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DREUX OU MITROVICA EN FRANCE En 1983, Dreux,
ville de 35.000 habitants à 80 km à l’ouest de Paris, devient le symbole de
la réaction inquiète des Français face à une immigration envahissante. Un succès électoral du FN y
mené à une coalition
FN-RPR à la direction des affaires municipales. Vingt ans après, la démographe
Michèle Tribalat est revenue sur les lieux de la première grande percée du
Front national dans un ouvrage
nourri de faits et chiffres : « Dreux,
voyage au cœur du malaise français » Michèle Tribalat. La découverte
& Syros. 1999. Comme Mitrovica, ville du
Kosovo divisée entre Serbes et Albanais, Dreux, est partagée en deux camps
ethniques, méfiants sinon hostiles. Si les troupes françaises n’y sont pas déployées,
il s’y accumule des haines
qui un jour pourraient les y amener. Au centre-ville et au Nord-ouest, les Français,
au Sud-est, Maghrébins et Turcs. Tout est allé très vite.
En 1954, 2 % d’étrangers,
mais, conséquence de l’immigration, en 1975, déjà15 %. Enfin, la fécondité
aidant, en 2000, 40% des moins de 25 ans sont d’origine étrangère et les
Français de souche redoutent d’être bientôt minoritaires. UNE DELINQUANCE MULTIPLIEE Délits et crimes sont
fortement corrélés à la croissance de la population d’origine étrangère. Fin des années 70, le taux de
délinquance global y était voisin de la moyenne française. En 90, il y était
plus du double et Dreux détient le record français des destructions et dégradations
diverses, notamment de véhicules. Les vols avec violence ont été multipliés
par 20, le risque pour un habitant d’être dévalisé a été multiplié par 6
pour sa voiture, par 7 pour son appartement. La délinquance, devenue le
principal sujet d’inquiétude, pourrit la vie quotidienne, induit un
retrait de l’espace public, un effritement du lien social et une méfiance
dans les rapports sociaux envers autochtones et jeunes immigrés. ECHEC SCOLAIRE ET CHOMAGE De milieu culturel pauvre et
peu alphabétisé, avec un vocabulaire français restreint, les enfants
d’immigrés entrent à l’école avec un lourd handicap. Peu stimulés par
des parents qui souvent confient
aux aînés le rôle d’interlocuteurs auprès des enseignants, le plus souvent
laissés à eux même, les gamins acceptent mal la discipline et accumulent les
retards scolaires. Ce qui augure mal de la suite :
un diplôme n’assure pas seulement à l’employeur la compétence du candidat
à l’emploi mais aussi la preuve qu’il a su s’imposer une discipline. Sans
certificat d’études, pour être embauché, il faut montrer qu’on peut
s’adapter, or beaucoup de jeunes d’origine maghrébine sont peu dociles et
trop agressifs. Si l’on ajoute que les entreprises recrutent généralement la
famille et les connaissances du
personnel, on ne peut pas attribuer le taux élevé de chômage des jeunes fils
d’immigrés à une discrimination ethnique élevée. En 1990, dans un quartier de
Dreux dénommé les Chamards, les résidents de moins de 25 ans sont pour les
trois quarts Maghrébins, Turcs ou Pakistanais et 59% n’ont aucun parent diplômé.
Le taux de chômage des jeunes hommes y était de 37 %, celui des jeunes femmes
de 18 %. Chiffres à comparer à la moyenne française : pour la tranche
d’âge de 20 à 29 ans, 40% des Français d’origine algérienne sont chômeurs
contre seulement 11% des Français de souche. Si la France ne choisit pas
son immigration, par nécessité économique, l’entreprise, elle,
sélectionne son personnel. Et finalement, c’est le travail qui donne
le brevet de citoyenneté : le postulant doit pouvoir s’exprimer en français,
être sociable. En ne filtrant plus les immigrations et les naturalisations,
l’Etat laisse se déplacer ses frontières à l’intérieur de ses cités. En
renonçant à sa souveraineté, il introduit des germes de conflits en son sein.
