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Sur le chemin de Bagdad

  par Charles Magne

 

Sur la route de Bagdad, je ne me suis converti à aucune religion médiatique. Ni Al-Jazira, ni CNN, ni la RTBF ne m’ont convaincu de la justesse de leur vision de la guerre en Irak. Comme prévu, la chaîne arabe a excité l’indignation des masses musulmanes sur fond de solidarité ethnique. Il n’y a eu que les islamophiles pour s’en étonner. Pour sa part, CNN a fait entendre la voix de l’empire. C’était dans l’ordre des choses. Quant à la RTBF elle a choisi la voie du pire. C’est dans sa mission de porte-parole d’une classe politique dévoyée.

Dans l’océan de propagande télévisuel où faut-il chercher notre vérité ? Nulle part, assurément. Cela signifie-t-il qu’il faille abandonner toute prétention à se faire une opinion ? Certes, non ! Mais cette recherche doit être conditionnée par une motivation unique : la défense de notre socle ethno-culturel. Le reste n’est que chimère de l’esprit

Forts de cette pensée, nous pouvons voir les choses telles qu’elles sont et non telles qu’on nous les présente. Au-delà de tous les jugements de circonstance, il faut rappeler que cette seconde guerre du golfe était prévisible. Je l’avais, d’ailleurs, annoncée dans ces colonnes, au mois d’avril 2000 : « Au XXIe siècle, les conflits seront (…) marqués par la ruée générale vers les ressources naturelles, toutes en voie de raréfaction, le pétrole en particulier ».

 Toute autre considération est secondaire et ne vient que renforcer un faisceau de facteurs qui ont concouru à l’attaque de l’Irak par les Etats-Unis et par leur croupion d’allié britannique. Au centre de la motivation pétrolifère américaine, il y avait la crainte de perdre le contrôle des puits saoudiens. En effet, en 2005, la concession d’Aramco vient à expiration. Or, rien ne dit qu’elle sera renouvelée si, entre-temps, le vieux roi Fahd rejoint le paradis d’Allah et si son héritier, réputé anti-occidental,  accède au trône.

  Un autre objectif de ce conflit était de neutraliser la puissance chinoise naissante. Celle-ci n’a pas les ressources énergétiques de son développement économique. Elle devra, par conséquent, faire appel à celles du Moyen-Orient. Or, la Chine est perçue, par les stratèges du Pentagone, comme le grand rival du nouveau siècle. En maîtrisant ses sources d’approvisionnement, les Etats-Unis disposeront d’un moyen efficace de la dissuader de toute aventure militaire dans le Pacifique.

Parmi les autres facteurs, qui ont conduit à ce conflit, il faut ajouter les intérêts privés de la famille Bush. Présents non seulement dans les firmes pétrolières texanes mais, aussi, dans la société-holding Carlyle, laquelle contrôle des pans entiers de l’industrie de défense américaine. Or, s’il est bien un lobby puissant aux Etats-Unis, c’est le lobby militaro-industriel qui a besoin régulièrement (tous les 2 à 3 ans) d’une guerre pour maintenir sa production et ses effectifs. En outre, depuis la première guerre mondiale, les Américains ont pris l’habitude de relancer leur économie par des conflits extérieurs dont ils font payer la note à leurs alliés.

Certains s’étonneront que je n’évoque pas, parmi les causes de ce conflit, ce que l’on désigne souvent comme « le lobby juif » du Congrès. Certes, on ne peut nier qu’Israël avait tout intérêt à voir le régime de Saddam  Hussein renversé par la force des armes U.S. Aussi a-t-il poussé de tous ses relais médiatiques pour soutenir cette intervention. Toutefois, la sociologie politique américaine (l’électorat juif soutient traditionnellement le parti démocrate) fait penser que ledit lobby a été instrumentalisé par Bush au profit de sa politique impériale. Il est d’ailleurs, possible, qu’Israël doive un jour payer cher ce conflit.. Notamment par la création d’un Etat palestinien et le retrait de ses colonies.

Toutes ces causes sont-elles un mal en soi ? Certainement pas du point de vue de l’Oncle Sam. La guerre achevée, il aura étendu sa sphère d’influence au Moyen-Orient et garanti le ravitaillement pétrolier de ses industries et de son armée pour les trente prochaines années.

Incidemment, il faut bien prendre conscience que les guerres d’expansion réussies sont le résultat de systèmes sociaux-économiques performants. Les peuples forts s’imposent aux peuples faibles et leur disent sans fard onusien : pousse-toi de là que je m’y mette !  Les peuples faibles ne comptent pas plus que des grains de sable emportés par les tempêtes du désert. Leurs voix s’y perdent. L’histoire, toujours en marche, ne s’en fait pas l’écho.

