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La destruction de nos valeurs Notre société est en crise ! Tout le monde évoque ses droits, mais oublie les devoirs. Le délinquant nest plus condamné, il est souvent même aidé, tandis que celui qui se tue au travail est surtaxé, pourchassé. Les institutions emblématiques de la société comme le mariage, larmée, la nationalité, sont démantelées, ridiculisées. Cannabis et pilule du lendemain sont quasi encouragés, alors que lon dresse des obstacles à lachat de médicaments indispensables. Les principes élémentaires du droit sont bafoués : on déroge à la loi par simple circulaire du pouvoir exécutif. Cest le monde à lenvers ! Certains évoquent, non sans pertinence, la décadence de lempire romain Les civilisations naissent, croissent, atteignent leur apogée, puis régressent et disparaissent. Elles doivent se battre pour survivre. Soit, elles se fondent sur des valeurs, une culture, un modèle de société performants, soit elles disparaissent. Des peuples créent une véritable civilisation : ils ont développé les valeurs les plus performantes et ont dominé tous leurs adversaires potentiels. Les valeurs performantes ? Il ne faut pas être grand clerc pour citer : leffort, le courage, la primauté de lintérêt collectif sur celui de lindividu, laustérité, la rigueur Etc. Ajoutons-y, cest moins évident, les valeurs qui stabilisent les relations collectives : lidentification de lindividu à sa famille, à son groupe, à son peuple et la solidarité naturelle qui en résulte, le sens de la hiérarchie, la discipline, le respect des traditions et de tout ce qui constitue le groupe, le mariage, le respect de la parole donnée, la religion... Mais ce qui, plus que tout, a fait la force de la civilisation européenne, cest la rationalité et la responsabilité individuelle. Il ny a pas de valeurs universelles. LEgypte ancienne a pratiqué le mariage incestueux, la Rome impériale pratiquait la pédophilie, la Grèce antique lhomosexualité, Carthage les sacrifices humains de ses propres enfants, matriarcat et polygamie ne sont pas des exceptions. Il nexiste pas de valeurs absolues, seulement des valeurs performantes à un moment donné, dans un contexte donné. Et ces valeurs doivent être dautant plus performantes que lenvironnement est hostile, les adversaires coriaces et la vie difficile. Les valeurs dune société se traduisent dans ses normes. Les valeurs qui ont fait la force de lEurope sont le fruit de la lutte de nos peuples pour leur survie. Cest dire quelles pèsent sur la collectivité et lindividu, quelles peuvent être lourdes à supporter. Cest dire aussi que lorsque la contrainte de survie semble disparaître, la tentation est grande de renoncer aux obligations trop contraignantes. Le respect des normes du groupe est la condition pour bénéficier de sa solidarité. Transgresser les normes en vigueur dans une collectivité ne se fait pas impunément. Les déviations bénignes entraînent la réprobation : cest un avertissement. Si lon dépasse les bornes, on est rejeté, exclu de la vie du groupe, et privé du bénéfice de sa solidarité. Cest lexclusion sociale. On utilisera rarement la contrainte physique : dans la plupart des sociétés, lexclusion sociale entraîne la mort, sauf pour les individus particulièrement forts. Il sagit de lois naturelles. Si elles ne sont pas respectées, le groupe disparaît. Dans toute société, il y a toujours des individus qui transgressent certaines règles, pour mille et une raisons. Assez pour choquer et entraîner la réprobation, mais pas jusquà être vraiment exclus de la collectivité. Ils respectent cependant lessentiel des normes du groupe : ils y sont forcés, sans quoi ils en seraient exclus. Ils restent à la limite, à la marge. Être marginal impose toujours un coût: moqueries, sarcasmes, pressions morales voire physiques, exclusion dune partie de la vie sociale, de la solidarité, exil. Il faut être fort pour se permettre dêtre marginal, le faible se doit dêtre conformiste. En fonction des circonstances, des menaces qui pèsent sur la collectivité, des dirigeants au pouvoir, de louverture ou de la force du groupe, la tolérance à légard des marginaux peut être plus ou moins grande. Une société forte, sans rivale, peut se permettre dêtre tolérante : le relâchement des contraintes ne la met pas directement en danger. Depuis mai 68, la population dEurope occidentale veut se soustraire aux contraintes. Laugmentation du niveau de vie, la sécurité sociale obligatoire et généralisée ont donné lenvie à la population déchapper aux interdits, de bénéficier de plus de liberté. La