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L’Etat contre la société

Billet d'humeur de Charles Magne

 

La convergence de l’actualité politique et judiciaire en France et en Belgique confirme mon sentiment que tout est désormais mis en œuvre, dans ces deux pays, pour détruire la société civile au bénéfice de l’Etat et de sa caste dirigeante. Pour illustrer cette tendance, héritée de la pensée totalitaire marxiste, je commencerai par la déclaration, bien connue, du ci-devant Louis Michel [1]: « Le vieux fondement géo-historico-culturel de l’Europe a beaucoup perdu de sa pertinence. L’Europe est qu’on le veille ou non multiculturelle. » A l’entendre, notre ministre des affaires étranges aurait reçu le mandat de brader notre patrimoine historique. Pourtant, est-ce bien la volonté du peuple ? Louis Michel est-il qualifié pour juger de l‘impertinence de notre civilisation ? Faut-il l’écouter et aller chercher chez les peuples qui n’ont inventé ni la roue, ni l’écriture, ni même la traction animale les recettes du succès économique et de l’harmonie sociale ? Naguère, une telle déclaration aurait été considérée comme le signe patent d’un grave désordre mental. Aujourd’hui, ce genre de profession de foi ethno-masochiste est la clef du succès médiatique. Nul doute que celle de notre Sardanapale[2] national a fortement impressionné son comparse français - l’inénarrable Jacques Chirac[3]. Pour le coup, celui-ci s’est senti obligé de surenchérir dans la haine de soi : « L’islam fait désormais partie de la culture et de l’identité de la France »[4]. Ainsi, en moins d’une trentaine d’années de flux migratoires illégaux, les politiciens des deux rives de la Sambre sont parvenus à la conclusion qu’il fallait annihiler une identité vieille de trente mille ans. Leur ralliement soudain à la cause musulmane n’abuse, d’ailleurs, qu’eux-mêmes. Les Européens de souche ne sont pas dupes. Ils savent qu’il est uniquement dicté par des motifs électoraux. Nul doute que si nous avions eu affaire à une invasion d’électeurs martiens, nos deux champions du chaos ethnique auraient chanté les vertus du métissage interplanétaire. La phobie des dirigeants européens à l’égard de leurs peuples n’a rien de surprenant. En effet, l’identité est conditionnée par l’histoire : « Il n’y a pas d‘identité des individus ou des peuples sans la prise en compte de ce qui les a produits, de la source d’où ils proviennent »[5]. Or, l’histoire est un frein au pouvoir absolu. Elle indique des lignes directrices et des devoirs. C’est ce que la sagesse populaire qualifiait, autrefois, de «la volonté des ancêtres ». S’il ne tenait qu’à l’arbitraire de nos super-héros du cosmopolitisme pathologique, il y a longtemps que tous les patriotes auraient été renvoyés ad patres. Mais l’état de droit, héritage de notre sagesse millénaire[6], s’y oppose encore. Pour cette raison, nos politiciens ont décidé de pervertir l’esprit des lois en y introduisant le délit d’opinion. Le sophisme juridique employé postule que tout Belge de souche qui rejette l’immigration massive est un raciste. En conséquence, il doit être condamné - notamment à la perte de ses droits civiques. Par ce biais, la loi punit ceux qui s’offensent du viol de la loi[7]. De fait, on voit se multiplier les décisions de justice à l’encontre de Belges récalcitrants. Pour eux, pas de circonstances atténuantes. Qu’importe s’ils souffrent de voir leur quartier dégradé, leur tissu social brisé, l’insécurité gagner chaque jour du terrain. Leur réaction émotive sera jugée politiquement dans le but de combattre la bête raciste qui sommeille en eux. Parallèlement, on exonère les extra-européens de leurs crimes. On ne compte déjà plus le nombre de décisions[8] dans lesquelles des jeûûûnes délinquants ont été relâchés au motif qu’ils étaient mineurs[9] et qu’il n’y avait plus de place dans les établissements spécialisés pour les accueillir. On notera que, l’Etat agit, ici, directement contre la société en pratiquant une nouvelle forme de discrimination raciale dont l’autochtone devient la victime. Cette déréliction du droit est particulièrement inquiétante. Un arrêt récemment prononcé en France témoigne de cette tendance par laquelle la justice devient un instrument du bouleversement ethnique espéré par nos élites. Dans une affaire opposant la commune de Marseille à une famille d’immigrés en situation irrégulière (la ville refusait l’accès gratuit de leurs rejetons à la cantine scolaire), le juge administratif a tranché par cet attendu : « La nécessité de justifier la régularité du séjour des parents de nationalité étrangère pour pouvoir bénéficier d'une exonération de paiement ou d'une réduction de tarif pour la restauration d'enfants scolarisés ne résulte d'aucune loi, ne repose sur aucune nécessité d'intérêt général en rapport avec l'objet alimentaire de ce service public facultatif à caractère social (...) » Ainsi, par cette jurisprudence, les autorités qui tentent de faire respecter l’état de droit deviennent des…justiciables. Quel message donné aux multitudes du tiers-monde  ! Substantiellement, il revient à leur dire que les immigrants illégaux peuvent séjourner en toute quiétude sur le territoire européen, y bénéficier des avantages sociaux et y jouir d’un privilège de juridiction. Tôt ou tard,  il faut s’attendre à la transposition de cette avancée jurisprudentielle dans le droit belge. En contrepartie, les Français pourront bientôt s’inspirer de la formule belge du mariage pour homosexuels[10] et mettre leur PACS[11] aux orties. Cela sera possible dès que le gouvernement arc-en-ciel aura surmonté les réticences du Conseil d’Etat[12]. Mais qu’on ne s’y trompe pas, lorsque l’Etat aura « sanctifié » cette forme d’union un nouveau pas aura été franchi vers la destruction de notre société. Car, sous prétexte de liberté sexuelle, on favorisera un modèle hostile à la famille - cellule vitale de la cité. En outre, on précipitera la dénatalité. En effet, pour les démographes, il y a une corrélation étroite entre la structure légale de la famille et la fécondité. Les chiffres sont éloquents. En Europe, un couple régulièrement marié a un taux de fécondité de 1,8, un couple de concubins un taux de 1,3, et une famille monoparentale de 0, 8. Au moment où l’Etat scie la branche sur laquelle le peuple est assis et encourage la plantation d’essences tropicales, je me mets à rêver au bon vieux chêne gaulois. Qu’il nous inspire la force et la sagesse de chasser les méchants bûcherons.      