Aussi ne sert-il à rien de s’indigner des faits et des méfaits des puissants si l’on est pas soi-même en mesure de s’en faire respecter.

Pour l’Islam, ce conflit est une humiliation de plus. Son impuissance militaire et technologique congénitale va accroître sa haine de l’Occident en bloc – des idiots utiles, pacifistes à keffieh ou à poil, comme tous les autres. Le conflit de civilisation va être exacerbé. De par ses frontières, ses masses d’immigrés et ses cohortes de convertis, l’Europe sera aux premières loges du feu d’artifice que lui offriront les adeptes du croissant vert. Avec le basculement ethnique en cours, il n’y manquera pas de bras pour animer la fête sanglante.

Paradoxalement, et dans un premier temps seulement, les Etats-Unis seront peut-être plus épargnés que l’Europe, par les nouvelles vagues de terrorisme islamiste. Leur éloignement géographique des terres d’islam conduira au déplacement des tensions civilisationnelles vers notre continent, lequel jouera le rôle de zone tampon. De surcroît, ils auront envoyé un message clair a tous les régimes musulmans : « au premier faux-pas on vous débarque manu-militari». Aussi ces régimes seront-ils incités à poursuivre les composantes terroristes anti-américaines qui agissent sur leur sol. Mais ce répit sera de courte durée. La répression policière augmentera, inévitablement, l’insatisfaction des foules musulmanes – comme au Pakistan, en Algérie, au Maroc, en Jordanie ou en Egypte. Elles formeront un vivier inépuisable pour les terroristes et leur djihad.

Pour l’axe Paris-Berlin et son annexe bruxelloise, cette guerre demeurera le révélateur de toutes ses faiblesses et de toutes ses incohérences politiques. Membre de l’alliance atlantique, il s’est fortement opposé à son protecteur américain soutenant, au nom du droit, la dictature de Saddam Hussein. Prêchi-prêchant la démocratie, il a brandi la menace du veto régalien face à un éventuel vote à la majorité d’une seconde résolution favorable à la guerre. La fin du conflit semblant approcher, il a retourné sa veste rappelant le caractère sacré du lien transatlantique et l’espoir de voir la dictature de Hussein renversée. Ainsi, Ben Shirak et le sous-calife Schröder auront réussi le double exploit de trahir, en quelques jours, leur allié de la veille et celui du lendemain.

On ne peut comprendre ces revirements soudains, sans voir que ce qui anime ce duo infernal c’est la peur au ventre de l’électorat musulman, particulièrement nombreux dans leur pays. Cette crainte viscérale l’a précipité dans un exercice de girouettes folles où il s’est ridiculisé puis humilié.

Cette confusion mentale s’est également étendue à certains mouvements dits nationalistes en Belgique. N’ont-ils pas manifesté, contre les Etats-Unis, le drapeau irakien en tête avec les enturbanés de Molenbeek et de Saint-Josse ? Soutenu des peuplades allogènes contre des soldats appartenant à leur sang – dont ils ont font si grand cas par ailleurs ?[1] Toutefois, cette communauté d’origine avec certaines composantes de l’armée américaine ne doit pas nous impressionner outre-mesure. Elle doit seulement nous inciter à ne pas prendre fait et cause pour l’ennemi contre ce qui n’est qu’un concurrent.

Le chemin est étroit entre l’américanolâtrie et l’islamophilie[2]. On évitera le premier piège en prenant conscience que l’empire yankee a déployé ses troupes en Mésopotamie pour en évincer les Européens. On ne tombera pas dans le second, en regardant le spectacle ethnique offert par nos rues et l’islamisation croissante de la Belgique.

Alors que faire ? D’abord, renouer avec la volonté de puissance, prélude à notre réarmement moral et physique. Ensuite, rétablir des frontières nettes avec l’islam en pratiquant l’endiguement (containment) civilisationnel. Ce n’est que par ce moyen que nous pourrons assurer notre sécurité et éviter de nous retrouver à la croisée des chemins des futurs conflits qui s’annoncent.

 



[1] Les faits sont têtus, nous n’y pouvons rien ! Aussi doit-on constater, bien que les pseudo-races n’existent pas - que les troupes d’élite américaines sont composées, contrairement au reste de l'armée, quasi exclusivement de descendants d’Européens dont les noms sont souvent d’origine nordique…

[2] Les deux sont d’ailleurs compatibles selon les circonstances. On l’a bien vu avec la guerre au Kosovo.

 

(Bastion n°71 de mai 2003)

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