Par Edgard FLANDRE
Ancien sénateur Ecolo et chroniqueur du FNB
Ancien agrobiologiste,
Ancien Président des agrobiologistes belges
Aucune politique n’acquerra de la durabilité si
elle n’en revient à la promotion d’une agriculture artisanale et
familiale. Il faut vouloir arriver à rendre aux fils et filles des
derniers agriculteurs en péril, le goût de l’entreprise agricole.
Ils sont la sauvegarde de l’équilibre alimentaire et de l’environnement.
Penser à leur remplacement par des agents spécialisés est folie
suicidaire vu l’étendue du territoire rural et le coût qui serait
engendré. L’une de ces erreurs fut commise lors des remembrements
inconsidérés dans lesquels les reliefs, courbes de niveau, marais,
haies, boqueteaux... etc ne furent absolument pas pris en compte.
D’autre part, l’agriculture « phyto-chimique »
prônée par l’industrie et les cadres, fut développée à outrance
en engendrant ainsi l’endettement de la classe agricole et la
déconsidération des consommateurs qui ne virent plus en elle que l’empoisonneuse
publique.
Vous l’aurez compris, l’avenir agricole ne pourra
se réaliser que par l’agrobiologie. C’est la seule forme d’agriculture
qui prend en compte la qualité et la quantité de la production, mais
aussi le bien-être de la famille agricole et le respect de son
environnement. La mentalité d’un esprit «biologique » est
totalement différente d’un esprit «chimique ».
Permettez-moi de vous citez deux exemples concrets au
travers de la façon d’alimenter un être humain et de celui de
fertiliser une culture en bordure d’une haie existante.
Il y a deux façons de nourrir un homme :
le baxter d’hôpital, dans lequel le médecin
incorporera tout ce dont il pense être les besoins du malade et ce
selon une forme de synthèse (C’est «l’agriculture
chimique » qui se passe des collaborateurs – organes de
digestion – faune du sol),
l’autre façon d’alimenter le malade est la
façon traditionnelle mais en y incorporant les additifs alimentaires
nécessaires à sa guérison – vitamines, minéraux, oligos,... (C’est
« l’agriculture biologique » qui a besoin de ses
collaborateurs – organes de digestion – faune du sol).
Autre exemple, la haie et la culture implantée:
En «chimie », la haie devient, non seulement,
gênante pour le passage des engins agricoles de plus en plus
sophistiqués et gigantesques, mais en plus, elle entre en concurrence
de fertilisation suite à son système radiculaire plus développé et
la culture avoisinante souffre ainsi dans sa croissance. Il parait alors
logique d’éradiquer la haie. En agrobiologie, la haie va servir de
brise-vent, d’abri pour le bétail et la faune sauvage et ne
concurrencera pas la culture proche, car la fertilisation employée
(compost enrichi) va être distribué aux plantes à bon escient par la
faune microbienne du sol, une part pour la haie et une part pour la
culture. Seule, une concurrence de lumière et d’air peut subsister
entre la haie et la culture, mais qui sera largement compensée par le
bénéfice de protection des mauvais vents dont va bénéficier la
culture implantée.
D’autres bienfaits sont à attendre de l’agrobiologie,
comme la réduction des frais « vétérinaires » et des produits
de traitement pour un meilleur état sanitaire de l’élevage et des
plantes cultivées. Mais il faut avouer que les différentes prestations
de l’agrobiologie vont exiger un peu plus de main d’œuvre… N’est-ce
pas tant mieux ? La famille pourra ainsi s’y employer et le
chômage s’en trouvera d’autant dégagé.
Le retour à une agriculture plus artisanale allant
dans le sens de la finition du produit à consommer plutôt que la
promotion d’une production industrielle de matières brutes est à
encourager et à établir. Le portefeuille de l’agriculteur s’en
trouvera mieux et, son moral aidant, l’agriculture tout entière
retrouvera son âme que des décideurs politiques imbéciles et des
cadres incompétents lui avaient fait perdre. Certes, tous les «
profiteurs » vont y perdre des gros sous... Mais quel bénéfice pour
toute la société !
Vous aurez entendu dire, une fois de plus, que l’on
allait réformer la politique agricole commune (P.A.C.). A quoi sert de
réformer encore et toujours ce qui est devenu le fossoyeur du monde
paysan, dont le seul but est de réalisez les échanges extra-européens
(devises multiples) par le biais fructueux des multinationales?
A cette finalité, l’agriculture a tout d’abord
été considérée comme la poubelle sans fond des crassiers de l’industrie
transformés pour la bonne cause en engrais chimiques (scories de
déphosphoration, par exemple). Ensuite, l’agriculture a dû se
soumettre à diverses formes d’asservissement : garrottage
bancaire, attribution de primes conditionnelles en place de
rémunération du travail, banques de semences, fertilisants,
phytopharmacie, technocratie, bureaucratie, paperasserie, etc qui la
culpabilise face aux vautours du fisc qui ne voient en elle qu’une
grande tricheuse et face aux différents contrôleurs qui appliqueront
la multitude des lois dans lesquelles l’agriculteur ne s’y retrouve
plus. Lois édictées par suite des trafics monstrueux élaborés sur le
dos des agriculteurs par les usines de transformation et dont les
scandales meurtriers ont défrayé la chronique.
Tout ceci n’aurait jamais eu lieu si, dès le
départ de la révolution industrielle des années 1900, les
organisations agricoles, les cadres d’agronomie et la politique d’orientation
avaient prôné le développement d’une agriculture familiale,
biologique et environnementale.
Il n’y aurait pas eu les excédents de production
tant décriés aujourd’hui alors que les 2/3 du monde ont faim !
Dans l’optique de l’agrobiologie, une bonne partie de la production
agricole aurait été consommée sur place par la clientèle privée et
par le bétail de l’exploitation. Politique non suivie par les
dirigeants de l’époque, car cela signifiait le néant au niveau du
profit à réaliser sur le dos des «indépendants ».
La vérité sur les excédents agricoles, la
voici : une volonté politique actuelle d’importation
extra-européenne de plus de 20 millions de tonnes de produits de
substitution aux céréales européennes. Et ce n’est qu’un seul
exemple.
Vous savez maintenant qu’ils veulent en outre,
importer des millions d’étrangers à seule fin de remplir l’enveloppe
budgétaire des pensions futures, drôle de calcul qui renferme pour moi
les piments du vrai racisme ! Pourquoi donc n’avoir pas
promotionné une politique familiale ?
Ainsi, les réformateurs successifs de la P.A.C. ne visent qu’à
enrichir les partisans du gouvernement mondial qui, avec l’aide d’organismes
tels le Front Monétaire International (lisez le Fond-F.M.I.) et d’autres,
soumettent petit à petit à leur botte, le monde entier et se moquent
comme de l’an 40 de l’avenir des agriculteurs et de la santé des
consommateurs... (à suivre)
E. F.