s'imposer à tous les médias belges et à la RTBF en particulier.

Au lieu de cela, on y voit des journalistes (stipendiés ?) qui invitent uniquement des comparses, dont le discours est convenu d'avance.

Le ton général de ces entrevues est celui de la complicité bienveillante, agrémenté de borborigmes approbateurs. L'émotion oriente tout le simulacre de débat. La larme à l'œil remplace l'expression courageuse d'opinions divergentes. Dans cet esprit, on recueille de  plus en plus les témoignages d'enfants qui, inconsciemment, attirent la sympathie des téléspectateurs adultes.

Les opinions recueillies par « radio-trottoir » sont soigneusement sélectionnées pour leur conformisme à l’idéologie officielle, et on présente autant que possible des allochtones au physique avantageux ou à la langue bien pendue, pour manipuler le subconscient.

Les rares fois où un contradicteur est invité, il est choisi pour son discours caricatural et mis dans une situation d'accusé où toutes les questions sont tournées de manière à le rendre antipathique. 

Quant à RTL-TVI, ce n’est pas Philippe Delusinne, ancien conseiller en communication de Di Rupo, qui tolérera des opinions réellement divergentes.

Tel est le régime de l'information auquel nous sommes soumis.  Régime despotique, s'il en est !

 

MANIPULATIONS

Il est connu de tous les spécialistes des médias que la source du message est plus importante que son contenu. Dans l’audiovisuel, on a rarement la possibilité de raisonner: on joue donc sur les émotions.

Un intervenant sympathique fera passer son message beaucoup mieux qu’un intervenant antipathique, et ce, quelle que soit la qualité de leur raisonnement ou la pertinence de leur opinion respectifs.

Certains journalistes n’hésitent d’ailleurs pas à placer leur inter locuteur en position désavantageuse ou non, suivant qu’ils veulent défavoriser ou promouvoir l’opinion émise.

Un enfant suscite la sympathie dans une société ou l’enfant est rare et sujet de toutes les attentions: faire asséner une opinion par un enfant fera adopter beaucoup plus facilement le message.

Le prestige des scientifiques est réel dans notre pays, même s’ils ne sont pas récompensés de leurs compétences: l’opinion d’un professeur, de préférence en tablier blanc dans un laboratoire, aura beaucoup plus de poids que celle d’un simple citoyen, même si le « professeur » s’exprime totalement en dehors de ses compétences. Et lorsque le speaker approuve l’opinion diffusée, on envoie un signal de renforcement très efficace.

Les sondages – manipulés ou non – et plus particulièrement les « radio-trottoirs » ont un influence majeure sur le spectateur: dans une société grégaire et consensuelle, nombreux sont ceux qui adoptent l’opinion qui semble dominante. Il est donc aisé d’influencer l’opinion publique par ces biais.

Il est d’ailleurs piquant de remarquer que de nombreux sondages sont non significatifs. La marge d’erreur – déterminée sur base de la taille de l’échantillon – est souvent supérieure aux pourcentages qui appuient la démonstration.

Mais la manipulation la plus efficace reste le silence: ce dont on ne parle pas n’existe pas médiatiquement et donc n’existe pas, tout simplement.

 

LE DISPOSITIF électoral de la RTBF

EN THEORIE...

Les émissions d’information de la RTBF doivent être faites sans aucune censure préalable et sans ingérence d’une quelconque autorité publique ou privée (art. 7, § 2 du décret du 14.7.1997).

Les émissions d’information de la RTBF doivent être faites dans un esprit d’objectivité (art. 7, § 2 du décret du 14.7.1997). En pratique, cela donne…

  « Seuls les groupes politiques francophones reconnus représentés simultanément à la Chambre des Représentants et au Sénat auront accès aux tribunes électorales télévisées de la RTBF. »

(NDLR: il est évident que la règle sera durcie si un gêneur devait répondre dans le futur à ces critères)

La RTBF a décidé d’exclure de ses débats et de ses tribunes électorales tout candidat figurant sur une liste d’un parti ou d’une formation prônant ou ayant prôné (NDLR: même si on a changé d’avis depuis longtemps) :

- des doctrines ou messages basés sur des distinctions, dans la jouissance des droits et Libertés […]

- des doctrines ou messages basés sur la discrimination, […] (NDLR: les discriminations « positives » ne sont évidemment pas prises en compte !)

- des doctrines ou messages constitutifs d’outrages aux convictions d’autrui (NDLR: c’est quoi la liberté d’opinion?) , incitant à la discrimination, […] en raison de […] leur nationalité […]

(NDLR: la nationalité est un concept juridique qui établit par nature une discrimination entre nationaux et non nationaux. La RTBF nie donc le concept même de nationalité !)

Les groupes politiques francophones reconnus représentés simultanément à la Chambre des Représentants et au Sénat auront accès aux tribunes électorales radios. Celles-ci seront au nombre de 10 et d’une durée de 3 minutes chacune. […]

Les autres formations francophones qui présentent au moins une liste dans toutes les circonscriptions électorales de la Région wallonne et dans l’arrondissement électoral de Bruxelles-Hal-Vilvorde à la Chambre, ainsi que dans le collège électoral français au Sénat, pourront chacune avoir accès à deux tribunes radio de 3’00 chacune, […]

Tous les débats sont réservées au seuls 4 partis qui se sont auto-proclamés « démocratiques ». Exemple: « Débats sur les enjeux de l’élection : Un billet d’une minute de présentation du débat du jour qui se déroulera dans le cadre de « Face à l’Info » de 18 H 20 à 19 H avec la participation des représentants des 4 partis francophones (PS, MR, Ecolo, CDH), sur les mêmes thèmes que ceux de Mise au Point… »

NDLR: il n’y aurait donc que 4 partis francophones… Les autres n’existent pas pour la RTBF! Toutes les autres dispositions ne prévoient que l’accès à la télévision des 4 partis qui se sont auto-proclamés démocratiques. Il n’y a aucun accès possible « au seul média qui compte » pour les autres partis.

Les petits partis doivent introduire leur demande suivant des formalités très précises, par lettre recommandée entre le 26 avril à 16 Hr au plus tôt et le 29 avril à 12 Hr au plus tard. (NDLR: cela laisse 12 Hr ouvrables aux demandeurs).

La demande doit notamment reprendre les statuts, la liste de tous les dirigeants, le programme électoral complet, Etc.

Les demandes qui ne respectent pas les conditions de fond, de formes ou de délais requis ou qui ne sont pas accompagnées des documents requis seront d’office écartées.

« Les tribunes électorales ne peuvent contenir de références directes ou indirectes aux drapeaux, hymnes, couleurs, armoiries, devises ou autres éléments officiels de l’Europe, de la Belgique ou d’une de leurs composantes. »

« Les tribunes électorales doivent être construites positivement en évitant de discréditer ou de tourner en dérision les autres partis politiques et d’attaquer personnellement leurs représentants. »

(NDLR: en bref, toute critique des 4 partis en place est quasi interdite…)

De toutes manières, le Conseil d’Etat a estimé que la RTBF dispose d’un pouvoir discrétionnaire pour décider qui a accès ou non à l’antenne… (Arrêt du Conseil d’Etat N°80.787 du 9 juin 99). On n’est jamais trop prudent: des adversaires pourraient répondre aux critères !

 

(Bastion n°71 de mai 2003)

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