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Une bouteille à moitié vide ou à moitié pleine ?
Analyse et leçons des résultats électoraux Les dernières élections représentent à la fois un échec pour le FNB et un succès. Un échec pour beaucoup de militants et de sympathisants qui ont beaucoup travaillé et espéré quun succès retentissant récompense leurs efforts. Un échec parce quaprès la politique désastreuse du gouvernement Dehaene, le mécontentement grondait. Un échec parce que l'immigration massive et incontrôlée, les problèmes de cohabitation et le légitime désarroi des Belges face au laxisme du gouvernement et aux scandaleuses " discriminations positives ", certains attendaient un raz de marée des partis nationalistes. Un succès malgré tout, parce que nous avons un député, élu pour cinq ans, sous le sigle FNB. Un succès parce que, à part Vivant, qui a jeté, dit-on, 150 millions dans la bataille électorale, nous sommes le seul nouveau parti à obtenir un député. Lancien ministre Alain Vander Biest se présentait à la Chambre à Liège, sous son propre sigle AVDB. Il espérait faire plus que de la figuration et prendre quelques voix au PS. Optimiste, il se présentait à la Chambre et non à la Région Il na fait que 1.597 voix. Rien à côté du FNB ! Lancien bourgmestre de Bruxelles, le député Michel Demaret, pourtant extrêmement populaire, na pas été élu. Menant une liste bien charpentée, il espérait pour le moins continuer à siéger Même en voix de préférences, cette " machine électorale " na fait que les deux tiers des voix de notre présidente. Mich on tavait pourtant prévenu ! Avant toi dautres avaient tenté laventure et sétaient cassé les dents : Georges Mundeleer Le PNPB de Paul Marchal, qui pourtant na pas été boycotté par les médias, et à qui l'on promettait un tabac après le franc succès de la " marche blanche " na fait en Belgique francophone que 50% du score du FNB, et au niveau de toute la Belgique, le même score à 100 voix près que le FNB ! Notre score est à peu de choses près celui du parti communiste au niveau national. Un député comme Roland Frippiat, qui pourtant fit un travail de terrain important, publia de nombreuses annonces publicitaires, présenta des listes dans plusieurs circonscriptions na fait que 1.928 voix au niveau national, dont 118 voix de préférence à Bruxelles Annie Raspoet, qui navait dautres arguments que son physique, ne fit pour sa part que 157 voix (439 pour sa liste). Les deux tristes sires Eloy et Lemmens, présentaient une liste (Bloc Wl) visant à profiter dune confusion avec le Vlaams Blok. Il ont recueilli 681 voix de trop, dont 144 voix de préférence pour le " Président " et 39 voix pour Lemmens. Il y a tout de même une justice : la trahison ne paie pas. Les fanfarons sont-ils morts de ridicule ? Non, on raconte quils veulent remettre cela pour les communales et pirater le sigle FNB. Pour qui travaillent-ils ? Quant au Vlaams Blok, malgré une campagne barnumesque, avec la complicité de la presse francophone, et la personnalisation à outrance dun commissaire archi-connu, à Bruxelles, ils nont augmenté leur score que de 50%. Ce qui sest tout de même traduit par 4 sièges au lieu de deux. Echec tout de même : leur objectif de bloquer les institutions na pas été atteint. Et de loin : il leur aurait fallu doubler leur score pour y arriver. Et on ne leur en laissera plus loccasion. Nous passerons sous silence les résultats de la kyrielle de petites listes qui se sont contenté de faire de la figuration et daffaiblir lopposition en éparpillant les voix des mécontents. Elles ont fait le jeu des partis politiques installés Par contre, il y a un grand perdant : le FN de Daniel Féret qui passe de 11 députés à quatre, dont lui et sa jeune compagne. On ne cache même plus à quel point cest une affaire de famille De son sommet de 175.732 voix en 1994, le FN est tombé à 94.848 voix pour les élections européennes, soit une perte de 80.884 voix (plus de 46%) et même à 90.401 voix pour la Chambre ! Cest sans aucun doute la baisse la plus significative de tout le scrutin du 13 juin. Les causes de cet échec. Féret les attribue au FNB. Cest sans doute partiellement vrai, mais il na quà sen prendre à lui-même ! Le 21 Juillet 1998, MB lui a fait des offres raisonnables (cartels, partage des circonscriptions ) lors dune entrevue chez le comte Thierry de Looz-Corswarem, pour laquelle il avait exigé le plus frand secret. Il a rejeté ces propositions avec hauteur, " Je préfère couler avec le FN et navoir aucun député plutôt que de permettre au FNB dentrer dans une seule assemblée ". Dès le lendemain, il sempressait de vendre à la presse sa version très orientée de lentrevue, en trahissant la parole donnée. Devant limpossibilité de négocier quoi que ce soit avec un personnage aussi retors et peu fiable, le FNB a réitéré son offre par voie de communiqué de presse : Des listes de cartel où chacun conserverait son indépendance. Mais la déroute du FN ne peut sexpliquer par la seule concurrence du FNB. Le total des voix des deux partis natteint pas, et de loin les scores de 1994 ou de 1995. Or la progression significative du Vlaams