QUARTIERS SEPARES L’afflux rapide et incontrôlé
d’immigrés avait abouti à des concentrations où les immeubles se dégradaient
rapidement, la municipalité a voulu les dissoudre. Lors d’une réhabilitation
immobilière, une expérience de mixité volontaire fut tentée. Mais les
musulmans voulaient rester près de leur mosquée et les familles françaises
qui s’y étaient spécialement installées à l’invitation d’un cabinet
conseil furent rejetées ; harcelées, les 9/10 sont reparties, le dernier
dixième restant attendant l’occasion pour le faire. Des Français de souche
connaissent ainsi l’éviction ethnique dans leur propre pays. « Dans les quartiers à forte concentration « maghrébine »,
s’affirmer musulman c’est s’affirmer contre les « Français »
(ce qui fut déjà expérimenté du temps de la colonisation). A l’inverse,
toute « francisation » des
comportements peut être interprétée comme une traîtrise à son propre camp,
et cela peut aller très loin et remettre en cause tout simplement l’existence
d’un état de droit ». Les Français sont perçus comme des dégénérés
et bientôt, « (…) il n’y aura
plus de travailleurs sociaux blancs dans le quartier ». (p 71) Les Drouais estiment le
racisme antifrançais plus fort que le rejet des Arabes qu’ils légitiment par
leur fort taux de délinquance. Ainsi va l’hostilité. Symétrique et se
renforçant mutuellement. ISLAM SEGREGATIONNISTE Les fidèles se regroupent par
origine nationale, certaines mosquées sont totalement fermées voire hostiles
aux non-musulmans. Quoique peu nombreux, d’hermétiques Pakistanais venus
d’Angleterre, poussent les croyants à la ségrégation. Le mouvement
Tabligh, fondé en Inde en 1927
dans un esprit de minoritaire radicalisant,
la plupart des terroristes français y ont transité,
rencontre un succès certain. Diverses associations surfent sur le désarroi
ambiant et proposent un habit religieux à la
misère sociale et au désir de revanche social et post-colonial. Les cours de Coran et
d’arabe sont fréquentés par une large population enfantine. Cet islam
comble les défaillances éducatives des jeunes, leur fournit des normes
qui leur permet d’accepter une vie frugale dans une société qui promet
toutes les consommations. En période de ramadan, dans
les écoles, les musulmans forment une communauté à part consciente d’elle même.
La séparation des sexes se perpétue comme au bled, de plus en plus de jeunes
filles s’habillent en costume traditionnel, la ghéttoïsation et
l’islamisation raréfient les rencontres avec les jeunes Français. En France,
la proportion d’unions des jeunes d’origine algérienne âgés de 20-29 ans
avec les Français de souche décroît avec la concentration immigrée : 47
% là où elle est faible, 38% là où elle est moyenne et 14 % là où elle est
forte. Sous couvert de la société
multiculturelle, un islam communautaire règle divers aspects de la vie
quotidienne, prend en charge des jeunes pour le sport et les devoirs, maintient
la non-mixité et l’endogamie et s’impose comme interlocuteur pour les aides
sociales. QUELLES PERSPECTIVES ? Michèle Tribalat, courageuse
chercheuse, a, suivant la devise d’Albert Londres, « porté le fer dans la plaie». Dreux est bien malade d’une
immigration excessive et trop éloignée culturellement. Aux maux bien connus,
chômage, délinquance - combattue désormais par la vidéosurveillance-
s’ajoutent éviction ethnique des Français et islamisme. En cette mi-avril 2000, à Lille, après qu’un
jeune Algérien ait été abattu par un policier alors qu’il était en train
de voler une voiture, des émeutes ont eut lieu. Des lieux publics ont été
saccagés, des voitures et des entreprises ont été incendiées, cent salariés ont dû être mis au chômage. Un cortège de
manifestants passe devant des voitures de police, des jeunes récitent des
versets du Coran et insultent des policiers impassibles. Là, comme à Vauvert,
à Vénissieux et en cent autres quartiers, on trouve
les mêmes ingrédients qu’à Dreux. Partout en France, les mêmes
causes ont les mêmes effets. La croissance économique se ralentissant, la résorption
des poches dites sensibles par la réduction du chômage n’est plus à
l’ordre du jour. Début mars 2000, la France
comptait 2.500.000 chômeurs mais 800.000 offres d’emploi non satisfaites,
inadéquation de l’offre et de la demande mais aussi manque d’attrait
du salaire par rapport au minimum garanti. A Stains,
ville de Seine-saint-Denis, la moitié des demandeurs d’emploi inscrits ne parle pas le français !
(« Le Figaro » 25 avril
2000). Même avec une plus forte croissance, ces populations immigrées, jeunes
et toujours grossies de fallacieux
« regroupements familiaux »
venus des prolétariats extérieurs, pourraient resteront sans doute à la
marge. Mais au bout du compte, qu’adviendra-t-il ? .
(Bastion n°59 de Mars 2002) |