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Le billet d'humeur de Charles Magne Milosevic vainqueur moral de son procès ? Le procès de Slobodan Milosevic devant le Tribunal International pour l’ex-Yougoslavie (TPIY) serait-il en train de mal tourner pour les islamophiles ? Au regard de ses derniers développement, on peut se le demander. Selon le quotidien de Genève, Le Temps, la pugnacité de la défense de l’ancien maître de Belgrade impressionne fortement l'opinion publique Serbe : « Peu de gens voulaient croire aux poncifs de la propagande lorsque Milosevic était encore au pouvoir, (…) Maintenant que ces mêmes arguments sont avancés devant le tribunal de La Haye, ils acquièrent un tout autre relief. » En clair, le simulacre de justice de La Haye se retourne contre ses organisateurs. Il faut dire que Milosevic[1] joue sur du velours. Les circonstances politiques qui l’ont amené devant le TPYI plaident en sa faveur. Pour bien les comprendre, il convient de les rappeler. Sous les administrations de Bush Senior et de Clinton, les Etats-Unis soutiennent l’expansion de l’islam en Europe dans le but de l’affaiblir et dans celui de donner des gages aux pays musulmans producteurs de pétrole[2]. Après l’effondrement de l’empire soviétique, en août 1991, les Balkans perdent leur fonction de zone tampon entre l’Est et l’Ouest. Sans protecteur, la Yougoslavie devient une proie facile. Patiemment, les Etats-Unis vont entreprendre son démantèlement systématique. Dès le mois de septembre 1991, ils encouragent les tendances sécessionnistes en Bosnie tout en acculant les Serbes à la réaction militaire. Dès que la guerre civile éclate, (avril 1992) les médias occidentaux s’emploient à diaboliser les Serbes. Dans un manichéisme caricatural, téléguidé par des officines spécialisées créées par la Maison Blanche, on leur impute tous les méfaits du conflit. Dans la réalité, des exactions sont commises de part et d’autre. D’ailleurs, sur le terrain la confusion est totale. Dans un premier temps (1992-1993), les Serbes affrontent les Croates alliés aux musulmans. Puis, les Croates se retournent contre leurs alliés musulmans et s’allient de fait aux Serbes (hiver 1993)[3]. Chacun essaye de tirer profit de la situation pour tenter de créer le plus grand territoire viable[4]. Malgré l’ambiguïté de la situation. Les critiques se focalisent sur le leader des Serbes de Bosnie : Radovan Karadzic[5]. La propagande médiatique aidant, l’ONU concentre ses sanctions sur Belgrade et Pale[6]. Au fur et à mesure que le temps passe, les Serbes, isolés, s’affaiblissent. Début 1994, les Américains jugent le moment venu de passer à la phase suivante de leur plan. Ils exercent, alors, de fortes pressions sur les Croates et les musulmans pour qu’ils renouent leur alliance. Celle-ci se reforme en mars. Face à la seconde coalition Croato-musulmane, les Serbes perdent progressivement du terrain. A partir du printemps 1995, les Croates intensifient leur pression militaire. Forts de leurs succès, ils procèdent au nettoyage ethnique de la Slavonie et en chassent tous les Serbes - pourtant installés dans cette région depuis le haut moyen-âge. En août, ils réitèrent l’opération en expulsant les 200.000 Serbes de Krajina. Curieusement, les médias occidentaux resteront très discrets sur ces méfaits, bien réels, accomplis sous la tutelle protectrice des Américains. A la fin de 1995, Slobodan Milosevic (qui s’est désolidarisé de Karadzic) est mandaté par les Serbes pour négocier la paix. A l’instigation de Clinton, elle sera conclue à Dayton (Ohio) en novembre 1995. A cette date, Milosevic redevient persona grata[7]. Les chefs d’Etat et les chancelleries saluent en lui un homme d’Etat responsable, artisan de la paix, etc… Milosevic ne sait pas encore que, dans le cycle bien rodé de la déstabilisation-provocation-diabolisation-intervention, il va succéder à son ancien compagnon Karadzic. A peine la paix conclue, l’administration Clinton se prépare à créer un second Etat musulman en Europe, au Kosovo. La CIA entre dans la danse et commence à « travailler » les séparatistes albanophones de l’UçK. A cette date, les Etats-Unis sont encore très proches des réseaux de Ben Laden