A propos de l’inégalité des hommes, des peuples et des races…

 

" Les hommes naissent libres et égaux en droits… " Aucun texte juridique ne proclame l’égalité absolue des êtres humains, pour la simple raison qu’il s’agirait d’une aberration. La Constitution belge se contente de proclamer (article 10) que " les Belges sont égaux devant la loi… sauf les exceptions qui peuvent être établies par une loi pour des cas particuliers ". L’article 11 instaure, quant à lui, le principe de non discrimination. Ce " principe " souffre de nombreuses exceptions, tout-à-fait légales, pour autant que la discrimination ne soit pas " disproportionnée " avec le but visé en vertu d’autres " principes ". On voit donc que même l’égalité devant la loi est très relative… ce que l’expérience confirme : qui nierait qu’un ministre soit légalement sur le même pied qu’un allocataire social ? D’où vient donc ce mythe de l’égalité de tous les hommes, et donc des peuples et des races ? Mythe véhiculé quotidiennement par nos médias et bien ancré dans certains esprits.

 

Une pomme peut être égale à une poire, par exemple en poids, en prix ou en valeur nutritive… mais pas en tout. Si une pomme égalait une poire dans tous les domaines, elles seraient identiques, et il n’y aurait plus de raison de distinguer les pommes des poires. Une pomme n’est donc jamais identique à une poire, et si elles peuvent être égales, ce n’est que sur base d’un critère, ou très rarement de plusieurs critères. On ne peut donc jamais dire qu’une pomme égale une poire, sans choisir (ou sous entendre) un critère.

 

Un être humain peut être égal à un autre être humain, sur la base d’un critère déterminé. Jamais dans l’absolu, même des jumeaux parfaits ne sont pas égaux dans tous les domaines. Si les hommes étaient égaux, on aurait affaire à des clones, ce qui ferait horreur aux défenseurs du principe de l’égalité… Contradiction…

 

Dire que des hommes sont inégaux ne signifie pas qu’un homme vaille plus qu’un autre. Dire que A " vaut " plus que B, signifie que l’on a choisi un critère, en principe le prix. " Cette poire vaut plus que cette pomme " signifie que son prix est supérieur, mais pas forcément que son poids, son volume ou le plaisir de la manger soient supérieurs.

 

" Jean est plus grand que Pierre " signifie qu’ils ne sont pas égaux en taille. Cela n’implique même pas que Jean soit " supérieur " à Pierre en ce qui concerne la taille, car il s’agit peut être d’attribuer un costume de petite taille.

 

L’inégalité des hommes fait la richesse de l’humanité. Si les êtres humains étaient identiques, il y a fort à parier qu’il n’y aurait plus d’ " Humanité ". La diversité des hommes est non seulement une richesse mais une nécessité pour assurer une société capable de s’adapter et où règne la division du travail. La combinaison de gènes différents lors de la reproduction assure un perpétuel renouvellement de l’humanité et, par élimination naturelle des mauvaises combinaisons, une adaptation perpétuelle au milieu et une saine évolution.

 

La hiérarchisation des hommes est un problème intellectuellement insoluble. Les mathématiciens connaissent bien les problèmes posés par le classement en fonction de plusieurs critères. Lorsqu’il y a une infinité de critères, et que le choix même de ces critères pose problème (enjeu politique), cela devient totalement insoluble. C’est pourquoi les juristes se sont contentés de proclamer l’égalité en droit : l’égalité devant la loi est la condition indispensable pour avoir un état de droit, et une société efficace. Il ne peut y avoir de relations humaines constructives sans sécurité juridique, sous le règne de l’arbitraire. Mais l’inégalité fondamentale des hommes est admise et institutionnalisée par la création de catégories abstraites, instruments de prédilection du droit.

 

Ce qui est vrai en matière d’égalité des hommes est encore plus vrai en ce qui concerne les peuples et les races. Ils sont fondamentalement différents et donc inégaux. C’est une richesse pour l’humanité, car ils constituent le résultat d’une histoire et d’une évolution propre. Et qui peut dire qu’un peuple ou une race soit supérieur à un(e) autre ? Qui oserait jurer que les peuples européens survivront à aux peuples du tiers monde ? Le principe de l’inégalité stimule la compétition, la rivalité, qui pour autant qu’elles soient canalisées, sont le meilleur moteur de l’action et du dépassement de soi.

 

Comme il y a des hommes dominants (qui ont " réussi "), il y des peuples et des races dominants. Mais cela est le fruit de circonstances tout autant que du " mérite " des intéressés. D’aucuns se servent de cet état de fait pour tenter de prouver une prétendue " suprématie " sur les dominés : cela est bien présomptueux. Une situation apparemment acquise peut s’inverser rapidement, notamment pour ceux qui se reposent sur leur suffisance : " la roche tarpéienne est proche du capitole… " et l’on peut tomber de haut.

 

Il est amusant de relever l’incohérence de ceux qui défendent " le droit à la différence " tout en proclamant " le dogme de l’égalité " des hommes. Ce dernier relève-t-il de la bêtise ou de l’incompréhension des pseudo-intellectuels de la gauche-caviar ? Sans doute, mais il a en " démocratie " une fonction sociale d’asservissement incontestable.

 

Personne n’ignore le dicton selon lequel " les hommes sont tous égaux, mais il y en a de plus égaux que d’autres ". Aucun " dominant " sérieux ne croit au mythe de l’égalité qu’il proclame pourtant quotidiennement. Le mythe égalitaire a pour fonction d’atténuer les tensions sociales en anesthésiant les " dominés ". " L’égalité " est jetée en pâture à ceux qui sont au bas de l’échelle sociale comme un lot de consolation pour les calmer et ainsi mieux les dominer. Pourquoi revendiquer puisque nous sommes tous égaux ? Pourquoi lutter pour son émancipation, puisque tout le monde est au même niveau. Et pourquoi le peuple lutterait-il pour faire changer les choses puisque en " démocratie ", c’est lui qui gouverne… Croire à ces mythes permet de rêver…

 

Les " dominants " (hommes, peuples, races) proclament le mythe de l’égalité, mais pratiquent l’inégalité dans tous leurs rapports sociaux ou économiques. Ce double langage est enseigné dès l’enfance aux " élites ", mais pas au peuple. Le statut de " dominant " se justifie, quant à lui, par le " droit à la différence " (sociale et économique, cela s’entend).

 

Proclamer l’inégalité fondamentale des hommes et des peuples est interdit, non pas parce que c’est moralement répréhensible ou contraire à la réalité, mais parce que cela met en danger l’ordre établi par ceux qui se sont approprié le pouvoir. Parce que cela leur enlève leur principal instrument idéologique de domination. Parce que cela pousse le peuple à se demander " pourquoi ", et se poser cette question mène inévitablement à vouloir changer les choses.

 

R. KORTENHORST

(Bastion n°26 de septembre 1998)

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