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Le FNB à rencontré pour vous ...

UNE INSTITUTRICE BELGE DANS LES JARDINS D'ALLAH

Voici le témoignage d'une institutrice, dans une école où il n'y a plus guère que des enfants musulmans. On a de la peine à la croire. L'hostilité, d'abord, qui vient très vite, chez des enfants très jeunes. L'impossibilité de capter l'attention de bambins turcs de trois ans, même en faisant, et c'est bien triste, littéralement, le clown! Le petit musulman est partagé entre deux mondes: celui de la maison et de la mosquée, et celui de l'école, où on lui parle un langage qui ne lui est pas vraiment familier. Pour apprendre une autre culture, il faut la respecter. L'institutrice qui parle ici, pense que les élèves rejettent totalement notre culture. Faut-il, pour apprendre la beauté saisissante d'un poème de Rimbaud, le faire réciter en "rap"?! Peut-être nos lecteurs ont-ils une autre expérience de cohabitation à l'école. Qu'ils nous écrivent. N'est-il pas temps de savoir ce qui se passe vraiment dans les "petites têtes brunes", qui ont remplacé "les chères têtes blondes" de notre enfance?

Le Bastion: Vous êtes enseignante, depuis longtemps?

Je suis institutrice depuis vingt ans, j'ai pratiquement toujours enseigné dans des écoles catholiques. Aujourd'hui, je fais encore des intérims. Ce qui est surprenant, c'est que, lorsque je suis au chômage, je suis indemnisée en fin de mois, mais lorsque je travaille, je suis payée trois mois après!

Le Bastion: Avez-vous connu, comme moi, des classes homogènes d'écoliers belges, ou européens?

Oh, oui. J'ai fait tous mes stages dans des écoles belges. La suite a été pour moi, d'autant plus choquante. Je n'étais pas du tout préparée à ce qui m'attendait, dans les écoles d'immigrés, à Bruxelles.

Le Bastion: A l'école primaire, vous ne devriez pourtant pas avoir trop de difficultés?

Ne croyez pas cela! La violence, l'agressivité, je les ai rencontrées très vite. A l'école Marcel Tricot, par exemple. Il s'agissait de petits Marocains, à 90%. Il y avait une drôle d'odeur de mazout, à l'école. On a appelé des ouvriers, on n'a rien trouvé. En fait, c'étaient des élèves de 4ème primaire, qui s'emparaient de flacons contenant des dérivés de pétrole, du matériel didactique donc, et les déversaient sur la tête des bambins de l'école maternelle!

Le Bastion: Il y a donc déjà des comportements agressifs, à cet âge là?

Racket vis-à-vis des plus petits, coups, crachats, insultes, vols, attentats à la pudeur, sont monnaie courante. Un jour, j'ai été particulièrement secouée. Je venais d'être engagée à l'école Imelda, à Anderlecht. En fait, je remplaçais une religieuse, qui avait été tuée à coups de couteau, dans le quartier, elle avait 30 francs sur elle! La directrice de l'école insistait pour que je donne un cours de religion catholique, à une classe de petits musulmans! Je pensais: donner un cours de religion catholique à des enfants qui vont déjà à la mosquée, c'est se jeter dans la fosse aux lions. Et effectivement. J'avais à peine entamé l'étude d'un texte de la Bible, j'ai été bombardée de grandes punaises, que l'on utilise sur les panneaux didactiques. J'ai été traitée de tous les noms, les enfants m'ont dit: on veut des femmes qui portent le tchador, on veut des femmes qui aillent à la mosquée. Un jour, j'ai demandé que l'on dessine un scribe, un élève m'a rétorqué que c'était interdit par sa religion (la reproduction d'un visage est en effet interdite, en islam).

Le Bastion: Avez-vous, comme femme, des difficultés particulières?

Hé bien, je n'entends pas les élèves traiter mes collègues masculins de "vieille pute"! Il faut comprendre que leur culture est tout à fait différente de la nôtre. Les enfants ont peur des hommes, c'est tout. Les hommes cognent, le cas échéant, sur leurs femmes, leurs enfants. Ce sont eux qui éduquent les garçons, dés l'âge de 6 ans. Les femmes n'ont alors plus rien à dire. Je me demande parfois pourquoi on s'obstine à engager des femmes dans de telles écoles! J'ai insensiblement changé ma façon de m'habiller. Les écoliers s'accroupissaient, pour regarder sous ma jupe! Je porte des pantalons, le plus souvent. Je dois souvent me protéger le corps, les garçons tentent des attouchements.