installés en Bosnie. Ces derniers sont mobilisés pour donner un corpus religieux aux revendications irrédentistes des Kosovars[8]. Toutefois, le Kosovo requiert un travail de sape particulier. Le territoire relève clairement de la souveraineté serbe. Il faut presque trois ans (1996-1998) pour préparer l’opinion publique mondiale à l’intervention de l’OTAN. Progressivement, la presse internationale commence – selon la bonne vielle recette - à dénoncer en Milosevic un dictateur sanguinaire[9]. Puis, elle l’assimile à l’inévitable figure-repoussoir d’Adolf Hitler. Durant cette période, les tensions entre Serbes et Kosovars musulmans s’exacerbent. Face à la multiplication des attentats de l’UçK, courant 1998, Milosevic décide de riposter par la manière forte. Il tombe, ainsi, dans le piège savamment tendu par les Américains. A partir d’août 1998, l’OTAN multiplie ses ultimatums aux Serbes. Percevant le danger, ceux-ci acceptent de faire des concessions et se rendent à Rambouillet avec un plan accordant une plus large autonomie aux Albanais du Kosovo. Les Alliés prétextant ne pas avoir eu connaissance du texte du compromis feront capoter la conférence tout en attribuant la responsabilité de son échec aux Serbes. A partir de là, tout va s’accélérer. En dehors de toute légalité internationale, l’OTAN lance ses offensives aériennes contre la Serbie[10]. Faute de prétexte juridique crédible, on évoque un pseudo droit d’ingérence humanitaire[11]. La propagande bat son plein. On accuse les Serbes de vouloir former au Kosovo une région « ethniquement pure »[12] et de se livrer à la déportation de plus de 900.000 Albanais. Les journalistes occidentaux se massent, alors, sur les frontières pour filmer le million de réfugiés annoncé… en vain[13]. Une rumeur folle court alors. Si les réfugiés ne sont pas là, c’est qu’ils ont été massacrés : CQFD. Dans ce contexte de guerre de l’information, le TPIY (27 mai 1999) inculpe Milosevic de crime contre l’humanité - au moment même où les avions de l’OTAN s’en prennent aux populations civiles de la Serbie, détruisent son potentiel économique et déversent sur elle une pluie de projectiles à l’uranium. Après la cessation des hostilités au Kosovo, Milosevic est renversé dans des circonstances obscures[14]. En violation des règles constitutionnelles de son pays, il est extradé le 1er avril 2001 vers La Haye. Sa comparution devant le tribunal n’est pas, d’ailleurs, sans soulever de nombreuses questions de droit. En effet, le TPIY n’a pas de base juridique solide. Créé de toutes pièces par le Conseil de Sécurité de l’ONU, il n’a jamais été approuvé par l’Assemblée Générale des Nations Unies. Sa légitimité tient, principalement, dans le fait qu’il s’est autoproclamé compétent. Il est un fait que le TPIY est mieux connu pour ses partis-pris anti-Serbes que pour son sérieux procédural. Ainsi, pendant le conflit de Bosnie, il avait inculpé plusieurs militaires Serbes de crimes de guerre. Or, il s’est avéré que ces militaires n’avaient existé que dans les rumeurs colportées par la propagande américano-musulmane. Ces préjugés anti-Serbes orientent tous les débats actuels. Dès que Milosevic s’étend sur quelque vérité gênante, on lui coupe le micro. Comme dans les procès en sorcellerie, on multiplie à son égard les chefs d’accusation pour le diaboliser[15]. Tout le reste est à l’avenant. Le procureur Carla Del Ponte ne cesse de répéter que Milosevic est coupable : « Milosevic peut-être certain qu’il existe des preuves irréfutables indiquant qu’il est responsable du génocide dont il est accusé »[16]. Est-ce pour cette raison qu’elle n’hésite pas à faire comparaître, comme témoin à charge, ses anciens collaborateurs[17] ? Dans la même logique, le procureur a présenté le député musulman Mahmut Bakalli comme un des personnages clef de l’accusation. Or, lors de son contre-interrogatoire, il s’est révélé être un proche des dirigeants de l’UçK. Pareillement, pour le Directeur de théâtre Halit Barani (un autre Albanais membre fondateur de l’UçK), qui n’a pas hésité à produire un faux grossier pour soutenir ses accusations contre Milosevic[18]. Depuis l’ouverture du procès, les faux documents ont succédé aux faux témoins.