 



[1] Faite à la Libre Belgique.

[2] Dernier roi, probablement légendaire, de Ninive en Assyrie. Pour échapper aux Mèdes qui assiégeaient sa ville, il se serait jeté dans un bûcher avec tous ses trésors après avoir fait égorger ses nombreuses femmes (avis aux intéressées). Par extension, tout dirigeant fleurant mauvais la décadence et la fin de règne.

[3] On se souviendra que ces deux hérauts de la démocratie sont à l’origine des sanctions contre l’Autriche qui n’avait pas eu le bon ton de voter selon leurs désirs.

[4] Source Associated Press, dépêche du mardi 29 janvier 2002. Déclaration solennelle faite, à l’Elysée, aux représentants des musulmans en France reprise par le grand mufti de Marseille.

[5] Alain de Benoist, Comment peut-on être païen ?, Albin Michel, Paris, 1981, p. 26.

[6] L’état de droit caractérisé notamment par la notion de responsabilité individuelle. Celle-ci est la pierre angulaire de la civilisation occidentale est l’un des facteurs de son développement économique et scientifique.

[7] Rappelons ici que la plupart des immigrants extra-européens sont des illégaux.

[8] Quelquefois appelées “dysfonctionnements” de la justice.

[9] Souvent, à la veille de leur majorité.

[10] Que les choses soient claires pour les censeurs de la pensée unique : mon intention n’est  pas de condamner des comportements  individuels mais d’en estimer les conséquences pour la société.

[11] Pacte Civil de Solidarité.

[12] Dans ce cas précis, le Conseil d’Etat a joué son rôle celui de protecteur de l’état de droit..

 

(Bastion n°59 de Mars 2002)

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