On a coutume de dire que la dette publique de la
Belgique est une des plus élevées au monde, par habitant : plus de
10.000 milliards d’anciens francs belges. Chaque Belge – enfant,
adulte, vieillard – aurait de la sorte une dette d’environ un million
de francs, du fait de la mauvaise gestion de l’Etat. Cela frappe l’imagination.
Cela a permis de justifier des années d’austérité budgétaire.
Mais, vous êtes-vous déjà demandé qui est le
propriétaire de votre piscine communale ? De nos autoroutes, de nos
chemins de fer, de notre aéroport national. Qui est le propriétaire de
notre armée, de nos écoles, de nos musées, de nos cathédrales, et de
nos administrations ?
La réponse est simple : juridiquement, ce sont
les personnes de droit public : selon le cas, l’Etat belge, les
Communautés et Régions, les Provinces et Communes… de notre royaume.
Mais, concrètement, l’Etat est une fiction juridique, de même que
toutes les autres personnes de droit public. Tout comme les Sociétés
Anonymes (S.A.) ou même les ASBL. Qui est donc réellement propriétaire
du patrimoine public, de nos infrastructures… Etc ? La réponse est
évidente : selon le cas, ce sont les Belges, les Francophones, Les
Bruxellois ou Wallons, et les habitants des entités juridiques
concernées, exactement comme l’actionnaire d’une société
commerciale cotée en bourse. Ils ont payé leurs impôts pour les
acquérir ou les ont hérités des générations précédentes.
Le citoyen d’une commune belge est donc
copropriétaire-actionnaire de sa commune, de sa région, de sa
communauté, de l’Etat belge et même de l’Union européenne. Et
indirectement, ces dernières étant elles-mêmes copropriétaires d’intercommunales,
d’associations sans but lucratif, d’entreprises publiques, de
sociétés commerciales, de parastataux ou d’organisations
internationales, le citoyen belge en est également copropriétaire.
Et croyez-moi, la valeur du patrimoine public qui se
trouve en Belgique dépasse de loin le montant de notre dette
publique ! Les pouvoirs publics sont souvent même incapables d’évaluer
la valeur de notre patrimoine commun. Il s’agit d’un patrimoine
colossal. Même réparti entre les dix millions de Belges, cela reste
très important.
Les actionnaires des sociétés de droit commercial,
sont les copropriétaires de leur société. Il disposent d’une ou de
plusieurs part de copropriété sur le patrimoine de leur société. De ce
fait, ils disposent d’un droit de vote : ils désignent le conseil
d’administration, approuvent les comptes et se prononcent sur les
grandes orientations de leur société. Ils participent à la gestion de
leur patrimoine.
Tout comme pour une société commerciale, il est
normal que les copropriétaires des biens publics aient leur mot à dire
au sujet de la gestion de leur copropriété. Les citoyens d’un état
votent pour désigner leurs gouvernants. En tant que copropriétaires des
biens publics de leur pays, ils doivent élire leur «conseil d’administration»
et leur «management» : le parlement et le gouvernement.
Lorsqu’un étranger visite notre pays, il bénéficie
gratuitement de la plupart des infrastructures, pour lesquelles il n’a
jamais payé. C’est un avantage certain pour lui. Il n’est pas dans
les traditions de faire payer les invités, étant entendu que la
réciproque doit être vraie et que l’invité ne s’impose pas.
Lorsqu’un étranger séjourne de manière permanente
et travaille dans notre pays, il est normal qu’il paye ses
impôts : ils sont la contrepartie du fait qu’il bénéficie et
peut utiliser nos infrastructures publiques, comme les citoyens
copropriétaires. On pourrait considérer que, par ses impôts, il paye le
leasing de nos biens collectifs.
S’il veut devenir Belge, c’est à dire
copropriétaire-actionnaire de la société belge, il est logique qu’il
achète sa part de copropriété. Ou à tout le moins, qu’il travaille
et paie ses impôts suffisamment longtemps que pour devenir
copropriétaire et avoir son mot à dire : lorsque l’on a payé
suffisamment longtemps un bien en leasing, on peut en devenir
propriétaire.
Accorder la naturalisation aux étrangers, sur simple
demande, sans leur faire payer l’acquisition de leur part du patrimoine
public, c’est comme permettre à un investisseur de devenir actionnaire
d’une société commerciale sans apport financier. C’est léser les
autres copropriétaires en diminuant leur part de copropriété. C’est
leur faire un cadeau considérable. Ceci ne peut se faire sans motifs
sérieux : on ne peut l’admettre que si l’on apporte une solide
contrepartie dans un autre domaine, intellectuel, par exemple.
Dans une telle optique, il serait logique que celui qui
change de nationalité soit remboursé de la part de copropriété de la
société qu’il quitte et achète une part de la société dans laquelle
il entre. Refuser un tel mécanisme, c’est faire fi des légitimes
droits de propriété. Cela ne se fait pas, pour diverses raisons
historiques. Cela peut se comprendre entre collectivités d’un niveau de
richesse comparable. Cela se comprend moins quand un citoyen du tiers
monde devient belge : il s’enrichit à nos dépens. Il acquiert un
droit de copropriété sur notre patrimoine national et bénéficie, en
tant que tel, de tous nos services publics.
Quant à donner le droit de vote à des non-citoyens,
du seul fait qu’ils sont usagers des services publics, c’est comme
offrir le droit de vote à l’assemblée générale d’une société
commerciale à des non actionnaires du fait qu’ils sont clients. Encore
que ces clients ne payent souvent même pas ! Une telle proposition
prêterait à rire dans le domaine des affaires, ce n’est
malheureusement pas le cas en matière politique : preuve s‘il en
est que l’on a perdu le bon sens le plus élémentaire.
Certes, la comparaison entre une collectivité publique
et une société de droit commercial a ses limites. Il n’est sans doute
pas souhaitable de les confondre l’une et l’autre : leurs
finalités sont tout à fait différentes. Il n’empêche qu’aborder le
problème sous cet angle permet de prendre conscience de certains aspects
et de trouver des arguments pour limiter certaines appropriations
injustifiées de notre patrimoine collectif.
Accorder la nationalité belge à des étrangers, c’est
déposséder les Belges d’une partie de leur patrimoine: cela ne peut se
faire que si la Belgique y trouve de sérieux avantages. Quant à accorder
le droit de vote sur la base de seules conditions de résidence, c’est
une pure aberration économique et politique.
F.X.R