Le Bastion: Arrivez-vous à enseigner quelque chose, dans un tel climat?

C'est le côté le plus désespérant. J'aimerais avoir un minimum de satisfaction professionnelle. Je fais tout pour intéresser les petits. Mais, déjà, il est difficile de faire obéir de petits Turcs de 3 ans! A l'Annonciation, à Schaerbeek, j'étais animatrice à la bibliothèque, les enfants n'écoutaient rien, s'emparaient des livres, les mangeaient, littéralement! les jetaient en l'air. C'est si tentant, pourtant, de capter l'attention de bambins. J'ai vraiment tout fait, raconter des histoires drôles, me déguiser en clown, un jour nous avons dressé un théâtre de marionnettes dans la bibliothèque, j'ai raconté l'histoire d'un chat, rien à faire, une seule élève a réagi, la seule Belge de la classe!

Le Bastion: Mais enfin, un chat, c'est vraiment universel, comment expliquez-vous une telle absence de réaction?!

C'est vraiment difficile à dire. Pour ces enfants, il y a deux mondes. Le monde de la maison, de la mosquée, où on apprend le Coran, et l'arabe. C'est là qu'on apprend les choses intéressantes, disent les enfants. L'école est un autre monde. Un monde où l'on parle un langage qu'ils ne comprennent pas vraiment, et ce monde-là, ils l'agressent.

Le Bastion: C'est un peu, alors, comme si vous vous adressiez à des sourds? Les sourds aussi peuvent devenir agressifs, quand ils ne vous comprennent pas. Mais, pourtant, les petits Italiens, les petits Espagnols, ont très vite appris à l'école, en quoi est-ce différend?

Pour apprendre une autre culture, peut-être faut-il la respecter, la reconnaître, comme bonne, ou utile. Je sens que nous sommes rejetés par ces enfants, qu'en quelque sorte, dans leur esprit, nous sommes leurs inférieurs.

Le Bastion: Cela veut-il dire aussi que les parents ne vous soutiennent pas, que du contraire?

Dans certaines écoles, on a l'impression que les parents nous traitent en ennemis. Ils me parlent comme à une servante. En rue, quelquefois, un enfant me reconnaît et attire l'attention de sa mère. Mais elle m'ignore, pour elle je n'existe pas, je n'ai pas de visage.

Le Bastion: Arrivez-vous quand même à entrer en contact avec les élèves?

Oui, heureusement. Mais de façon pas très orthodoxe. La mère d'une élève avait été en Egypte; pendant 3 semaines, nous n'avons parlé que de cela. L'Egypte ne fait pas partie du programme du tout, à l'école primaire, mais au moins j'ai ainsi fait du français, de la grammaire, de l'histoire avec eux. Tant pis pour le programme. Impossible de leur apprendre un poème, ou une comptine de notre enfance. Mais essayez en "rap", plus de problème! Le texte est rythmé, saccadé, et les voilà qui tapent dans les mains! Je ne voudrais jamais placer un de mes enfants dans une école pareille, le niveau chute de façon dramatique.

Le Bastion: Vous avez eu l'occasion de travailler dans l'école coranique El Ghazali?

Oui, j'y ai été envoyée par l'ONEm. Cela a été une expérience curieuse. J'avais un peu l'impression d'être dans un livre de "Tintin au pays de l'or noir". L'école se trouve dans l'enceinte de la Grande Mosquée du Parc du Cinquantenaire. Au centre, il y a les tapis de prière. Les élèves font leurs ablutions avant de prier. Ils se purifient le visage, les aisselles, les aînes, les mains et les pieds, avec un tuyau flexible prévu dans les toilettes à cet effet. Il faut aussi se déchausser, ranger les chaussures dans les casiers. Ce n'est pas une mince affaire, avec des bambins, plusieurs fois par jour! Moi-même j'étais obligée de porter le tchador pour entrer dans la mosquée, mais je refusais de le garder en classe, ce qui m'a été reproché. Toutes les petites filles sont en tchador. C'était l'époque où un imam a été assassiné. J'ai finalement quitté l'école, je ne m'y sentais pas respectée comme enseignante, mais surtout j'avais l'impression que l'on ne m'accepterait pas tant que je ne serais pas, à mon tour, islamisée. Comme la directrice elle-même, par exemple, qui a épousé un musulman préposé au nettoyage, et s'est convertie à l'islam. C'est l'Arabie Saoudite qui contrôle la Grande Mosquée. Et croyez-moi, l'Arabie Saoudite, elle est beaucoup moins loin que nous ne le pensons tous.

 

(Bastion n°44 de juin  2000)

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