face au problème des demandeurs d'asile
L'affaire Sémira Adamu aura permis de mesurer jusqu'à quel degré d'irréalisme peut aller l'éthique "laissez-venir-chez-nous-toute-la-misère-du-monde", c'est à dire à un niveau qui a déraillé de la rationalité elle-même. Par la même occasion, cette dramatique affaire a montré plusieurs choses très instructives. Par exemple la coalition de tous les médias de Belgique au service de cette même éthique se considérant d'évidence comme la seule pensable.
Communiant dans un sensationnalisme débridé, la presse belge tant écrite que parlée et télévisée s'étranglait d'indignation et semblait appeler à la révolution... On aurait cru que le pays était frappé d'une catastrophe nationale... Il a fallu voir pour être obligé de le croire, comment le décès de Sémira Adamu a été monté à la une de toute l'information, d'une manière comparable à celle qui avait entouré le décès du Chef de l'Etat, notre feu roi Baudouin Ier...
Cependant que, au même moment dans le monde, mouraient des milliers d'innocents dans des conditions tout aussi déplorables et souvent bien plus révoltantes parce que voulues et non accidentelles: que l'on songe aux assassinats en série quasi journaliers en Algérie, aux massacres inter-ethniques devenus endémiques en Afrique centrale et au Soudan, avec leur cortège d'atrocités subséquentes (famines, épidémies, déportations...), aux décès de milliers d'enfants privés de soins médicaux en Irak consécutivement à un embargo politiquement correct, aux dizaines de prisonniers politiques qui meurent quotidiennement, oubliés de tous, dans les geôles de nombreux pays...
Que l'on songe encore aux indigènes d'Amazonie chassés et exterminés pour s'approprier leurs territoires ancestraux, que l'on réalise enfin qu'à chaque minute dans le monde des gens parfaitement innocents sont assassinés, ou sont victimes de catastrophes (inondations, incendies...) Et l'on se rendra compte qu'objectivement, la mort accidentelle d'une seule réfugiée, quelque triste que soit toujours le décès prématuré d'un être humain innocent, compte peu dans la vie du monde et ne méritait vraiment pas un tel battage médiatique ! Une telle vision rationnelle des choses est loin de celle que nous a montré notre presse. Tous nos journalistes sont-ils devenus irrationnels
Le complexe de culpabilité
Quand on vit bien, quand on a tout ce qu'il faut, qu'il ne faut plus se battre pour survivre, et quand en même temps on sait que tout le monde n'a pas cette chance, il se produit un phénomène psychologique de "culpabilisation": on verse facilement dans une sorte de complexe de culpabilité vis à vis de ceux qui, dans la société et dans le monde, ne jouissent pas des mêmes privilèges. Ce phénomène s'observe depuis plusieurs décennies en Europe, où, significativement, il semble né dans les "golden sixties".
Il a été observé et dénoncé comme pernicieux à maintes reprises par des observateurs lucides.
C'est à ce complexe de culpabilité que ressortissent par exemple les campagnes bien connues contre la faim dans le monde, appuyées par des images "coup de poing" nous montrant des enfants décharnés, déshydratés, les yeux exorbités et entourés de nuées de mouches. D'ailleurs le tiers-mondisme comme idéologie pseudo-humaniste semble tout bonnement issu dans les sixties de ce complexe de culpabilité. Il dit en substance:"nous vivons bien, et pendant ce temps dans le monde, la majorité des humains vivent si mal, que c'en est culpabilisant: nous devons avoir honte." Faut-il dire que cette attitude est irrationnelle ?
Il semble bien falloir en effet dénoncer sans relâche le caractère purement émotionnel, et proprement irrationnel de ce complexe. Car il est clair que nul n'est responsable de la misère du monde, laquelle est naturelle et liée à la condition humaine et même animale. Il est bon de se rappeler qu'il y a quelques siècles, voire quelques décennies à peine, nos ancêtres vivaient pareillement dans des conditions sociales et sanitaires innommables; c'est progressivement et à force d'une lutte prométhéenne qu'on a réussi à s'en sortir pour aboutir à la condition satisfaisante dont nous jouissons; devrait-on s'en culpabiliser ? On peut me semble-t-il s'en féliciter sans réserve ! Pourquoi devrait-on se sentir coupable que les humains du monde entier n'aient pas la même chance ? Si vous gagnez au Lotto, allez-vous vous en culpabiliser et distribuer votre gain entre tous les joueurs qui ont perdu ? Pour vous donner bonne conscience ?
Ce n'est pas une réelle éthique, ce complexe de culpabilité qui ne traduit qu'une pure réaction émotionnelle, sans que la raison y ait la moindre place.
Les mêmes personnes qui versent dans cette attitude sont (pas toujours mais) souvent les mêmes qui vivent dans des appartements de luxe, achètent de grosses voitures, passent leurs vacances une ou deux fois par an aux antipodes, fréquentent les restaurants les plus chers etc. On peut comprendre qu'ils soient généralement les premières victimes du complexe de culpabilité sociale. Mais il faut néanmoins observer qu'ils éprouveront plus généralement ce complexe pour des humains éloignés que pour leurs propres voisins, voire des membres de leur propre famille moins chanceux... C'est ainsi que le prétendu amour du prochain n'est le plus souvent que l'amour du lointain...
