La Belgique des nos enfants sera-t-elle islamique ?

 

Le titre de cet article vous semble provocateur ? Chacun en jugera à sa guise après avoir lu ce qui suit.

 

Transportons-nous dans une mosquée de Molenbeek-Saint-Jean, non loin de ce "Petit Château" où aboutissent des réfugiés venus des quatre coins du monde. Sinistré par les travaux du métro, le quartier ne compte plus que des habitations à la limite de la salubrité. Malgré les efforts de l’administration communale et d’une police en tout point remarquables, les rues autour de l’église Saint-Jean-Baptiste prennent des allures de ghetto. C’est vendredi, jour de repos des musulmans, et en cette fin d’après-midi, hommes, jeunes gens et enfants se dirigent vers une des mosquées du quartier. Certains ont revêtu les habits traditionnels du Maghreb, d’autres (notamment les fidèles d’origine turque, qui ne fréquentent pas les mêmes mosquées que les Nord-africains) ont passé leur "beau costume". On est frappé par une certaine ferveur qui marque les visages : aller à la mosquée n’est pas une partie de plaisir, c’est un acte de foi.

 

En plein centre de Bruxelles, une mosquée appelle à la guerre sainte

 

Après les prières, le responsable de la mosquée harangue ses coreligionnaires : "(...) Nous sommes en terre infidèle et notre devoir sacré est de faire triompher la seule vraie foi, celle qui fut révélée par notre prophète - que Son Nom soit vénéré jusqu’à la fin des temps. Notre victoire est en marche et les musulmans seront bientôt les plus nombreux dans ce pays. Alors nous imposerons la charria (ndlr : loi islamique) et la Belgique fera partie de l’umma (ndlr : terre d’islam). La victoire est à notre portée (approbations dans l’assistance). Aujourd’hui, les Belges nous méprisent, nous critiquent, nous traitent de tous les noms, nous insultent; ils s’en repentiront éternellement dès que la Belgique sera à nous. C’est eux qui nous serviront; ceux qui ne voudront pas reconnaître la suprématie de Notre Prophète nous serviront. Préparez-vous, car la victoire est proche".

 

Ce discours est-il bêtement et lourdement agressif ? Est-ce un appel matamoresque à la djihad (guerre sainte) ? Combien de vérités sont-elles énoncées ? Ce discours se base-t-il sur des textes religieux ? Autant de questions auxquelles nous allons essayer de répondre. Pour ce qui concerne les textes du Coran, on peut en trouver de nombreux qui donnent froid dans le dos - surtout si on les extrait de leur contexte (le même exercice dans la Bible et le Nouveau Testament donnerait les mêmes résultats).

 

Dans les sourates (nous dirions : chapitres) 7 et 8 du Coran, aux versets 179 et 22 respectivement, on peut lire que les non-musulmans sont des êtres "stupides", "pires que des bêtes", et qu’en conséquence, le musulman doit les traiter "avec humiliation" (sourate 9, verset 29). En terre musulmane, désignée sous le nom d’umma, les "gens du Livre" (à savoir les juifs et les chrétiens) ont un statut de dhimmi. Le dhimmi est un indigène juif ou chrétien, soumis par la conquête arabe. Il dispose d’une protection prévue par le prophète Mahomet, la dhimma, qui selon les époques et les circonstances a été interprétée de manière plus ou moins restrictive. Héritée du Moyen Age, cette notion de dhimma a subsisté jusqu’aux premières années de notre siècle (dans certains pays seulement), mais avait disparu notamment sous l’influence des colonisateurs.