perception dune menace sest atténuée. Létat providence, par ses mesures collectivistes, ses solidarités organisées, ses aides mal conçues, ses protections obligatoires et généralisées, son clientélisme politique, a rompu, dans lesprit des masses, le lien entre les actes et leurs conséquences. Celui qui travaille se voit pénalisé par de lourdes taxes, tandis que paresseux et imprévoyants bénéficient dallocations. Le criminel est considéré comme une victime du système. Le quémandeur se voit récompensé au détriment du producteur. Ces signaux pervers, anti-éducatifs, ont généré des comportements aberrants, destructeurs, irresponsables au sein de larges couches de la population. La tolérance a amplifié ces déviances. Il ne fait plus de doute que dans les années 70, dans un contexte de guerre froide, lURSS a profité de loccasion pour tenter de déstabiliser lEurope occidentale, de saper ses valeurs morales et sa volonté de défense. Communistes et marginaux de tout bord ont été linstrument de cette entreprise de démolition. Le pouvoir culturel a largement été colonisé par la gauche, suivant une stratégie conçue par Gramsci (1). Lavènement de la télévision a facilité les choses. Le cocooning était la solution: le téléphage isolé est à la merci dun matraquage médiatique, qui suscite des émotions grégaires, suivant les principes de Pavlov. La grandeur et la force européennes ont ainsi été sapés par la culpabilisation, le masochisme ethnique et des « sentiments » mortifères générés, notamment, par les bonnes âmes du show-bizz. Une certaine église de gauche ny est pas non plus étrangère. Lécroulement des pays communistes na rien changé : livraie était semée, le ver était dans la pomme. Dautres lobbies en récoltent maintenant les bénéfices. Une Europe faible, des populations de serviles consommateurs, manipulables à volonté sont devenus des proies rêvées pour des puissances dargent. Le citoyen libre et responsable, cest-à-dire qui se situe dans le temps et lespace social, qui décide rationnellement où il veut aller et quels sont ses buts, dérange. On veut lui substituer un individualiste déstructuré, qui vit linstant présent au gré des émotions dictées par un pouvoir occulte. Pour ce faire, on a généré une culture égalitariste, où tout se vaut, où tout est bon, sauf ce qui fait obstacle à ce nivellement systématique. Une culture sans normes, car si tout se vaut, la notion de valeur disparaît. Une culture sans repères, pour empêcher le citoyen de se situer. Une culture indifférenciée, plate, monotone comme les dunes du désert, ce qui est pour le moins paradoxal, pour les apôtres du « droit à la différence ». Mais on nen est plus à une contradiction près On gomme, dès lors, tous les repères : lidentité, les normes, les limites, la morale, la responsabilité, le raisonnement critique, lhistoire... Lindividu devient un esclave inconscient et servile des émotions télécommandées par le pouvoir. Le « citoyen », doit produire et consommer, faire tourner la machine économique, sans se poser dautres questions que celles quon lui suggère On veut des esclaves qui se croient libres! Après avoir largement importé des populations extra-européennes, ce qui détruit le tissu et le consensus social, on a largement favorisé lallochtone (discriminations positives) par rapport au citoyen (solidarité négative). On a neutralisé les mécanismes naturels de défense du corps social en « luttant contre lexclusion ». Les mécanismes naturels dintégration (contrôle social, exclusion de ceux dont le comportement « dépasse les bornes ») sont inhibés: on favorise les comportements a-normaux et déviants, et on stigmatise les comportements intégrateurs, « traditionnels » ou « conservateurs ». Il est interdit dinterdire! La responsabilité individuelle cède le pas à la responsabilité collective, cest-à-dire à lirresponsabilité de fait: lindividu serait victime du système ! On détruit ainsi sciemment et méthodiquement le corps social, en sapant ses mécanismes de cohésion, ses solidarités naturelles, les valeurs et normes qui ont fondé notre civilisation, parce que lindividu ainsi isolé est vulnérable. Et donc aisément manipulable. Il ne fait guère de doute que si les Etats-Unis sont près à payer des millions de dollars pour la capture de Milosevic, ils sont parfaitement capables dacheter des dirigeants européens et les médias, pour que ceux-ci mènent la politique qui leur convienne. Et il ny a que les naïfs qui ignorent que pour les Etats-Unis, politique étrangère et intérêts économiques sont intimement liés François-Xavier Robert
(Bastion n°53 de Mai 2001) |