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TOUT VA BIEN :
La police n'a pas provoqué les casseurs...
 

 

Essayez un peu, pour voir, de vous promener dans les rues de votre quartier, cagoulé de noir, brandissant une barre de fer et jetant par-ci, par-là, quelques pavés dans les vitrines des banques ou dans les fenêtres du commissariat du coin ! La police va vous tomber dessus vite fait, vous coller au violon, vous mijoter une série de chefs d'accusation parmi lesquels, si vous avez fait ça avec un copain, histoire de mieux rire, l'association de malfaiteurs. Vous serez ensuite traîné devant le tribunal correctionnel qui vous enverra pour un certain temps à Lantin ou à Saint-Gilles, à moins qu'on ne vous juge dérangé du ciboulot et qu'on ne donne la préférence au cabanon.

C'est pourtant exactement ce qu'ont fait la centaine de crapules anarchistes (pléonasme?) qui participaient à la manifestation des anti-mondialistes à l'occasion de la conférence de Laeken, à la mi-décembre dernier. Cela n'a pas empêché le bourgmestre de Bruxelles, la bouche en cœur et l'air fort satisfait de lui-même, de proclamer que tout s'était bien déroulé. Ajoutant que les forces de l'ordre n'avaient pas sévi contre la petite minorité de trublions pour ne pas gêner tous les autres qui étaient bien tranquilles. Certes, il ne s'est pas passé les affreux excès qui ont eu lieu en de semblables occasions dans d'autres villes d'Europe et d'ailleurs. Mais permettez tout de même que je trouve cela énorme. Si je ne me trompe, la loi est la même pour tout le monde.

Un peu plus loin, on nous dit qu'on a intercepté un groupe de futurs manifestants dans une gare belge, alors qu'ils voulaient monter dans un train, sans billet bien entendu. Au lieu de les mettre à l'ombre ou, de les refouler, on a poussé la bienveillance jusqu'à les mener là où ils le désiraient, en autocar s'il vous plaît. Pour ne leur faire nulle peine même légère sans doute !

Une deuxième fois, je trouve ça énorme.

Si j'en crois les cameramen de la RTBF, on a vu des collections de drapeaux rouges avec faucilles et marteaux, des portraits de Marx, d'Engels et de Guevara, ça chantait l'Internationale à tue tête et une nénette hystérique est venue nous expliquer qu'ils manifestaient, pacifiquement bien entendu, contre le grand capital et pour le prolétariat. On se serait cru sur la place Rouge un jour de commémoration, sauf que sous Staline et ses successeurs, c'était beaucoup plus ordonné et que les casseurs se seraient retrouvés au Goulag plus vite que ça. Du paléomarxisme pur jus. Si un ancien combattant du front de l'Est se promenait avec son vieux casque et un brassard à croix gammée au bras, on lui tomberait dessus à bras raccourcis en lui rappelant les camps de concentration. Mais, la centaine de millions de morts du marxisme, ils ne comptent pas, eux ? Deux poids, deux mesures alors ? Cela aussi, c'est énorme.

Au nom d'une conception dévoyée de la liberté d'expression, on permet à des excités de troubler l'ordre public. Parce qu'on a peur de faire donner des coups de matraque, ce qui pourrait faire penser qu'on est quelque peu facho, on permet à des crapules de se livrer sans frein à des destructions de biens publics et privés. Et parce que le rouge est toujours à la mode sur les drapeaux, on autorise des illuminés à célébrer publiquement une idéologie criminelle, que les peuples qui l'ont enfantée renient actuellement avec effroi après en avoir subi l'horreur durant trois-quarts de siècle.

Aussi, j'ai compris : je vais de ce pas prendre une carte de membre du PTB. J'espère ainsi bénéficier de la considération des autorités et de l'estime des pouvoirs publics. On ne sait jamais que ça serve !      

  R.M

 

 

(Bastion n°58 de Février 2002)

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