 

Mais elle fait sa réapparition dans les pays qui ont adopté un fondamentalisme religieux. Ainsi, en Iran, l’arrivée au pouvoir de l’ayatollah Khomeini a rétabli un régime sévère à l’égard des non-musulmans. Il suffit de se rappeler les féroces répressions contre la religion Ba’hai. Mais, pour des raisons économico - diplomatiques, on a souvent passé sous silence la chasse faite aux chrétiens et aux juifs. Peu après l’arrivée de Khomeini, on a fermé les écoles catholiques et protestantes. Des chrétiens ont été exécutés en raison de leur foi. Des églises ont été détruites. Celles qui ne furent qu’endommagées ne peuvent pas être restaurées sans l’autorisation des autorités musulmanes - qui tarde toujours à venir. Les bibliothèques ont été fermées. Les prêtres et les chrétiens sont perpétuellement humiliés, menacés; on leur jette des pierres dans la rue. Et, comble des combles, les victimes ne peuvent pas porter plainte, car selon la loi coranique, le témoignage d’un non-musulman contre un musulmans doit être rejeté par les tribunaux !

 

Au soudan, on crucifie les Chrétiens

 

Il faut bien se mettre en tête que dans un pays musulman fondamentaliste (tel l’Iran, l’Arabie Saoudite, le Soudan...), il n’existe pas de séparation des pouvoirs : tout, absolument tout, est réglé par le Coran, la Sunna (recueil des actes et paroles du prophète Mahomet) et les commentaires qu’en firent les savants et exégètes. Ces derniers surent, selon les besoins du moment, remarquablement adapter les saintes Ecritures en un sens "libéral" ou répressif.

 

Mais, direz-vous, cela est de l’Histoire. Cela n’est plus possible au XXIème siècle. Voire.

 

Voici le contenu d’une dépêche de l’agence France Presse, datée du 28 juillet 1994 : "Les huit membres d’une famille soudanaise, convertis au christianisme (tout musulman qui renie sa religion et adhère à une autre peut être tué par ses anciens coreligionnaires - NDRL) risquent d’être pendus et crucifiés, comme le prévoit la charria (...). La famille d’Abdallah Yousif, un paysan âgé de 65 ans, qui vit à Ruwabba, un village du diocèse d’El Obeid, était devenue chrétienne avec les autres membres de son clan dans les années soixante-dix. Le 14 juillet dernier, les membres de la famille ont été tous arrêtés, la police ayant retrouvé dans leur habitation une Bible et leurs certificats de baptême. (...) Le chef de famille, qui a été condamné à une première punition de cent coups de fouet, a été menacé avec tous les siens d’être pendu et crucifié si la famille ne renonçait pas à l’apostasie et ne revenait pas à la foi de ses ancêtres (...)".

 

C’est donc bien en 1994 que se déroulent ces faits ! On remarquera au passage que la conversion de ce clan, dans les années soixante-dix, n’a pas posé problème; le climat politique au Soudan a changé entre-temps, et la loi coranique pure et dure est de règle.

 

L'Egypte aussi, victime de l'intolérance

 

Peut-être avez-vous été frappé par le nombre d’agressions dont furent victime récemment des touristes en Egypte ? C’est mal connaître les prémices de ces affaires. Depuis 1981, et avec l’aval du président Hosni Moubarak, certaines dispositions de la loi coranique ont été rétablies. En Egypte, terre qui brasse pourtant nombre de religions, il est interdit de construire ou de rénover des églises; on ne peut même pas réparer les toilettes... Des églises, réparées sans permis, ont été purement et simplement rasées. Des enfants et des adolescents poursuivent des prêtres et leur lancent des pierres - les musulmans présents n’interviennent pas. Dans les écoles chrétiennes et coptes, un programme d’islamisation est en cours. S’il ne donne pas de résultats satisfaisants, il fait place aux menaces, au chantage ou aux conversions forcées. De telle manière que la communauté chrétienne égyptienne disparaît à petit feu.

 

Ne parlons pas de l’Arabie Saoudite, la plus extrême des monarchies fondamentalistes. Les punitions corporelles, les mutilations, les exécutions font partie du décor quotidien. Si vous ne faites que transiter par ce pays, des douaniers particulièrement tracassiers essaieront de débusquer une Bible dans vos bagages ou une petite croix pendue à votre cou. Si leurs recherches aboutissent, vous risquez de gros ennuis; cela peut aller de l’emprisonnement jusqu’à la mort, si le tribunal vous accuse de prosélytisme ! Les juifs ne sont pas tolérés dans le pays.

