Programme FNB - Le FNB - Démocratie - Insécurité - Islam - Armes - Armée belge - Santé - Féret - Le Bastion - Emploi - Enseignement - Vos élus - |
POLITIQUE : GAUCHE OU DROITE ? Le
clivage gauche droite date historiquement de la Constituante française
(1789-1791), les députés y adoptèrent une disposition spatiale en fonction de
leurs affinités politiques. Bien qu’elle ne reflète en rien la complexité
des options politiques possibles, l’opposition gauche-droite s’est perpétuée
dans la plupart des pays. Pour l’électeur moyen, il importe de se positionner de manière claire dans un espace politique simple : un axe gauche-droite. Toutes les tentatives de positionnement en dehors de cet espace linéaire (ni gauche, ni droite…) donnent une impression de flou qui déplait à la plupart des électeurs : les classements multicritères ont toujours posé des problèmes logiques difficiles à résoudre, même pour des scientifiques chevronnés, il est donc normal que le commun des mortels ait besoin de se raccrocher à un système simple, même insatisfaisant. La
possibilité d’une réelle alternance politique, en fonction du résultat des
urnes, est une caractéristique de la démocratie. Or tout système où le
gouvernement se fonde sur une majorité parlementaire a toujours tendance à
provoquer une bipolarisation, majorité contre opposition. L’axe des
clivages varie en fonction des problèmes de l’heure. La bipolarisation est
particulièrement perceptible en cas de scrutin majoritaire (France,
Grande-Bretagne…) du fait de la logique binaire que ce système induit. L’axe gauche-droite, s’il a conservé certaines constantes au long de l’histoire, a largement évolué depuis la révolution française : les mentalités et les enjeux ne sont plus du tout les mêmes. Au début, la gauche représentait plutôt les masses populaires et la droite les élites. Si ceci a largement changé – la gauche est dirigée par ses propres élites[i] – il n’en reste pas moins qu’il subsiste de larges séquelles de cette évolution historique. La gauche se
caractérise généralement par le collectivisme et l’égalitarisme. La droite
par l’ordre, le travail et la famille. Dès le début, les leaders de la gauche ont voulu satisfaire les besoins
élémentaires les plus immédiats du prolétariat (prendre l’argent où il
est, pour le redistribuer à qui en a besoin) tandis que la droite s’est
profilée plutôt dans une perspective de stabilité, de légalité et de création
de bien-être (investir pour le futur). La misère du prolétariat poussait celui-ci à trouver un exutoire dans un « monde meilleur » et la recherche d’utopies. Cette volonté de fuir le présent et de changer le monde a été le moteur d’une dynamique dite de « progrès » ou le changement – quel qu’il soit – valait mieux que la réalité quotidienne. « Du passé faisons table rase ». Les politiques de gauche ont, dès lors, souvent consisté à exploiter le mécontentement des masses pour satisfaire les buts d’élites manipulatrices : cette dynamique révolutionnaire a été exploitée par d’ambitieux arrivistes et a mené notamment aux totalitarismes marxistes-léninistes, fascistes et nazis, régimes qui, une fois installés, s’apparentaient clairement à des oligarchies. Même
le socialisme, plus modéré, est devenu un mode de promotion sociale et
d’accession au pouvoir pour des élites (la gauche-caviar…) qui se servent
de la misère et du mécontentement des masses pour satisfaire leurs propres
objectifs. Très rares sont les responsables socialistes qui partagent leurs
propres revenus ou leur fortune à soulager la misère d’autrui. Au contraire,
la plupart s’enrichissent personnellement et se déculpabilisent en
distribuant l’argent qu’ils prennent aux « riches ». Leur
enrichissement personnel représentant sans doute à leurs yeux la « commission
pour intermédiaire » ou la « rémunération pour services rendus »
à leurs clients politiques. Les partis de masse et les syndicats sont particulièrement
vulnérables à l’embourgeoisement de leurs élites[ii]. Arrivées
au pouvoir, réalisme politique oblige, les élites de gauche se trouvent devant
