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COCKERILL : CHRONIQUE D’UN Désastre prévisible

 

En 1998, le Bastion dénonçait déjà la vente de Cockerill-Sambre par la Région Wallonne à Usinor. D’une part, la vente avait été mal négociée par Robert Collignon, beau parleur mais piètre homme d’affaires: il n’en avait obtenu que 26 milliards de francs belges alors qu’il aurait dû en obtenir 40, s’il avait moins tergiversé: la vente a été conclue lors d’un effondrement boursier.

Déjà à l’époque, nous avions prévu la fermeture totale du fleuron de la sidérurgie wallonne. Nous avions raison en ce qui concerne la sidérurgie à chaud liégeoise et nous craignons d’avoir raison, d’ici une décennie au plus tard, pour le reste de l’entreprise.

Pourquoi était-ce prévisible? Simplement parce que la sidérurgie wallonne est mal située: elle est née dans le sillon Sambre et Meuse parce qu’on y trouvait du charbon, et jusqu’au début du XXième siècle du minerai de fer. Sans charbon et sans minerai de fer, l’entreprise se trouve handicapée par rapport à la sidérurgie en bord de mer.

C’est la leçon qu’avait depuis longtemps tirée l’Arbed en créant Sidmar et en restructurant la sidérurgie grand-ducale.

Est-ce dire que Cockerill était condamnée depuis longtemps? Non. Le savoir-faire wallon restait un atout majeur qu’il aurait fallu mieux exploiter. Cockerill disposait en outre d’un excellent réseau commercial et de brevets qui valaient de l’or. Mais Cockerill-Sambre devait rester indépendant, ou au mieux s’associer pour créer des synergies et des complémentarités.

Si le gigantisme permet des économies d’échelle, une taille réduite permet une plus grande souplesse. La Fafer de Charleroi a longtemps démontré (tant qu’elle est restée indépendante) qu’une entreprise petite dans ce secteur pouvait s’avérer extrêmement rentable: il ne faut pas produire la même chose que les autres et mieux s’adapter à des demandes spécifiques. Mais pour cela, il fallait que Cockerill reste maître de son destin.

Les travailleurs de Cockerill-Sambre étaient capables de relever ce défi, à condition de conserver un climat social serein.

Par contre, il était prévisible que l’absorption de Cockerill-Sambre par un grand groupe, tel que Usinor, devait se terminer tôt ou tard par un bain de sang social. Usinor a récupéré le réseau commercial et s’est approprié les précieux brevets.

Dès lors, il était quasi certain qu’au premier renversement de conjoncture, on sacrifierait les entités les moins rentables, celles qui ne se situent ni près des mines, ni près de la mer.

Et ce qui était vrai pour Usinor devenait encore plus vrai au sein d’un groupe mondialisé comme Arcelor.

Tout les initiés le savaient. Ce n’est pas pour rien que la management belge a été intégralement remplacé par des Français: il s’agissait d’acquérir au plus vite le savoir-faire wallon.

Maintenant les dés sont jetés. Ce ne sont pas les ridicules pénalités contractuelles qui dissuaderont la multinationale, ni les gesticulations hypocrites des politiciens wallons.

Le désespoir des sidérurgistes liégeois et bientôt carolos est bien compréhensible et les actions qu’ils envisagent n’y changeront, hélas, rien.

La logique voudrait qu’ils sanctionnent les imbéciles qui sont responsables de cette prévisible catastrophe: les politiciens wallons et particulièrement socialistes. Et la seule sanction efficace est de ne plus voter pour eux. Cela ne changera sans doute rien pour le passé, mais cela obligera peut-être les politiciens wallons à dorénavant réfléchir avant de prendre des décisions irresponsables au seul motif d’enjoliver le budget wallon avant les élections.

Mais sans doute est-ce un vœux pieux… La fidélité au parti est tellement ancrée dans l’esprit des Wallons, que leurs maîtres pourront continuer à faire n’importe quoi, sans la moindre crainte…

Les bonimenteurs à la Collignon ont encore de beaux jours devant eux.

F.X.Robert

(Bastion n°68 de février 2003)

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