 

En Arabie Saoudite, des lois rascistes dignes du Nazisme

 

Et cependant, il existe une communauté chrétienne composée de serviteurs pour la plupart surexploités. Ils n’ont droit qu’au mépris et aux mauvais traitements - et comme devant les tribunaux leur témoignage ne vaut rien... La haine et le mépris du non-musulman sont constamment attisés. Voici quelques extraits des Principes édictés par l’ayatollah Komeini, dont les oeuvres sont largement diffusées en Arabie Saoudite et dans les pays musulmans (en Algérie, notamment) : "Onze choses sont impures : l’urine, l’excrément, le sperme, les ossements, le sang, le chien, le porc, l’homme et la femme non musulmans, le vin, la bière, la sueur du chameau mangeur d’ordures". "L’enfant impubère est impur si ses parents et ses aïeux ne sont pas musulmans, mais s’il y a un musulman dans son ascendance, il est pur". On a déjà entendu ces propos sur la pureté raciale, ailleurs... Quant à l’impureté des non-musulmans, on plaint les femmes de chambres qui doivent manipuler des draps où ont dormi des impurs ! A moins qu’au nom du réalisme des affaires...

 

Comme c’est toujours le cas, les fondamentalistes se méfient de l’école. Ou bien ils la prennent sous leur coupe, ou bien ils exercent un chantage qui peut aller jusqu’à l’assassinat - on le voit en ce moment en Algérie.

 

Mais cela nous concerne-t-il dans notre petite Belgique ?

 

Le témoignage suivant est éclairant. M. Luc M. habite Namur et fait partie d’une organisation caritative internationale. Un des programmes de cette organisation consistait à venir en aide à des jeunes d’origine maghrébine, désireux de poursuivre leurs études. Le choix se porta sur un adolescent habitant Koekelberg, une commune bruxelloise. Il fréquenta une école d’enseignement secondaire pendant un an, tous frais supportés par Luc M., qui n’avait qu’à se vanter des progrès accomplis par son protégé.

 

Le père de ce dernier, sans travail, passait une bonne partie de son temps dans une mosquée voisine. Après un an, il annonça au bienfaiteur que son fils serait retiré de l’école et placé dans l’enseignement technique inférieur, à l’Institut Saint-Jean-Baptiste de la Salle, à Molenbeek. Conséquence : à l’issue de ses études, le garçon pourra prétendre, au mieux, à un emploi de manoeuvre...

 

Ce revirement dans l’attitude du père a été clairement inspiré par la mosquée qui a fait pression sur toute la famille, menaçant, entre autres, de l’isoler du reste de la communauté - ce qui est très mal ressenti par des travailleurs immigrés, qui à tort ou à raison se sentent rejetés par la société belge.

 

Les efforts d'intégration sont-ils une faillite ?

 

Les efforts d’intégration sont souvent décevants. Il est malheureusement certain que les milieux islamiques les plus fondamentalistes font tout pour saboter ces efforts d’intégration. Par exemple, on a crû longtemps qu’un bon moyen d’intégration pour les jeunes Maghrébins fragilisés par la crise économique et une scolarité précaire, était le sport. Ainsi se sont constituées des équipes de football en salle. Si elles voyaient le jour à l’initiative d’un Belge, elles devenaient la proie d’islamistes fondamentalistes, qui exerçaient des pressions continuelles sur les jeunes pour les persuader d’abandonner le club.

 

La faiblesse des fondamentalistes, c’est leur attitude négative. Ils détruisent beaucoup, mais ne proposent pas grand-chose à construire. Ce qu’ils annoncent à leurs fidèles, c’est de réduire les non-musulmans belges en esclavage ou dans une situation de "dhimmitude" humiliante et revancharde. Avec eux, c’est le chaos.

 

Seule une réflexion saine et à tête reposée pourra les empêcher de réaliser leurs plans et de plonger notre pays dans le chaos.

S. BERNARD

(Bastion n°34 de mai 1999)

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