L’intelligence est-elle héréditaire ?

 

Déterminer si l’intelligence est innée ou acquise est fondamental. De la réponse à cette question découle l’importance ou non de préserver son patrimoine génétique. De la réponse, on peut également déduire s’il ;est utile ou non de dépenser des fortunes à tenter d’éduquer des individus peu doués. L’idéologie dominante défend actuellement la thèse de l’acquis et nie le rôle de l’inné, ce qui justifie les politiques actuelles en matière d’éducation.

 

Qu’est ce que l’intelligence, cette qualité tellement appréciée dans notre société ? Bien qu’il existe diverses définitions de l’intelligence et que des livres entiers aient été écrits sur le sujet, on dira que l’intelligence est la faculté de trouver des solutions non apprises à des problèmes.

 

L’hérédité a-t-elle une influence sur la capacité des animaux à trouver une solution ? La réponse semble être positive, si l’on en croit les recherches de R.C. TRYON effectuées sur des rats. Les travaux consistaient à étudier statistiquement l’influence génétique sur la capacité des rats à trouver leur chemin dans un labyrinthe. On a croisé entre eux d’une part les rats qui faisaient le moins d’erreurs et d’autre part les rats qui faisaient le plus d’erreurs. En procédant ainsi , jusqu’à la huitième génération, on a obtenu des différences de plus en plus significatives dans les résultats entre ceux qui descendaient des plus habiles à trouver leur chemin et ceux qui descendaient des moins habiles. Les rats étaient bien entendus élevés et manipulés de la même manière. Ces travaux appuient indiscutablement la thèse de l’inné : les aptitudes à résoudre des problèmes se transmettent génétiquement chez les rats. Mais en est-il de même chez les hommes ?

 

Une étude effectuée par C. BURT appuie cette thèse. Il a mesuré le niveau de corrélation statistique entre l’intelligence des parents et celle de leurs enfants. Sans que l’on puisse déduire que les enfants de parents intelligents seront eux-mêmes intelligents, un lien statistique clair (0,50) apparaît cependant : les enfants de parents intelligents ont plus de chances d’être intelligents que les enfants de parents moins intelligents. Mais ceci peut également être attribué à l’éducation, surtout si l’on épouse les thèses (fort controversées) du sociologue P. Bourdieu.

 

Plusieurs études ont porté sur l’intelligence des jumeaux. Les jumeaux monozygotes (parfaits) ont un taux de corrélation entre leurs intelligences beaucoup plus élevé (0,87) que les jumeaux dizygotes (0,53) (faux jumeaux). L’intervention de l’hérédité semble donc claire. Le taux de corrélation entre jumeaux monozygotes élevés dans des milieux différents (familles différentes) reste très élevé (0,75), alors que les enfants ont reçu une éducation différente.

 

Le taux de corrélation entre enfants d’hérédité différente élevés ensemble reste par contre beaucoup plus faible (0,23), ce qui souligne une influence relativement faible du facteur éducation.

 

On peut donc en conclure que si l’éducation et l’hérédité jouent tous deux un rôle dans la transmission de l’intelligence, l’hérédité joue clairement un rôle plus important que l’éducation.

 

N’en concluons pas que l’éducation est secondaire : elle permet au contraire de développer le potentiel d’intelligence préexistant et de transmettre le savoir sans lequel l’intelligence resterait stérile. Enfin, la personnalité joue, souvent, un rôle beaucoup plus fondamental que l’intelligence.

L’importance primordiale du facteur hérédité infirme par contre les idéologies à la mode et démontrent l’inanité des méthodes éducatives actuelles qui privilégient le nivellement par le bas et prohibent l’idée même d’élitisme. On ne s’étonnera dès lors guère que certaines recherches sur la transmission héréditaire des qualités humaines fassent l’objet d’un tabou.

R. KORTENHORST

(Bastion n°33 d'avril 1999)

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