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POURQUOI LE PEN ? Traditionnellement
socialiste, j’ai eu du mal à croire que le Nord-Pas de Calais, si proche géographiquement
et culturellement de ma Wallonie, ai pu voter Le Pen.
J’ai eu envie de comprendre leurs motivations et je suis allée étudier
d’un peu plus près le programme proposé sur le site du front-national,
section « notre programme ». Les
télés nous rappellent que Le Pen ose déclarer que l’Holocauste était un détail
de l’histoire. Les mots de
« Résistance », « chemises brunes », « fascisme »
s’entrechoquent. Mais qu’y
a-t-il au-delà ? Quelle est cette société dans laquelle nous vivons,
nous, tout comme les Français dont 30% se seraient brusquement révélés
fascistes ? Quelques réflexions personnelles… « Travailleurs
du monde entier, unissez-vous », n’a jamais voulu dire « Travailleurs
du monde entier, venez chez nous ». Que
nous respections les différences d’accord, mais que ce soit au prix de perdre
la nôtre, est-ce normal ? On nous pousse à respecter les diverses
civilisations qui se côtoient chez nous et à rejeter la nôtre, présentée
comme source de tous les maux. Sur
une petite surface, comme l’est la Belgique, on accueille, sans discernement,
des milliers d’immigrants. Et le
mot « accueil » convient bien, puisque tant d’eux sont traités
comme des invités, même pas obligés de justifier d’un travail régulier.
Qu’on aide les défavorisés, le tiers-monde, qu’on fasse
l’impossible pour atténuer les disparités favorisés-défavorisés, OUI !
Mais en quoi changeons-nous la situation des pays du tiers-monde en déracinant
leurs ressortissants dont le nombre fait que nous nous sentons si peu chez nous
dans notre propre capitale ? Nous
sommes sursaturés, depuis des décennies, de téléfilms qui nous proposent
comme modèle de société une sous-culture américaine qui brille bien plus que
la nôtre de tous les feux du dieu dollar après lequel courent tous les Américains,
sans qu’on nous dise jamais que 90% d’entre eux ne l’atteignent jamais.
Les vrais valeurs… Mais on se fait déjà huer, rien qu’à dire ces
mots… Où sont les bons vieux classiques français (à part un De Funès et
Bourvil, de temps en temps) ? Même plus en vidéo… Dans les années 80,
lorsque j’allais encore à l’école, on nous faisait disserter sur le monde
matérialiste et l’abus de publicité. Aujourd’hui,
le remettre en question, c’est être d’extrême droite ? A
une époque où se développe la volonté de travailler de chez soi, ou beaucoup
de femmes ne travaillent à l’extérieur que parce qu’il faut bien un deuxième
salaire pour affronter les dépenses mensuelles, alors que notre nature humaine
n’a pas changé et que nous continuons à aimer nos enfants sans les vouloir
voir traîner dans la rue, le front national propose un salaire parental et une
retraite pour le parent resté au foyer. Il
offre des primes de réinsertion aux mères de famille qui veulent rejoindre le
monde du travail et une retraite à celles qui sont restées chez elles.
On lui reproche, à cause de cela, de vouloir ramener les femmes à la
cuisine. Quel avenir offrent, aux
femmes de notre pays, les étrangers à qui nous (?) voulons donner le droit de
vote et dont les femmes, cantonnées chez elles, ne peuvent même pas nous
rappeler les conditions de nos arrières-grands-mères, conditions que nous
avons soi-disant rejetées et combattues ? Combien de femmes, bloquées
dans des emplois sous-qualifiés et sous-payés (où elles sont encore et
toujours majoritaires) ne choisiraient pas cette option, puisque, si elles
s’arrangent pour rester au chômage le temps d’élever les petits derniers,
elles sont traitées de tire-au-flanc ? Au
nom du respect de l’autre, on veut nous faire oublier que les écoles les plus
à risques sont celles fréquentées par une majorité d’immigrés qui ne font
rien, eux, pour nous respecter. Que,
forcément, avoir dans une classe une moitié qui ne maîtrise pas la langue
maternelle fait diminuer le niveau. (Je
sais de quoi je parle, je suis prof dans ces écoles). Mais, surtout, nous ne
voulons pas voir, qu’à force d’avoir dilapidé, ridiculisé, déconsidéré
une culture vieille de centaines d’années, nous nous sommes affaiblis.