Et enfin c'est ainsi que, comme l'illustre la dialectique "nord-sud", on en est arrivé à culpabiliser les pays du nord, de race blanche, par rapport aux pays du sud, et que le complexe de culpabilité sociale s'est transformé logiquement (si on peut dire...) en complexe de culpabilité raciale. Il n'est plus nécessaire, je crois, de montrer que le grief de racisme ne s'applique jamais autrement qu'aux blancs, tous coupables...
On comprend mieux combien ce phénomène psychologique, ce complexe de culpabilité a pu jouer à fond dans le décès de Sémira Adamu. Elle était de race noire et en plus, venait démunie chez nous venant d'un pays où son destin l'aurait enfermée dans une condition assurément moins enviable que la nôtre (même si on sait à présent que la rumeur qui la disait obligée d'épouser un vieillard polygame était destinée à encore mieux émouvoir...)
Irrationalité suicidaire
C'est ici qu'on va voir que les tenants de l'éthique "laissez-venir-chez-nous-toute-la-misère-du-monde", qui sont les victimes du fameux complexe de culpabilité, déraillent totalement de la rationalité. Il est bien clair -et nous ne songerions pas pas un instant à le nier- que la majeure partie de l'humanité vit dans des conditions encore moins enviables que les plus démunis de nos pays. Egarés dans la logique interne de leur "éthique" (un coeur à la place du cerveau), des gens se sont mis à induire, de la mort d'une réfugiée qui se rebellait pour la sixième fois d'être expulsée, qu'il convenait:
1) de régulariser tous les "sans-papiers", c'est à dire les immigrés clandestins et demandeurs d'asile n'ayant pas obtempéré à un ordre d'expulsion;
2) de fournir désormais asile à quiconque arriverait en Belgique (ou en Europe) et demanderait à pouvoir y rester, puisque forcément ils auraient les meilleures raisons de préférer vivre chez nous que chez eux.
Dans ces conditions, et pour devancer la situation où ces égarés entendent nous mettre, voici le plus petit des continents et déjà le plus dense en population, l'Europe, voué à abriter plusieurs centaines de millions d'êtres humains en plus !!!
Car qu'est-ce qui leur permettrait -leur "éthique" étant ce qu'elle est- à quelque moment que ce soit d'estimer que "c'est fini, on ne laisse plus entrer personne" ? Pour nous c'est déjà largement le moment maintenant.
... et notre éthique
Notre éthique est dénuée de tout complexe de culpabilité, et elle voit marcher de pair notre coeur et notre raison. Au fond de notre conscience morale, elle nous dit: ne te laisse pas dire que tu manques de bonté pour autrui du seul fait que tu penses d'abord aux tiens, à tes proches, à ton peuple, et à l'avenir de ceux-ci; si ton intérêt, l'intérêt de tes proches et de ton peuple sont en contradiction avec l'intérêt d'humains lointains, dont rien ne te rapproche si ce n'est d'appartenir à la même espèce, il est naturel, légitime et il est de ton devoir de faire prévaloir les tiens, même si tu dois faire de ton coeur une pierre vis à vis des autres.
Nous ne sommes ni anges ni bêtes; ne faisons pas l'ange, nous éviterons ainsi de faire la bête. Ce type de choix est profondément naturel. Notre éthique n'a pas la prétention d'être au-dessus des lois naturelles. On ne peut contenter tout le monde et son père.
Dans la vie quotidienne, qui donc agit autrement ? Quand vous circulez dans votre voiture, vous arrêtez-vous à chaque arrêt de bus pour inviter à y monter les inconnus qui n'ont pas de voiture ? Quand vous êtes dans votre maison en famille, ouvrez-vous toutes grandes portes et fenêtres pour y laisser entrer tous les SDF ? Au supermaché, offrez-vous de payer le contenu de leur caddie à ces gens que vous devinez moins riches que vous ? Il en va de même pour la misère du monde qui se presse aux portes des pays riches dans le but d'y pénétrer: il faut fermer les portes... Il y va de la survie de NOTRE peuple. Toute autre façon de voir relève d'une fausse éthique, mortifère, suicidaire, inspirée d'un complexe de culpabilité irrationnel, ou relevant d'une perversion de l'idéal chrétien.
J'irai jusqu'à affirmer que ceux qui favoriseront la pénétration chez nous d'immigrés clandestins devront être considérés comme traîtres et criminels: car il faut savoir que nombre de ces malheureux sont atteints de maladies contagieuses susceptibles de nous contaminer (tuberculose, SIDA); quant à les soigner à nos frais, je vous laisse imaginer ce que représenterait comme privations pour nos compatriotes démunis le coût du traitement des maladies de tous les réfugiés du monde... Toute autre approche de la problématique de l'afflux des réfugiés vers les "pays riches" -qui deviendra de plus en plus cruciale dans les années à venir- serait hypocrite et dilatoire.
La seule réponse réaliste au problème se trouve dans cette option éthique nationaliste. Et il est urgent de la propager, sans complexe et sans détours.
I. L. (Bastion n°28 de novembre 1998)