Blok en Flandre (+120.473 voix, soit + 26%, près de deux fois plus que AGALEV, les verts flamands) démontre à suffisance le potentiel électoral des partis opposés à limmigration. La déroute électorale du FN nest due quà labsence dactivité politique de son " président à vie ". A labsence de présence (qualitative et quantitative) sur le terrain et dans les assemblées de ses représentants. A lattitude pour le moins " équivoque " de Féret qui a entraîné la défection de 6 députés régionaux sur 8 et lexclusion dun député fédéral sur deux. Sans parler des mandataires provinciaux et communaux, abandonnés à eux-mêmes. Pour démontrer que le FNB nest pas responsable de la déroute du FN, on peut invoquer les scores du FN, là où il était seul sur le terrain. Il suffit de comparer les scores de la Chambre, où le FNB était partout présent, et les scores de la Région dans les trois circonscriptions où le FNB était absent, notamment dans la Province de Luxembourg et à Dinant-Philippeville. Le FN y fait nettement moins de voix en labsence du FNB que lorsque le FNB y est présent. Dans la Province de Luxembourg, 2.197 voix à la Région (pas de liste FNB) contre 3.496 à la Chambre (sans les voix du FNB, mais contre une liste FNB). Dans la Province de Namur, le même phénomène se retrouve dans uns moindre mesure : 10.727 voix en labsence du FNB, mais 10.887 lorsque le FN affronte le FNB ! On peut donc en conclure que le FNB na pas, ou peu, pris des voix au FN. Au contraire, vu la confusion chez certains entre FN et FNB, et la position plus avantageuse sur les bulletins du FN (les gens lisent de gauche à droite), un certain nombre délecteurs ont indiscutablement voté FN croyant apporter leur voix au FNB. Ceci est confirmé par les déclaration délecteurs mal informés ou âgés. Ou encore de manière frappante à Verviers, où le FN était totalement absent sur le terrain, mais présentait quand même une liste de parachutés. Lavantage dun numéro de liste plus petit (et donc plus à gauche) est bien connu des analystes politiques. La leçon principale à en tirer est quil ne suffit pas de se contenter de profiter dun sigle " magique " que lon ressort à chaque élection pour obtenir un succès électoral durable. Lélecteur est moins bête que Féret ne le croit. On peut certes profiter de la confusion avec ce qui se passe en France pour éviter les coûts exorbitants dune campagne électorale, encore faut-il concrétiser les attentes et les espoirs de lélecteur par un travail efficace et une action politique réelle. Lélecteur a été déçu, il a eu limpression dêtre grugé. Là est le motif essentiel de léchec du FN, et la responsabilité en incombe au seul Daniel Féret qui a utilisé son " parti " comme source de revenus et davantages personnels, sans aucune action politique réelle. Lillusion ne peut durer très longtemps. La dégelée sera sans doute encore plus forte lors des prochains scrutins Mais la leçon vaut également pour le FNB. Le travail paie. Dans les circonscriptions où un travail continu, au jour le jour, a été mené, dans les conseils communaux, dans les assemblées, et sur le terrain, les résultats du FNB sont de loin supérieurs aux autres circonscriptions. Ils atteignent, voire dépassent, 50% des scores du FN. Dans dautres circonscriptions, où rien ou peu, na été fait, le FNB nobtient que des résultats du même ordre que ceux des autres petites listes. Les résultats dune simple distribution de tracts lors de la campagne peuvent être mesurés objectivement. Le FNB a fait distribuer quelque 95.000 tracts tant dans les communes de Liège que de Charleroi. Une simple distribution commerciale dun tract bon marché, pourtant perdu parmi dautres publicités, permet daugmenter considérablement le résultat électoral. La comparaison des résultats des cantons où une telle distribution a été réalisée avec les cantons environnants (où quasi rien na été fait) permet daffirmer clairement quune telle distribution a permis de tripler le nombre de voix ! (Comparaison du canton de Liège avec ceux de Saint-Nicolas, Chaudfontaine, Fléron, Aywaille, Herstal, Seraing et Visé) et dy atteindre un score de lordre de 50% des voix du FN, qui pourtant lui aussi a fait procéder à une telle distribution. Un résultat identique est constaté à Charleroi. En labsence dun tract du FN, le FNB aurait donc pu dépasser le FN. Evidemment, une telle distribution (payante) revient à environ 150.000 francs (tracts + distribution) pour une seule commune de 95.000 boîtes ! Même si une distribution par des militants est largement préférable, largent reste donc le nerf de la guerre. Il ne faudra pas loublier. Par contre les " actions radicales " préconisées par certains donneurs de leçon " nationaux-révolutionnaires " ne savèrent en réalité pas payantes. Si cette tactique fit jadis le succès dAGIR, il semble clair quelle a fait long feu. La liste REF se présentait à Liège et y a appliqué une telle tactique, jouant parfois la provocation. Elle na obtenu quun score de 221 voix à la Région et de 601 voix à la Chambre, dont 188 pour son leader Hubert Defourny. Un score inférieur à celui de listes folkloriques de circonstance qui nont eu