un dilemme. Soit elles pratiquent une politique de gestion à l’instar de la
droite – elles s’embourgeoisent alors et renoncent à leur idéologie –,
soit elles se lancent dans une logique de fuite en avant. Les théories de
gauche ont démontré leur inefficacité, il importe dès lors d’incriminer le
système en place et de mobiliser les masses vers le changement pour le
changement dans une dynamique de « progrès », voire de révolution. Les
politiques volontaristes de gauche visent à changer l’homme et la société,
sinon à créer un « ordre nouveau ». Pour imposer le changement,
vaincre les résistances, briser l’ordre établi, matérialiser ses utopies,
la gauche doit limiter, voire supprimer – toujours temporairement, prétend-elle
– les libertés. Elle doit également stigmatiser, voire détruire tous les
obstacles à sa politique volontariste. La gauche ne
peut jamais résoudre les problèmes qu’elle dénonce, ni réaliser les
objectifs qu’elle désigne. Elle y perdrait sa raison d’être : le prolétaire
devenu bourgeois voterait à droite. La gauche se doit donc de proposer des utopies
mobilisatrices. La gauche doit toujours dénoncer le présent et promettre un
futur idyllique comme le grand soir. La gauche doit justifier ses échecs – prévisibles
– en dénonçant les « forces réactionnaires », en trouvant des
boucs émissaires, en abattant ses adversaires. La
gauche progressiste est donc intrinsèquement intolérante pour tout qui
s’oppose ou dénonce ses projets. La
dynamique de fuite en avant a mené aux plus grandes catastrophes politiques de
l’histoire : la révolution russe, les purges staliniennes, la seconde
guerre mondiale avec son cortège d’horreurs, le grand bond en avant chinois,
la révolution culturelle chinoise, les massacres des Kmers rouges… Les utopies mobilisatrices relèvent du rêve et ne résistent pas longtemps à la critique et à l’argumentation. Les élites de gauche ne peuvent donc tolérer de véritable débat : rapidement elles sont obligées de recourir aux attaques ad hominem et à la disqualification de leurs contradicteurs. L’émotion manipulatrice ne peut recourir qu’à des sentiments pour se perpétuer et combattre la raison. La
gauche a besoin de manipuler les masses. L’écologie politique est partie de
problèmes bien réels, dont la plupart ont reconnu le bien fondé et la
pertinence, elle pratique désormais une fuite en avant en suscitant des peurs
irrationnelles et en montant en épingle des problèmes relativement bénins.
Les Ecologistes belges n’ont par ailleurs quasi rien réalisé dans le domaine
de l‘écologie, mais se sont focalisés essentiellement sur des problèmes
tels que l’immigration, la liberté des mœurs ou la libéralisation des
drogues. La gauche considère le prolétaire comme une victime du système : il ne serait pas responsable de ses actes. Il doit être secouru, parce que même responsable de son état, il aurait été mal éduqué, il serait déterminé par son environnement social : les circonstances l’ont mis sur la mauvaise voie. C’est le système économique et social qui serait responsable et doit donc être changé. Pour la gauche, il importe donc de protéger les individus contre eux-mêmes : il faut faire de la prévention (c’est-à-dire empêcher certains comportements indésirables) plutôt que de la répression (laisser les gens libres de choisir, mais punir les comportements déviants). La
droite par contre considère l’individu comme maître de son destin, autonome
et responsable : disposant de son libre arbitre, il devrait être récompensé
de ses efforts et sanctionné pour ses fautes. La droite se caractérise par
le lien de causalité entre un acte et ses conséquences. La droite refuse
en général de faire de la société un laboratoire social permanent et se fie
plus à la tradition : celle-ci représente la somme consensuelle de
l’empirisme collectif. La droite a besoin d’ordre, de stabilité et de
sécurité: ce sont des conditions indispensables pour travailler, pour faire du
commerce, pour construire, pour la recherche, pour créer une société prospère.