La parodie de justice n’abuse même plus la presse réputée américanophile[19].
Aussi Milosevic, est-il en passe de devenir – comme il le soutient - le
vainqueur moral de son procès. Finalement, il n’y aura de vrai, dans cette
comédie, que le verdict dont on sait qu’il est rendu d’avance.
[1]
Pour lequel l’auteur n’a aucune sympathie particulière. [2]
Un tel scénario était, également, prévu pour la Macédoine avec la création
d’une troisième enclave musulmane. Les attentats du 11 septembre ont,
provisoirement, suspendu la propagande médiatique anti-macédonienne et la
poussée des musulmans albanais dans cette région. [3]
Sans doute, à l’issue d’un incident dans lequel des moudjahidines des légions
arabes auraient assassiné des Croates au seul motif qu’ils étaient chrétiens.
[4]
C’est-à-dire monoethnique et monoculturel. A ce propos, on observera que le
pseudo-multiethnisme yougoslave n’était rendu possible que par la dictature
exercée par le régime communiste. [5]
Fondateur du parti démocratique serbe en 1990. Actuellement recherché par
les forces de l’Otan pour être traduit devant le TPYI. [6]
Capitale des Serbes de Bosnie. [7]
Contrairement à ce qu’on veut nous faire croire, aujourd’hui, dans un
exercice de style typiquement orwellien de modification du passé. Le but étant,
ici, d’attribuer également à Milosevic la responsabilité de la guerre de
Bosnie pour dissimuler les manœuvres des Alliés. [8]
Dans la perspective de réislamiser ces populations et d’accroître les
facteurs de tension avec les Serbes. [9]
Pourtant, démocratiquement élu. [10]
Le 24 mars 1999. [11]
Qui ne vaut, bien entendu, que pour les ennemis de Washington. [12]
Par contre, cet objectif a été pratiquement atteint en faveur des Albanais. [13]
Les flux de réfugiés augmenteront avec l’intensification des frappes de
l’OTAN. et n’atteindront jamais les chiffres de la propagande médiatique. [14]
Ce sont les journées de Belgrade de septembre 2000, où son concurrent
Kostunica refuse de participer au second tour. Plusieurs journaux de l’époque
avaient – notamment le Monde Diplomatique – dénoncé une manœuvre
orchestrée par la CIA. [15]
Soixante-six au total. C’est beaucoup pour un seul homme. Cette technique de
l’inflation des chefs d’inculpation est commune à l’inquisition, à la
révolution française. Elle a été reprise par Staline et ses émules
marxistes. Par définition l’ennemi, c’est le mal. Tout opposant à ses
principes est un pêcheur que l’on doit amener à la rédemption ou au bûcher.
[16]
Entretien au quotidien italien la Republica – 3 mars 2002. On notera que le
parti pris anti-Milosevic du procureur (procureuse ?) Del Ponte
s’inscrit parfaitement dans la logique des procès de l’Inquisition :
amener le pêcheur à la confession et à la rédemption. [17]
Ce qui est un crime de forfaiture. [18]
Cf. Le Monde du 1er mars 2002. Comme l’a démontré Milosevic ce document
n’a pu être rédigé que par un Albanais maîtrisant mal l’orthographe et
la grammaire serbes. [19]
Cf. Le Figaro du 12 mars 2002.
(Bastion n°60 d'Avril 2002) |