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IRAK: La peste ou le Choléra ?

 

En juillet 1990, l’ambassadrice des États-Unis à Bagdad, April Glaspie, laisse entendre à Saddam Hussein que les USA ne bougeront pas en cas d’agression contre le Koweït. Et d’autre part, les USA encouragent le Koweït à se montrer intransigeant avec l’Irak.

Le 1er août 1990, l’Irak envahit le Koweït. Une campagne de désinformation est montée de toutes pièces contre l’Irak: le témoignage fantaisiste d’une dénommée Nayirah à propos de couveuses n’en est que la manipulation la plus connue.

Le résultat: une très large coalition militaire, réunie autour des USA, qui permet une libération rapide du Koweït. En quatre jours, la tempête du désert abat ce qu’on présentait comme la quatrième armée du monde. Et curieusement, les colonnes blindées en marche vers Bagdad sont arrêtées dans leur élan, par décision de Bush père. Sans raison apparente.

Le maintien de l’épouvantail Saddam Hussein à la tête de l’Irak justifie le déploiement permanent de troupes américaines à proximité des puits de pétrole d’Arabie.

Le Roi Fahd d’Arabie est vieux, son régime est instable et contesté par des Oulémas, qui jugent sa politique trop « progressiste ». L’Arabie n’est plus considérée comme un allié fiable par les Américains, surtout depuis le 11 septembre 2001. Le stationnement de troupes américaines sur la terre sacrée de l’Islam est contesté, et pas seulement par Ben Laden.

Les USA ont désormais besoin d’une solution de rechange pour justifier la présence d’un contingent permanent dans le Golfe. L’installation d’un régime fantoche en lieu et place de Saddam Hussein est une solution d’autant plus réaliste pour Bush, qu’elle permet de contrôler les réserves de pétrole les plus élevées au monde après l’Arabie Saoudite.

Les accusations contre l’Irak ne sont que rhétorique destinée aux médias et à l’opinion. L’Irak ne constitue une menace sérieuse que pour Israël. Saddam n’est pas un ange, mais s’attaquer aux USA lui ferait subir le même sort que les Talibans.

Bush pratique la real politique et se moque de la morale. La question n’est dès lors plus de savoir si Saddam Hussein est de bonne volonté ou non, mais si les chances de le renverser sont jugées satisfaisantes.

Bush joue cependant avec le feu. Il y a un risque sérieux d’embraser la région, voire de provoquer une guerre – jugée inévitable à terme par certains spécialistes – entre l’Occident et le monde islamique. Mais peut-être juge-t-il qu’il vaut mieux un tel conflit maintenant, que plus tard...

Quelle doit être l’attitude de l’Europe?

D’une part, les USA sont un « grand frère » arrogant et méprisant, qui n’hésite pas à abuser de sa force politique et économique pour nous imposer ses vues.

D’autre part, un monde musulman agressif et conquérant, qui professe une rancune tenace des croisades et de la colonisation. Un islam dont la finalité est la destruction de notre civilisation.

L’Europe a le choix entre un monde musulman qui veut nous détruire et un « allié » qui nous traite comme des laquais.

Les États-Unis considèrent l’Europe avec mépris: à part la Grande-Bretagne, il s’agit d’alliés faibles et peu fiables, avec des ambitions politiques démesurées pour leurs moyens. L’Europe est un nain politique. Elle ne possède ni les moyens d’assurer sa défense, ni a fortiori la possibilité de mener seule une opération militaire sur un autre continent. Elle prétend donner des leçons aux USA, mais compte sur eux pour sa défense.

Nous n’avons pas les moyens d’infléchir la politique des États-Unis. Faute de parler d’une même voix, faute de poids politique ou militaire suffisant, faute de réalisme.

Nous pouvons encore moins prendre le parti d’un monde islamique, qui méprise notre faiblesse et notre décadence, qui attend son heure pour nous conquérir, et qui rit sous cape de nous voir réchauffer en notre sein les vipères d’Allah qui doivent nous abattre. Nos courbettes et nos millions d’euros ne dissuaderont pas plus les musulmans que le tribut et les concessions de Rome n’ont arrêté les Germains.

Suivre nos maîtres américain n’a de sens que si cela nous laisse le temps de nous renforcer, de forger le glaive d’une politique autonome et cohérente...

L’Europe n’a pour politique que ses bons sentiments, ses doutes, ses émotions et sa pusillanimité, face à une real politique américaine s’appuyant sur 40% des dépenses militaires mondiales et à un monde musulman sûr de sa mission divine.

Il faut donc craindre, pour paraphraser Churchill, que nous choisissions à nouveau le déshonneur plutôt que la guerre, et nous aurons sans doute à la fois le déshonneur et la guerre.

 

François-Xavier ROBERT

 

(Bastion n°64 d'octobre 2002)

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