La droite parie sur un homme libre et responsable. L’égalité
réelle, objectif de la gauche, ne peut se faire qu’aux dépens de la
liberté : dans les faits, les individus sont fondamentalement inégaux,
tenter de les rendre égaux ne peut se faire que par un nivellement par le bas,
en limitant les potentialités des meilleurs et en confisquant à une minorité
ce que l’on veut redistribuer à la majorité. On ne fera jamais d’un baudet
un cheval de course. L’égalité réelle est une utopie néfaste, non
seulement elle ne pourra jamais exister, mais elle est contraire à
l’efficacité puisqu’elle dissuade toute tentative de faire mieux que la
masse et mise sur la contrainte. Le
libéralisme économique n’est plus forcément de droite, comme le démontre
la conversion récente – au moins dans les faits – de nombreux socialistes
à l’économie de marché, et l’intégration de la pensée libérale dans le
corpus de la pensée unique. Le socialisme se veut désormais gestionnaire. L’échec
patent des théories marxistes a imposé à la gauche déboussolée de changer
de fond de commerce. La
gauche caviar, souvent issue de mai 68, se veut libertaire : sa nouvelle
utopie refuse toute contrainte, toute barrière, toute frontière, toute
responsabilité. Elle défend les droits des individus et oublie totalement les
devoirs et obligations qui y sont liés. La nouvelle idéologie de la gauche, ce
sont les droits de l’homme, mais sans les obligations corrélatives et sans
s’interroger sur les moyens. L’ancien
prolétariat s’étant embourgeoisé et le niveau d’éducation s’étant
élevé, la gauche se cherche un nouveau prolétariat : d’une part on
importe massivement des populations immigrées, pauvres, vulnérables, déracinées
et peu éduquées et d’autre part on pratique le clientélisme politique. La
gauche maintient le prolétariat dans une dépendance proche de la servitude en
l’infantilisant, en l’empêchant de s’émanciper et d’assumer ses
responsabilités. Paradoxalement,
le bien-être de notre société a socialisé l’esprit d’élites culpabilisées
et embourgeoisé les masses autochtones. Les élites ont perdu toute notion de
causalité entre les actes et leurs conséquences, toute notion de responsabilité,
toute vision à long terme. Elles pratiquent, sous couvert des droits de
l’homme, une nouvelle fuite en avant démagogique dont les axes sont
l’immigration, le laxisme généralisé et l’égalitarisme réel. Ce
dernier ne vise plus une égalité en droit, ni même une égalité des chances,
mais une égalité de fait, quels que soient les talents, les mérites et les
efforts. Les droits de l’homme, vache sacrée contemporaine, coupent les ailes
à toute critique et toute contestation, et discréditent par avance toute
contradiction. Ce
cocktail explosif nous promet de sombres lendemains. L’égalitarisme réel
ankylose la société et paralyse tout dynamisme – à quoi bon l’effort,
puisque l’inertie aboutit au même résultat –, le laxisme généralisé mène
à l’anarchie et donc à la domination des plus forts, l’immigration
introduit dans la place un nouveau prolétariat qui ne demande qu’à dominer
les autochtones réputés dégénérés et enfin, le prétexte des droits de l’homme
interdit par avance tout débat. Il n’est guère difficile d’imaginer à
quoi mène cette combinaison instable et hautement détonante.
[i] Tout régime politique tend à être oligarchique (dirigé par une minorité) et toute organisation (parti, syndicat…) tend à générer et à être dirigé par des élites, comme l’ont démontré Gaetano Mosca, Vilfredo Pareto et surtout Robert Michels. [ii] Voir la loi d’airain de l’oligarchie, de Robert Michels. Les partis politiques: Essai sur les tendances oligarchiques des démocraties. Paris: Flammarion, 1971. 309 p [iii] Supposons une assemblée composée de trois partis, la Gauche avec 74 députés, la Droite avec 74 députés, et le Centre avec 2 députés, il y a de fortes chances que ce soit ce Centre qui décide du type de coalition. Il possèdera dès lors une influence sans rapport avec sa représentation. [iv] Certains avaient en effet des comptes à régler avec ce « centre mou» (PSC-CVP), qui par sa position stratégique, déterminait souverainement les coalitions en dépit du rapport de forces réel issu des élections.
(Bastion n°65 de novembre 2002) |