aucune action ! Il semble donc très clair quil faut éviter les " actions " sur le terrain, dès lors quelles sont susceptibles deffrayer le bourgeois moyen. Le Belge a, au contraire, besoin dêtre rassuré, nen déplaise aux " radicaux ". On peut sinterroger longuement sur les déterminants du choix des électeurs. Il semble clair que lactualité immédiate a une influence déterminante sur lélectorat flottant. Sans la crise de la dioxine, montée en épingle, tant par la presse que par les instances européennes, Ecolo naurait certainement pas fait un tel score. A tel point que Mme Dehaene y voyait un complot et suggérait une enquête sur " la fuite ", suggérant que la source de celle-ci nétait pas neutre politiquement. Il est probable que si une émeute ethnique sétait déclenchée peu avant le 13 juin, nous aurions fait un tabac. Mais comptons sur nos autorités pour fermer les yeux sur tout ce qui pourrait déclencher un incident avec des immigrés. Surtout avant un scrutin. Le FNB, qui avait axé sa campagne sur la polarisation des votes de rejet (Ils me haïssent ), en a fait les frais. La dioxine a aiguillé en dernière minute une bonne part des mécontents vers les verts. Un hasard ? La position de la liste lors du scrutin joue naturellement un rôle (de même que la position sur la liste). Les professionnels de la politique le savent bien. La liste 1 récolte, toutes choses étant égales, plus de voix que les suivantes. Le fait que la liste 14 se trouvait à gauche de la liste 16 a certainement influencé les résultats, dautant plus quil existait une certaine confusion chez certains électeurs entre FN et FNB. On a dit que le scrutin du 13 juin dernier fut un séisme politique. Les glissements de lélectorat restent pourtant relativement faibles, surtout si lon se fonde sur les commentaires des Belges qui tous se disent dégoûtés par les politiciens mais nen continuent pas moins pour la plupart à voter pour les mêmes. Ecolo augmente son score de 3,4%, AGALEV de 2,6%, , le Vl Blok de 2,1% et Vivant atteint pour son premier scrutin 2,1%. Le CVP et le SP perdent chacun 3,1%, le PSC 1,8% et le PS 1,7%. En fait la stabilité et la constance de lélectorat belge sont surprenants. Il est connu que lon vote très souvent de la même manière au sein dune famille. Dans certaines familles, on vote socialiste ou PSC de père en fils depuis plusieurs générations. Par tradition. Par ignorance ou par conformisme ? Cest que lélecteur belge ne vote guère en fonction des idées ou des programmes. Il sait que cela na guère de sens et que, dans un système de coalition, les promesses électorales sont inapplicables. Il vote dès lors le plus souvent " utile " en fonction des personnalités ou des partis qui sont à même de le dépanner, de lui donner un coup de main ou de lui servir de " piston ". Lélecteur belge est corrompu, autant que le monde politique. Le clientélisme est, en fait, le premier déterminant électoral. Le commentaire délecteurs sérésiens devant la caméra était significatif. " On vote tous pour notre Guy (Mathot) ! On sait quil a fait des " choses ". Mais on sen fout, parce que quand on a besoin de lui, pour avoir une pension, des allocations ou régler un problème, il est toujours là " Ce nest pas pour rien que tout est politisé en Belgique. Syndicats, mutuelles, CPAS, administrations, médias Tout est fait pour amener le citoyen dans le giron des politiques, pour en faire des clients, des redevables, des dépendants. En échange de laide, de lassistance et de la sécurité que procure la disponibilité dun politicien au bras long, lui donner une voix qui " de toutes façons ne changera rien " ne semble pas cher payé. Et dans cette optique, les immigrés sont une proie de choix : ce nest pas pour rien quon veut leur donner le droit de vote, même sils refusent de devenir Belges. Outre la dioxine, le succès des Ecolos sexplique par leur surenchère démagogique, notamment en faveur des immigrés (environ 350.000 Marocains possèdent également la nationalité belge). Et dans cette optique, une part non négligeable des syndicalistes, des mutuellistes et des journalistes a joué le jeu dEcolo contre leur " maison mère ". Pour arriver à percer durablement, le FNB doit en quelque sorte prendre le même chemin. Il doit faire du clientélisme social. Il ny a pas dautre solution. Et comme les politiciens traditionnels se sont éloignés du peuple, ont institutionnalisé leur système dinterventions et sont tombés dans la facilité de la routine administrative, il y a une place à prendre. Non pas celle qui permet daccorder des passe-droits, car cela nous est impossible. Mais être proche des Belges, de leurs problèmes, les écouter, les informer et les guider dans le maquis légal et institutionnel de manière à ce quils puissent simplement obtenir ce à quoi ils ont droit. Le FNBFNB doit conquérir famille par famille, maison par maison, quartier par quartier. Cela demande plus de travail et de compétences que des " actions " et est certainement moins amusant pour des jeunes en quête de défoulement Cela éloignera aussi ceux qui visent un mandat pour arrondir leurs fins de mois R.K.(Bastion n°35 de septembre 1999) |