Nous vivons dans notre petite Europe qui fait tout ce qu’elle peut pour
gommer nos différences, notre spécificité, notre culture.
La gauche crie qu’il faut supprimer les nationalismes, sources de
guerre ? Mais lorsqu’on regarde les autres pays, les autres continents :
ils sont fiers d’être qui ils sont. Ils
sont fiers de leur héritage culturel. En
abandonnant le nôtre, qui vaut bien le leur, nous nous faisons oiseaux pour le
chat. D’ailleurs, nous avons déjà
été bouffés… Pendant
que chez nous, dans ce que nous continuons d’appeler nos démocraties, nous
voulons si bien l’ouverture vers les autres, les Américains font de la retape
à l’heure du repas pour pousser les jeunes à s’engager à l’armée, en
distribuant des tracts, en organisant des concerts, en passant des vidéos.
Cela marche si bien que les 15-16 ans viennent à l’école en
uniforme… Nous, nous supprimons le service militaire.
Nous démilitarisons. Pourquoi
pas, n’est-ce pas, les petits jeunes mentionnés ci-dessus viendront bien nous
servir de parapluie et verser leur sang… N’est-ce pas ce qu’ils font
depuis 60 ans, un peu partout dans le monde ? Pour défendre les idées de
qui ? Les intérêts de qui ? La culture de qui ? Les nôtres ? Nous
rigolons devant les célébrations d’armistice.
Nous avons supprimé celle du 8 mai, sans même avoir la décence
d’attendre que nos pères, qui y étaient et qui y ont sué (pour ne pas dire
plus) aient fermé les yeux pour ne pas voir ça.
D’ailleurs, on les a assez culpabilisés pour qu’ils n’aient plus
envie de réagir. On multiplie les
cérémonies de pardon, pendant qu’en même temps, on nous enseignait de moins
en moins bien l’Histoire. Pourtant,
ne faut-il pas savoir ce qu’on pardonne pour que ce mot ait un sens ?
Nous ne voulons retenir de la seconde guerre mondiale que l’Holocauste.
En tout cas, ce n’est plus que de ça que l’on parle.
Et nos Pères, qui n’étaient pas juifs ? Ne valent-ils même pas
l’ombre d’un souvenir ? Alors
quoi ? Aujourd’hui, aimer son pays, vouloir garder le maintien de sa
civilisation et de son libre-arbitre, se revendiquer d’une culture, d’une
langue, c’est devoir se reconnaître d’extrême droite ? L’actuel débat
de savoir « comment faire barrage à Le Pen » n’est pas fort démocratique :
la vraie question serait de remettre en question nos gouvernements qui ne répondent
pas à l’attente d’une majorité trop souvent silencieuse.
Et cette question, il y a tout à parier qu’une fois Chirac ré-élu,
on n’en parlera plus. En ce qui concerne Le Pen, on focalise sur le personnage
sans regarder le parti. La
mondialisation, les OGM, l'éducation, la justice, les transports, les clones
humains, il en parle. Et beaucoup
serait peut-être interpellés s’ils prenaient la peine d’aller lire ce que
son parti en dit. Je
n’ai pas honte des Français. Ils
ont choisi ce dimanche le seul moyen à leur disposition de dire non à la
dictature qu’on nous impose. Car,
priver un peuple de sa culture et de son droit de disposer de lui-même, c’est
une dictature qui, chez nous, n’a même pas la franchise de dire son nom.
Le pire, ce n’est pas qu’un Le Pen soit ainsi plébiscité.
C’est que la gauche se soit ainsi laissé aveugler et engluer et ne
nous propose rien qui nous défende sans nous faire basculer dans l’extrémisme.
Les Français l’ont compris. M.S.
(Bastion n°61 de Mai 2002) |